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L’Europe bafoue les droits des réfugiés et des migrants

Les mesures migratoires prises par l’Union européenne et ses Etats membres ont principalement visé à maintenir les migrants hors des frontières du continent, déplore Amnesty International dans son rapport annuel.

Le manque de places pour les réfugiés, notamment syriens (36.300 places pour les 380.000 Syriens nécessitant une réinstallation), octroyées par les pays de l’Union a poussé un nombre sans précédent de personnes à tenter de gagner l’Europe par la mer. D’après les données du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), pas moins de 3.400 migrants ont perdu la vie en Méditerranée en 2014.

Lancée unilatéralement par l’Italie en début d’année, l’opération de sauvetage et de recherche Mare Nostrum a permis de secourir plus de 100.000 personnes en situation de détresse en mer Méditerranée.

Mais, « face aux fortes pressions exercées par les autres Etats membres de l’UE, il a été mis fin à l’opération le 31 octobre ». En « compensation », l’Union a lancé son programme Triton, menée par son agence aux frontières extérieures, Frontex. « Mais Triton était nettement plus restreinte, en termes de capacités, de champ d’intervention et de mission. »

Amnesty pointe également les problèmes rencontrés aux frontières terrestres de l’UE. L’ONG dénonce les expulsions illégales par la Bulgarie, l’Espagne et la Grèce vers le Maroc et la Turquie ajoutant que les renvois sommaires s’accompagnaient de plus en plus souvent « de pratiques visant à retenir les migrants et demandeurs d’asile dans leur pays d’origine ou de transit, l’UE s’employant à renforcer sa gestion des contrôles aux frontières de ces pays ».

Les centres de détention pour migrants avaient par ailleurs cette année encore atteint leur capacité d’accueil maximale, voire la dépassaient dans bien des cas tandis que les conditions de détention y étaient parfois déplorables, souligne l’ONG.

Dans son rapport, Amnesty pointe également la participation de certains pays de l’Union, la Lituanie, la Pologne et la Roumanie, dans des programmes de détentions secrètes de la CIA où des « atteintes aux droits humains » ont été commises.

D’autres Etats membres, l’Italie, le Royaume-Uni et la Suède mais aussi la Macédoine (candidate à l’adhésion) ont aidé les Etats-Unis à procéder au « transfert illégal, à la disparition forcée et à la torture de plusieurs dizaines de détenus ».

Tout n’a cependant pas été noir dans l’année qui vient de s’achever. Amnesty souligne quelques points positifs dans l’histoire récente de l’Union. Notamment la procédure engagée par cette dernière à l’encontre de la République tchèque pour atteinte à la législation communautaire contre la discrimination concernant la manière dont les Roms étaient traités dans le domaine de l’éducation.

L’abandon du projet de loi qui visait à compliquer l’accès à l’avortement légal en Espagne est également vu comme une heureuse nouvelle pour les droits humains. De même que l’octroi de l’égalité des droits aux couples du même sexe par un nombre croissant de pays européens. Amnesty souligne encore la libération des militants bélarus et russe, Ales Bialiatski et Mickaïl Kossenko, après respectivement trois et deux ans d’emprisonnement.

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