Isabelle Prime entourée de François Hollande et Laurent Fabius © REUTERS

L’ex-otage au Yémen Isabelle Prime est rentrée en France

Le Vif

La Française Isabelle Prime, retenue au Yémen depuis février 2015, est rentrée en France vendredi soir après sa libération facilitée par le sultanat d’Oman, que les autorités françaises ont remercié d’avoir contribué à ce « dénouement heureux ».

Souriante malgré la fatigue et sept heures de vol, la jeune femme de 30 ans, en pantalon de sport, gilet blanc et t-shirt bleu, la visière de sa casquette marine et de larges lunettes masquant son regard, s’est brièvement entretenue avec le président de la République François Hollande au pied de l’avion avant de rejoindre ses proches.

« Elle va aussi bien que possible » avait indiqué dans la journée le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, également présent sur l’aéroport de Villacoublay, près de Paris.

Se réjouissant de ce « dénouement heureux », la présidence française avait annoncé sa libération dans la nuit de jeudi à vendredi en exprimant « toute sa gratitude à tous ceux qui ont oeuvré » à sa libération, notamment au Sultan d’Oman Qabous Ibn Saïd.

Isabelle Prime, originaire de l’Ouest de la France, avait été enlevée le 24 février par des hommes déguisés en policiers.

Elle a été « retrouvée au Yémen » grâce à des recherches menées par les autorités omanaises en coordination avec « certaines parties yéménites », selon l’agence de presse omanaise ONA, citant un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Sa libération intervient alors que le Yémen est le théâtre depuis mars d’un conflit meurtrier qui a plongé le pays dans le chaos.

C’est sur « instructions du sultan Qabous et à la demande des autorités françaises que ces recherches ont été menées », a indiqué ONA.

« Je suis heureux comme tout, elle est en bonne santé mais je n’ai pas d’autre précision », a réagi le père de l’ex-otage, Jean-Noël Prime, joint vendredi matin par téléphone par l’AFP.

La dernière libération d’un otage français remonte à décembre 2014, lorsque Serge Lazarevic, détenu depuis trois ans par le groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans le nord du Mali, avait retrouvé la liberté. Le quinquagénaire franco-serbe était alors présenté comme le dernier otage français.

sabelle Prime, arrivée en 2013 au Yémen, travaillait pour la société Ayala Consulting, dont le siège social se trouve en Floride, aux Etats-Unis, spécialisée dans la conception de programmes de protection sociale.

Francisco Ayala, président de la société, a précisé à l’AFP depuis l’Equateur qu’il avait appris la libération de son employée via un coup de téléphone du ministère français des Affaires étrangères.

« Toute l’affaire a été menée dans le plus grand secret », a-t-il affirmé. « Le gouvernement français ne nous a rien dit ni à moi ou ni même à son père » concernant les efforts visant à obtenir la libération de la jeune femme.

Prises d’otages fréquentes

L’interprète yéménite d’Isabelle Prime Chérine Makkaoui et elle-même avaient été enlevées le 24 février dernier à Sanaa alors qu’elles se rendaient en voiture à leur travail.

Chérine Makkaoui avait déclaré avoir été libérée le 10 mars à Aden, dans le sud du Yémen.

Une vidéo de la Française avait été mise en ligne sur YouTube début juin. Dans ce document de 21 secondes, la jeune femme, vêtue de noir et assise à même le sol, s’adressait aux présidents français François Hollande et yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi pour leur demander d’agir en vue de sa libération.

Aucune information n’a filtré depuis sur l’identité des ravisseurs. Le rapt s’était produit alors que Sanaa était passée sous le contrôle des rebelles Houthis, issus de la minorité chiite zaïdite et aidés par les unités de l’armée restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh.

L’Arabie saoudite a pris le 26 mars la tête d’une coalition arabe qui mène depuis une campagne aérienne en soutien au président Hadi, exilé en Arabie saoudite, face aux rebelles, appuyés par l’Iran.

Le conflit a fait près de 4.000 morts et contraint quelque 100.000 personnes à quitter le pays, selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Les prises d’otages sont très fréquentes au Yémen, où des centaines de personnes en ont fait l’expérience ces 15 dernières années. La plupart ont été libérées saines et sauves, souvent en échange de rançons, les otages étant souvent utilisés comme moyen de pression sur les autorités locales.

Mais en décembre dernier, un otage américain qui était détenu par Al-Qaïda a trouvé la mort lors d’une opération ratée des forces spéciales américaines qui visait à le libérer. Un otage sud-africain a également été tué lors de cette opération.

Avec AFP

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