Olivia Lua © Instagram oliviaxlua

L’infinie solitude des actrices porno

Muriel Lefevre

Cinq actrices porno sont mortes en dix semaines. Leur décès met en lumière un envers du décor où règnent la dépression et la drogue. Car si on a jamais regardé autant de porno qu’aujourd’hui, ces actrices restent des parias.

Olivia Lua, Olivia Nova, Yuri Luv, August Ames en Shyla Stylez : cinq actrices porno qui sont passées de vie à trépas en moins trois mois. Dans l’industrie on parle d’un malencontreux hasard. Peut-être, mais les histoires derrière ces drames n’en sont pas moins moches et tristes.

Deux d’entre elles, Luv et Lua, sont mortes d’une overdose. L’une d’elles ne serait pas un accident. Luv a écrit sur Twitter quelques semaines avant de mourir « qu’elle avait besoin d’un câlin ». Triste aveu d’une fille qui se sentait infiniment seule.

Ames, elle, s’est pendue après avoir été noyée sous le flot d’insultes sur internet. Ce tsunami de haine virtuelle s’est déferlé après qu’elle ait déclaré qu’elle ne voulait plus tourner de film avec des acteurs qui jouaient aussi dans des films gay.

Nova n’avait que 23 ans. Les médecins lui avaient dit que si elle ne voulait pas mourir, elle ferait mieux d’arrêter de boire. Elle se sèvre, mais meurt peu de temps après d’une septicémie provoquée par une grave infection au rein et aux voies urinaires.

Stylez est, quant à elle, morte dans son sommeil dans des circonstances encore non élucidées. Elle venait de partir à la pension. Elle avait 35 ans.

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Misère humaine et gros business

L’accessibilité au porno est aujourd’hui presque totale. « Le porno se trouvait dans les cinémas pendant les années 1970, à la maison dans les années 1980 avec la VHS et les sex-shops, fin 90-début 2000, sur l’ordinateur du salon avant l’ordinateur portable dans la chambre, et enfin le smartphone depuis les années 2010 », précise Stephen des Aulnois, rédacteur en chef d’un site dédié à la culture porno, au Monde.

Quelques clics suffisent en effet pour avoir accès à des « tubes », des sites gratuits de streaming de vidéos pornographiques. Cette « nouveauté » a tout bouleversé et modifié les habitudes des consommateurs. Au point que le porno est banalisé, même chez les jeunes. Il est aussi de plus en plus trash suite à une course au clic qui balaye toute trace d’autocensure ou de sens éthique chez les directeurs de ces sites.

Grégory Dorcel, PDG et fils du fondateur de la marque, dit que cette évolution risque de mettre en péril tout le secteur. « À force de mettre en ligne n’importe quelle vidéo, n’importe comment et que n’importe qui puisse y accéder, les sites non légaux font le jeu des abolitionnistes du porno », dit-il encore dans le Monde.

Un secteur pourtant juteux. L’industrie du porno américain rapporte 13 milliards de dollars par an. À titre de comparaison, l’industrie plus classique d’Hollywood rapporte, elle, 38 milliards. Le monde du porno milite pour montrer que si le contenu est ce qu’il est, la branche se veut très professionnelle. Selon Derek Hay, directeur de LA Direct Models, spécialisée dans les actrices pornos et qui représentait deux des actrices décédées, « l’idée que ce sont des filles qui sont pauvres ou qui ont été abusées est dépassée. Ce n’est plus le cas. Dans certains États comme Californie, le Nevada ou la Floride, ce n’est plus tabou de dire qu’on est une actrice porno. »

« C’est du grand n’importe quoi », selon plusieurs témoignages d’actrices du genre repris par De Standaard. Encore trop souvent stigmatisée, il faut être très solide pour être une actrice porno et survivre à une telle carrière. Or ce milieu attire surtout des personnes qui ne le sont pas. Un choix de carrière d’autant moins aisé que, si tenir psychologiquement n’est déjà pas simple, se reconvertir l’est encore moins.

Un passage par le porno ferme de nombreuses portes

Après avoir travaillé 8 ans dans le porno, Hay arrête et se lance dans les études de droit. Elle souhaite devenir avocate. Problème, une fois son diplôme en poche, on lui refuse l’accès au barreau suite à une clause de moralité. Elle va encore passer un diplôme en psychologie avant de retourner vers le porno. « En ce moment, j’essaye de construire une marque autour de mon non, car j’ai une fille à nourrir », dit-elle encore dans De Standaard.

Une carrière équivalente à une carrière sportive est pourtant possible dans le milieu grâce à la tendance « milf » qui permet aux femmes de travailler jusqu’à 35 ans. De quoi assurer ses arrières si celle-ci est florissante. C’est cependant de moins en moins le cas puisque le salaire des acteurs est en chute libre depuis les années 2000. Il aurait diminué de moitié en près de 15 ans. Aujourd’hui, une actrice porno gagne en moyenne 50.000 dollars par an. On estime, toujours en moyenne, qu’une scène avec un homme rapporte 1000 dollars et une scène lesbienne entre 700 et 800 dollars. Il existe des primes pour les scènes anales ou encore, de façon douteuse, pour les scènes interraciales.

L’acteur Rico Simmons, acteur X depuis une dizaine d’années, remarque lui aussi cette perte de revenus : « Des contenus volés sont disponibles gratuitement, ce qui déprécie notre travail et crée une paupérisation des artistes ». Cette perte de revenu fait que même des « stars » du porno acceptent des scènes plus violentes qui étaient auparavant réservées à une partie plus marginale de l’industrie.

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