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L’Espagne vote ce dimanche: les principaux candidats

Le Vif

Les Espagnols ont commencé à voter dimanche, juste après l’ouragan du Brexit au Royaume-Uni, pour décider s’ils gardent la droite au pouvoir après six mois de blocage politique du pays marqués par l’ascension du parti anti-austérité Podemos.

Les bureaux de vote ont ouvert à 09H00 (7H00 GMT) pour accueillir jusqu’à 20H00 (18H00 GMT) quelque 36,5 millions d’électeurs.

Ces nouvelles élections législatives, organisées seulement six mois après le précédent scrutin, le 20 décembre sont organisées alors que l’été s’est bien installé et a commencé à remplir les plages.

De premiers résultats officiels sont attendus vers 22h30.

En décembre, les Espagnols s’étaient prononcés pour un changement, en punissant les deux grands partis qui rythmaient la vie démocratique du pays depuis plus de 30 ans.

Le Parti populaire du chef du gouvernement conservateur sortant Mariano Rajoy, a ainsi perdu sa majorité absolue, obtenant 28,7% des suffrages, même s’il est arrivé en tête. Il est encore favori pour ce scrutin.

Le Parti socialiste avait, lui, enregistré le pire résultat de son histoire, tout en restant deuxième.

Ils ont dû céder des sièges à deux nouvelles formations: Podemos et le libéral Ciudadanos.

Mais depuis six mois, le nouveau souffle incarné par l’arrivée au Parlement de jeunes députés en manches de chemise, jeans ou dreadlocks a tourné au blocage.

Personne n’a voulu investir un nouveau gouvernement de Mariano Rajoy, dont la formation est mise en cause dans de multiples affaires de corruption.

Et les frères ennemis de la gauche — les socialistes et Podemos — n’ont pas réussi à s’entendre pour nouer une alliance qui aurait pu, avec le soutien de petits partis régionaux nationalistes ou indépendantistes, former un autre cabinet.

La quatrième économie de la zone euro est donc dirigée depuis décembre par un gouvernement sortant qui ne peut qu’expédier les affaires courantes, et n’a le droit d’engager aucune nouvelle dépense ou réforme.

Le roi Felipe VI a du coup convoqué de nouvelles élections.

Des électeurs, déçus par les querelles entre partis pourraient cependant ne pas se rendre aux urnes, alors que pour certains les vacances ont commencé.

Si beaucoup préfèrent la plage à l’isoloir, le PP pourrait en sortir renforcé car en Espagne, les abstentionnistes sont plutôt à gauche, selon les instituts de sondage.

En attendant, la campagne a pris un air de second tour opposant essentiellement les conservateurs à la coalition Unidos Podemos formée par Podemos et par le parti Izquierda Unida (Gauche unie, écolo-communiste), un duel ayant de facto écarté le Parti socialiste.

‘Brexit’

Mariano Rajoy, 61 ans, au pouvoir depuis 2011, a appelé les électeurs « modérés » du centre à le rejoindre pour faire barrage aux « extrémistes », « populistes » et « radicaux » de Podemos.

« Ce n’est pas le bon moment pour des expérimentations », a-t-il martelé encore vendredi, après l’annonce du Brexit et alors qu’à Madrid l’Indice des valeurs vedettes de la Bourse dégringolait.

M. Rajoy a fait campagne sur la nécessaire poursuite des réformes, qui préservera selon lui la croissance retrouvée.

Depuis 2011, les conservateurs ont adopté une réforme ultra-libérale du code du travail et imposé au pays la cure d’austérité draconienne que souhaitait la Commission européenne, réduisant les aides aux plus démunis.

La croissance a atteint 3,2% du PIB en 2015. Mais s’il a bien baissé, le chômage reste à 21%. Les inégalités se sont creusées et 22% des Espagnols sont menacés par la pauvreté.

Podemos, allié du grec Syriza, se pose depuis sa naissance en 2014 en porte-parole de ces sans-voix qui ne se sentaient plus représentés par une classe politique jugée trop corrompue ou lointaine, à Madrid et Bruxelles.

