© iStock

L’Ouzbékistan, foyer de l’islamisme radical en Asie centrale

Le Vif

L’Ouzbékistan, d’où est originaire l’homme placé en garde à vue après l’attentat au camion bélier de Stockholm, a vu émerger dès les années 1990 un mouvement islamiste radical qui s’étend aujourd’hui, des Ouzbeks ayant été impliqués dans plusieurs attentats à travers le globe.

Selon les autorités suédoises, le principal suspect de l’attentat qui a fait quatre morts dans le centre-ville de Stockholm vendredi est un Ouzbek de 39 ans, déjà connu des services de renseignement.

Ex-république soviétique, laïque et à majorité musulmane, l’Ouzbékistan a été dirigé d’une main de fer par l’autoritaire Islam Karimov de 1989 à sa mort, en septembre dernier. C’est son ancien Premier ministre, Chavkat Mirzioïev, qui a pris les rênes du pays sans grande rupture avec son prédécesseur.

L’Ouzbékistan a vu naître un mouvement islamique radical dès 1991, l’année de l’indépendance du pays.

Le Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO) apparaît dans une vallée peuplée de 12 millions d’habitants, la vallée de la Ferghana, située dans l’est du pays mais englobant également une partie des territoires kirghiz et tadjik.

De 1992 à 1997, le MIO sera accusé d’être à l’origine d’une série de meurtres perpétrés dans la vallée de la Ferghana. L’organisation tentera d’y introduire la loi islamique et lancera même une offensive en 2000 dans le sud de l’Ouzbékistan.

Sévèrement réprimé à partir de 1998 par Islam Karimov, le MIO rejoint les talibans en Afghanistan, avant de prêter allégeance au groupe Etat islamique (EI) en 2015. Plusieurs cadres du MIO ont également occupé des postes à responsabilité au sein d’al-Qaïda.

Combattants à l’étranger

Le Mouvement islamique d’Ouzbékistan a pris part à la sanglante attaque contre l’aéroport pakistanais de Karachi, qui a fait 37 morts en juin 2014.

Les islamistes ouzbeks ont surtout fait parler d’eux à l’étranger. Comme les autres pays d’Asie centrale – Kirghizstan, Tadjikistan, Turkménistan et Kazakhstan -, les sombres perspectives économiques et la corruption ont poussé beaucoup de jeunes hommes à l’exil, principalement en Russie.

Parmi eux, certains ont été tentés de rejoindre des groupes radicaux. Selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG), de 2.000 à 4.000 ressortissants d’Asie centrale ont ainsi rejoint l’organisation Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie.

Et les citoyens ouzbeks, ou les Ouzbeks ethniques vivant dans les pays voisins, ont formé le plus gros contingent, assure l’ICG. L’Ouzbékistan n’a jamais publié de chiffres sur ses ressortissants ayant rejoint l’EI.

Plusieurs d’entre eux se sont fait connaître au cours des derniers mois. Abdulkadir Masharipov, l’auteur présumé de l’attentat revendiqué par l’EI contre une boîte de nuit d’Istanbul ayant fait 39 morts la nuit de la Saint-Sylvestre, est ainsi de nationalité Ouzbèke.

S’il est né au Kirghizstan et possédait la nationalité russe, Akbarjon Djalilov, l’auteur présumé de l’attentat dans le métro de Saint-Pétersbourg qui a fait 14 morts lundi, était pour sa part ethniquement ouzbek.

Si les motifs d’Akbarjon Djalilov demeurent obscurs, la police russe a indiqué suivre la piste de l’EI, qui n’a pas revendiqué cette attaque.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire