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L’Europe adopte des sanctions sans précédent contre l’Iran

Les ministres européens des Affaires étrangères ont adopté à Bruxelles une nouvelle batterie de sanctions envers l’Iran, soupçonné de vouloir se doter de l’arme nucléaire.

Conformément à la décision des chefs d’Etat et de gouvernement prise à la mi-juin, ces nouvelles mesures européennes vont bien plus loin que les sanctions adoptées le 9 juin dernier par le Conseil de sécurité de l’ONU contre Téhéran suite à son refus de suspendre son programme d’enrichissement d’uranium.

Pressant à nouveau l’Iran au dialogue et à la transparence sur son programme nucléaire, les Vingt-sept ont décidé de cibler les secteurs du commerce, de la finance, des transports, ainsi que de l’énergie.

Quelles sanctions ? Ce nouveau train de sanctions, le quatrième adopté par l’UE depuis février 2007, prévoit entre autres une interdiction d’exportation de technologies nécessaires à l’exploration, la production et le raffinage de pétrole, ainsi que la liquéfaction du gaz naturel.

Grand producteur mondial de pétrole brut et de gaz, l’Iran ne dispose pas des technologies suffisantes pour assurer l’ensemble de la chaîne de production, ce qui le rend dépendant du savoir-faire occidental.

Outre ces sanctions envers le secteur-clé de l’énergie, les Vingt-sept ont également décrété une extension de la liste des entités et personnalités visées par une mesure de gel des avoirs financiers et l’interdiction de délivrance de visas. Sont ici visés des banques iraniennes, ainsi des membres des Gardiens de la révolution liés au programme nucléaire de la république islamique.

Les bateaux et avions iraniens présents dans l’espace européen pourront en outre faire l’objet de contrôles accrus pour s’assurer qu’ils ne contiennent pas de matériaux pouvant servir au programme nucléaire iranien.

Enfin, le financement et l’assurance de crédit pour le commerce à court-terme avec l’Iran de produits pouvant servir à la fois à des fins civiles et militaires sera dorénavant limité, et même interdit pour le commerce à moyen et long terme pour tous les produits.

Ce nouvel arsenal de sanctions devrait être pleinement effectif dans les prochains jours, après leur publication au Journal officiel de l’UE.

Signe que ces sanctions internationales influent sur l’attitude de Téhéran, le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, indiquait dès dimanche que son pays était prêt à entamer « immédiatement » des négociations avec les puissances occidentales sur les détails d’une proposition d’échange de combustible nucléaire.

La mise en garde d’Ahmadinejad Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a mis en garde dimanche les pays de l’Union européenne contre l’adoption de ces sanctions, en affirmant que Téhéran réagira « avec fermeté » contre toute action hostile.

« Les Européens veulent imposer de nouvelles sanctions allant au-delà de celles adoptées par les Nations unies. Je voudrais leur dire que nous n’accueillons pas favorablement toute tension ou nouvelle résolution, nous voulons des relations logiques et amicales », a déclaré Ahmadinejad, selon la télévision iranienne de langue anglaise Press-TV.

« Je dois dire que quiconque adoptant des mesures contre la nation iranienne, comme l’inspection de navires iraniens (en haute mer, ndlr) doit savoir que l’Iran réagira avec fermeté face à de tels actes », a-t-il ajouté.

Mahmoud Ahmadinejad a également dénoncé la « guerre psychologique » menée contre l’Iran par les Etats-Unis et leurs alliés, affirmant que l’Iran « coupera la main des ennemis ». « Quiconque participe au scénario des Etats-Unis (contre l’Iran) sera considéré comme un pays hostile (…). L’Iran donnera une réponse ferme à toute menace », a-t-il insisté. Première réunion depuis les sanctions de l’ONU Les chefs de la diplomatie iranien, turc et brésilien ont discuté dimanche du suivi de leur proposition de solution à la crise du nucléaire iranien, la Turquie et le Brésil invitant Téhéran à négocier avec « souplesse » et « transparence » avec les Occidentaux.

Cette rencontre tripartite était la première depuis le vote par le Conseil de sécurité de l’ONU, le 9 juin, d’un quatrième train de sanctions contre l’Iran pour son refus de suspendre ses activités nucléaires sensibles.

Au cours d’une conférence de presse avec son homologue brésilien Celso Amorim, à laquelle ne participait pas le ministre iranien Manouchehr Mottaki, le ministre turc Ahmet Davutoglu a enjoint l’Iran de négocier le plus vite possible avec les Occidentaux. « Ce que nous avons dit aux deux parties, depuis le début, est que cette réunion (avec le groupe des 5+1) doit avoir lieu le plus vite possible et que les deux parties doivent discuter de toutes les questions de la façon la plus transparente et la plus ouverte », a-t-il dit.

Les autorités iraniennes ont gelé le 28 juin pour deux mois des discussions avec les six grandes puissances impliquées dans le dossier (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne, dits les « 5+1 »).

La semaine dernière, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui représente le groupe, avait jugé que les conditions étaient réunies pour une reprise du dialogue avec Téhéran. Dans la foulée, le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki avait déclaré que les négociations pourraient reprendre en septembre.

« Il y a une proposition pour une réunion technique », a pour sa part déclaré M. Amorim, faisant référence aux discussions avec le Groupe de Vienne et à la proposition faite par l’Iran, la Turquie et le Brésil, dite Déclaration de Téhéran.

L’AIEA a confirmé avoir reçu la réponse de Téhéran aux interrogations du groupe de Vienne sur la proposition d’échange de combustible nucléaire faite par le Brésil, la Turquie et la République islamique.

« Le directeur-général de l’Agence internationale de l’énergie atomique Yukiya Amano a reçu aujourd’hui une lettre du gouvernement iranien concernant la fourniture de combustible nucléaire pour le réacteur de recherche de Téhéran », a indiqué Gill Tudor une porte-parole de l’AIEA. « La lettre a été transmise aux gouvernements français, russe, et américain, ainsi qu’aux gouvernements brésilien et turc », a-t-elle ajouté.

Le groupe de Vienne avait soulevé un certain nombre de questions concernant la proposition faite par le Brésil, la Turquie et l’Iran, appelée Déclaration de Téhéran.

L’Iran avait proposé le 17 mai aux grandes puissances, dans le cadre d’un accord avec le Brésil et la Turquie, d’échanger en territoire turc 1.200 kilos de son uranium faiblement enrichi (3,5%) contre 120 kilos de combustible enrichi à 20% destiné au réacteur de recherche médicale de Téhéran.

Cette initiative avait été ignorée par les grandes puissances qui ont voté le 9 juin un quatrième volet de sanctions contre Téhéran, soupçonné de vouloir se doter de l’arme atomique sous couvert de programme civil.

Le Vif.be, avec Belga

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