Selon les sondages, Unidos Podemos a des chances de passer de la troisième à la deuxième place, juste après la droite, dépassant le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), confronté à une crise d’identité.

Sur les réseaux sociaux, les partisans de Podemos défendaient samedi soir le « #Breyxit », en référence au deuxième nom de famille de Mariano Rajoy, Brey.

Les quatre principaux candidats:

Trois jeunes candidats, de la gauche radicale au centre droit, briguent à nouveau en Espagne le poste de chef du gouvernement en Espagne qu’occupe depuis fin 2011 le conservateur Mariano Rajoy.

MARIANO RAJOY, 61 ans:

Président depuis douze ans d’un Parti populaire secoué par des scandales de corruption, dépourvu de charisme, cet ancien conservateur des hypothèques veut incarner « la stabilité, le sérieux et la confiance » face à des novices en politique.

Après des années de crise, il se targue d’avoir remis la quatrième économie de la zone euro sur la voie de la croissance – au prix de politiques d’austérité draconiennes – et fait baisser le chômage dont le taux reste cependant le deuxième plus élevé de l’UE (20,9% en 2015).

Cinq fois ministre dans les gouvernements de Jose Maria Aznar (1996-2004), il avait subi deux échecs électoraux en 2004 et 2008 avant de remporter la majorité absolue fin 2011. Aux législatives de décembre, son parti est arrivé en tête avec 28,7% des suffrages mais faute d’alliés il a renoncé à tenter de former un gouvernement.

PEDRO SÁNCHEZ, 44 ans:

Il était inconnu du grand public quand, en juillet 2014, il a été élu secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), à l’issue d’inédites primaires. Professeur d’économie, ce grand brun fringant surnommé « beau gosse » se flatte de ne pas être un homme de l’appareil politique.

Ambitieux et déterminé, il a tenté de rénover un parti déprimé, auquel les électeurs reprochent la mauvaise gestion de la crise économique. Il a cependant obtenu en décembre le pire résultat électoral de l’histoire récente de son parti, avec seulement 90 députés sur 350.

Redoutant d’être évincé à gauche par Podemos, le PSOE a préféré miser en début d’année sur une alliance avec les libéraux de Ciudadanos mais a alors échoué à former un gouvernement minoritaire, Podemos ayant voté contre.

PABLO IGLESIAS, 37 ans:

Politologue et professeur d’université, il est entré en politique début 2014 comme l’un des fondateurs du nouveau parti anti-austérité Podemos, né comme un prolongement du mouvement citoyen des Indignés de 2011.

Podemos a aussitôt obtenu cinq sièges au Parlement européen dont un pour Pablo Iglesias qui a conservé son look de toujours: queue de cheval et simple chemise. En novembre de la même année, il a été élu secrétaire général du nouveau parti malgré un mouvement d’opposition interne.

Arrogant et populiste pour les uns, charismatique et sincère pour les autres, Iglesias est un orateur brillant qui a forgé son image à la télévision.

Il a refusé de favoriser la formation d’un gouvernement dirigé par les socialistes en alliance avec les libéraux de Ciudadanos en leur reprochant de ne pas lutter contre l’austérité.

ALBERT RIVERA, 36 ans:

Avant de se lancer dans la politique nationale en 2015, le président du parti de centre droit Ciudadanos (Citoyens) a siégé près d’une décennie comme député au parlement régional de Catalogne. Sa formation y avait été fondée en 2006 pour contrer l’essor de l’indépendantisme.

Partisan d’un libéralisme économique qui lui vaut les faveurs des marchés, en pointe dans la dénonciation de la corruption, son parti a souvent été surnommé le « Podemos de droite ». Mais certains ne lui ont pas pardonné son éphémère alliance avec les eurospectiques de la coalition Libertas aux élections européennes de 2009.

Après les législatives de décembre, il a tenté une coalition des 40 députés de son parti avec les 90 élus socialistes, essayant de l’élargir aux conservateurs qui ont refusé catégoriquement.

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