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« L’Europe a été parfois dans l’autosatisfaction concernant sa propre défense »

Le Vif

Barack Obama a exhorté lundi l’Europe à rester « forte et unie » alors que le projet européen traverse une crise sans précédent du fait notamment de la menace de sortie du Royaume-Uni et de la montée des populismes.

« Les Etats-Unis et le monde entier ont besoin d’une Europe forte, prospère, démocratique et unie », a déclaré le président américain dans un discours prononcé à la foire industrielle de Hanovre, dans le nord de l’Allemagne, en soulignant que le Vieux continent se trouvait à un moment « décisif » de son histoire.

Après être allé en fin de semaine dernière en Grande-Bretagne pour mettre en garde le pays contre une sortie de l’Union européenne, Barack Obama a choisi l’Allemagne pour appuyer son message en soulignant l’importance de l’unité de l’Europe, au moment où le projet de construction européenne est remis en cause comme jamais depuis qu’il a été initié dans le sillage de la Deuxième guerre mondiale.

« Peut-être avez-vous besoin que quelqu’un de l’extérieur comme moi vous rappelle les progrès que vous avez accomplis », a-t-il estimé.

Barack Obama a rappelé aux Européens les guerres et conflits issus des rivalités nationales qui ont ensanglanté le continent il y a moins d’un siècle.

« Au siècle dernier, à deux reprises dans une période de trente ans, les forces des empires, celles de l’intolérance et du nationalisme extrême ont consumé et largement réduit en ruines ce continent », a-t-il mis en garde.

Compte tenu de ce passé belliqueux, M. Obama s’est inquiété des doutes qui rongent aujourd’hui les Européens.

Plaidoyer pour l’intégration

« Si une Europe unie, pacifique, démocratique et orientée vers l’économie de marché commence à douter d’elle-même, à remettre en question les progrès réalisés ces dernières décennies, alors (…) cela renforcera ceux qui disent +cela ne peut pas marcher+ et soutiendra le communautarisme », a insisté le président américain.

Il a à cet égard souhaité « rappeler que nos pays engrangent plus de succès et sont plus en sécurité quand ils intègrent des gens de tous les horizons et de toutes croyances (…) et cela vaut pour nos citoyens qui sont musulmans ».

La fragilisation de l’Europe face aux multiples défis auxquels elle est confrontée constitue une source d’inquiétude croissante pour l’administration américaine: outre l’éventualité du « Brexit », la crise migratoire qui nourrit les populismes, la menace de l’organisation jihadiste Etat islamique (EI), la situation toujours instable en Ukraine ou encore la morosité économique persistante sur le continent.

La montée du populisme et de l’euroscepticisme a encore été illustrée dimanche en Autriche lors du premier tour de l’élection présidentielle, qui a vu le candidat d’extrême droite arriver en tête et les partis traditionnels éliminés.

M. Obama devait réitérer ses préoccupations dans l’après-midi lors d’un mini-sommet qu’il a initié à Hanovre avec, outre son hôte la chancelière Angela Merkel, les chefs de gouvernement britannique et italien, David Cameron et Matteo Renzi, ainsi que le président français François Hollande.

Barack Obama compte aussi les exhorter à ne pas seulement compter sur les Etats-Unis pour assurer leur défense dans le cadre de l’Otan et à augmenter leurs dépenses militaires.

‘Soutenir’ l’Est de l’Europe

« L’Europe a été parfois dans l’autosatisfaction concernant sa propre défense », a lancé M. Obama à Hanovre. Le président américain a réclamé que tous les pays membres de l’Otan « assument leurs responsabilités », relevant que « ce n’est pas toujours le cas ».

Il a mis en avant que l’Otan devait « soutenir » à la fois les pays alliés de l’est de l’Europe, « en Pologne, en Roumanie et dans les pays baltes », face à ce que ces derniers pays décrivent comme une nouvelle menace d’agression russe, et faire aussi face « à des menaces » dans la zone sud de l’Alliance atlantique, avec la Turquie voisine de la Syrie et de l’Irak notamment.

M. Obama martèlera ce message également lors du prochain sommet de l’Otan début juillet à Varsovie.

La réunion des cinq dirigeants devrait aussi être consacrée à la situation en Libye et à la Syrie. Barack Obama a annoncé à ce sujet l’envoi en Syrie de 250 instructeurs militaires américains, notamment des forces spéciales, pour aider des forces rebelles à lutter contre l’Etat islamique.

La visite de M. Obama en Allemagne, sa dernière dans ses fonctions de chef d’Etat, a été pour le reste l’occasion d’asseoir Angela Merkel, qu’il a couvert de louanges, dans son statut de leader de l’Europe, et de plaider avec elle pour débloquer les négociations en cours sur le projet d’accord de libre échange (TTIP ou Tafta).

Des négociations à ce sujet doivent reprendre lundi à New York. Elles piétinent depuis des mois en raison de divergences entre Européens et Américains, qui s’accusent mutuellement de vouloir excessivement protéger leurs marchés, et du scepticisme grandissant des opinions publiques des deux côtés de l’Atlantique.

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