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L’Etat islamique en Irak : porte ouverte au Kurdistan indépendant

Stagiaire Le Vif

Bagdad ayant (en partie) perdu le contrôle du pays, les Kurdes d’Irak semblent vouloir en profiter pour accéder à leur indépendance.

Le Kurdistan pourrait bien être le grand gagnant de l’offensive djihadiste de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Face aux craintes de partition du pays, le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a appelé mardi dernier sur la BBC, à l’organisation d’un référendum d’indépendance dans les prochains mois. « Nous respecterons et nous serons tenus par la décision de notre peuple. Nous espérons que d’autres agiront de la sorte », a-t-il ainsi déclaré.

Des propos qui accentuent les craintes de partition de l’Irak, d’autant que la parlementaire kurde Najiba Najib a également exigé, mardi, du gouvernement irakien de Nouri Al-Maliki, qu’il transfère les fonds dus au Kurdistan, lors d’une séance parlementaire chaotique.

Des acteurs régionaux divisés

La majorité des alliés de l’Irak redoutent un éclatement du pays. Ankara, confronté à la question kurde à l’est de son territoire, s’oppose d’ores et déjà fermement à ce projet, soulignant que le pays devait rester « une société unie ».

La Turquie qui a approfondi ces dernières années ses relations avec le Kurdistan irakien, via des accords de plusieurs milliards sur les hydrocarbures notamment, préconise davantage la constitution d’un gouvernement d’union nationale pour sortir l’Irak de la crise.

A l’inverse, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui craindrait une avancée de l’EIIL vers ses voisins, soutient les revendications kurdes. Une première qui coïncide avec l’annonce, dimanche dernier, de la création d’un califat islamique entre la ville d’Alep, dans le nord de la Syrie voisine, et la province de Diyala, dans l’Est irakien. « Face à cette montée islamiste, il faut appuyer les aspirations des Kurdes à l’indépendance », a déclaré dimanche le président du Likoud, selon le quotidien russe Izvestia.

« Les Kurdes devraient de toute façon obtenir leur indépendance à court terme. Le premier ministre israélien souhaite (juste, NDLR) l’apparition d’une force supplémentaire opposée aux islamistes et c’est pourquoi il manifeste son soutien aux Kurdes », justifie le politologue Radwan Badini, de l’université Salahaddin d’Erbil, capitale du Kurdistan.

Rupture consommée

En parallèle de ces déclarations, un nombre sans précédent de peshmergas (« ceux qui regardent la mort en face », en kurde), les forces de sécurité du Kurdistan, a été déployé depuis l’offensive djihadiste du 9 juin dernier. Des retraités ont même été rappelés à l’entrainement afin « d’affronter des terroristes sur un territoire de 1.500 kilomètres », explique Jabbar Yawar, secrétaire général du ministère kurde en charge des peshmergas, à l’AFP.

Si pour le moment, les islamistes de l’EIIL ont totalement contourné les zones kurdes, la région fait bien partie du grand « Etat islamique en Irak et au Levant , rêvé par l’EIIL », d’après la spécialiste au Centre d’études et de recherches internationales, Myriam Benraad, interrogée aux micros d’Europe 1.

« Il n’y a donc aucune alliance entre Kurdes et djihadistes », ponctue-t-elle. « Pas plus qu’il n’y a d’alliance avec Bagdad. » Et pour preuve : après la débâcle de l’armée irakienne face aux insurgés, les peshmergas ont pris seuls le contrôle de Kirkouk ( nord-ouest), ville pétrolière stratégique longtemps revendiquée par les Kurdes à Bagdad.

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Depuis le début de l’offensive de l’EIIL , plus de 2.000 personnes ont été tuées et des centaines de milliers ont été déplacées.

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