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L’hôpital de pointe de Kinshasa

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

En janvier prochain, une unité de chirurgie pédiatrique est inaugurée dans la capitale congolaise. L’idée datait de 2002. Un pari audacieux lancé par la Chaîne de l’espoir. Récit d’un miracle.

On se croirait dans une clinique belge ultramoderne : 800 mètres carrés, deux salles d’opération, une salle de réanimation de cinq lits. Pour réparer les coeurs malades d’enfants congolais, l’association La Chaîne de l’espoir s’était lancé un défi en 2002 : plutôt que de faire venir ces petits patients en Belgique, pourquoi ne pas les opérer sur place ? Dans un Congo vacillant, où 80 000 enfants naissent avec des malformations congénitales (dont un tiers de cardiopathies), où les infrastructures médicales sont dégradées, où manquent spécialistes, lits et médicaments, le pari avait peu de chance d’aboutir. Le résultat relève presque du miracle, puisque s’érige aujourd’hui à Kinshasa un pavillon flambant neuf au sein de la clinique Ngaliema, hôpital public où le personnel médical pratiquera dès janvier des actes chirurgicaux de haut niveau et inédits dans le pays.

L’aventure démarre lorsque des chirurgiens pédiatres congolais, qui ont fait leur clinicat en Belgique, décrivent leurs frustrations à leurs ex-collègues belges : au pays, ils fonctionnent sans moyens techniques, posent des diagnostics sans pouvoir intervenir et craignent, faute de pratique, de perdre leur savoir-faire et leurs compétences. Les Belges répondent présents tout de suite. En s’engageant au côté de La Chaîne de l’espoir : l’association, connue pour son expertise médicale, envoie, tout au long de l’année, des spécialistes belges bénévoles (chirurgiens, pédiatres, anesthésistes, infirmières, biologistes…) pour des missions courtes au cours desquelles ils opèrent des dizaines d’enfants malades, ou les amène temporairement en Belgique. « Mais on savait qu’il ne serait jamais possible de fonctionner de cette façon limitée et ponctuelle, raconte Anita Clément de Cléty, directrice de l’ONG. On a donc très vite cherché une stratégie locale qui aille au-delà de l’urgence et vise le long terme. Dans l’idéal, c’était bâtir et transférer un savoir médical. »

Restait à trouver les fonds pour construire cette unité et l’équiper du meilleur matériel médico-chirurgical. Il a surtout fallu convaincre l’Etat congolais. Longtemps, très longtemps (presque dix ans). Il se joint finalement au projet et prend en charge deux tiers du coût total du projet global. Le solde est assumé par La Chaîne de l’espoir, qui est parvenue à récolter principalement auprès des entreprises du secteur privé.

Treize ans plus tard, l’association veut faire de la nouvelle structure médicale son modèle. « Notre projet se double d’un programme de formation de médecins locaux et que nous finançons entièrement », poursuit Anita Clément de Cléty. Ainsi, cette année, quatre médecins congolais sont venus notamment en Belgique (et aussi en Afrique du Sud, par exemple) se former en chirurgie, en anesthésie et en réanimation pédiatrique. Une convention a également été conclue avec la faculté de médecine de l’université de Kinshasa. Enfin, le staff congolais est présent dans les blocs opératoires, afin que le know-how soit transmis.

La Chaîne de l’espoir rêve désormais que le pavillon fonctionne un jour par lui-même, entièrement dans des mains congolaises. Raison pour laquelle une ASBL locale composée de médecins congolais et de membres de la société civile a été créée.

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