Abu Bakr al-Baghdadi © AFP

L’EI diffuse une vidéo de son « chef » pour la première fois depuis 5 ans

Le Vif

Pour la première fois depuis cinq ans, le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a diffusé une vidéo présumée de « son chef » Abou Bakr al-Baghdadi lundi, un peu plus d’un mois après la chute de son « califat » autoproclamé.

Cette vidéo n’est pas datée et le lieu de son tournage est inconnu. Mais celui qui est présenté comme étant Abou Bakr al-Baghdadi y évoque les attentats du dimanche de Pâques contre des églises catholiques et des hôtels au Sri Lanka, le 21 avril.

Il y déclare aussi que « la bataille pour Baghouz est maintenant terminée », en référence à ce village de l’est de la Syrie qui fut le dernier réduit territorial du « califat« .

L’homme ressemble à celui dans la seule vidéo de l’EI mettant en scène jusque-là Baghdadi, en plein prêche dans une mosquée de Mossoul, en Irak, en 2014.

Cette fois-ci, il apparaît assis les jambes croisées adossé à un mur, à côté d’une Kalachnikov à canon court, marque distinctive des vidéos du défunt chef historique d’Al-Qaïda Oussama ben Laden.

Selon SITE, le centre américain de surveillance des mouvements extrémistes et l’expert irakien de l’EI Hicham Hachemi, l’homme dans l’enregistrement est bien le chef de l’EI.

De son côté, la coalition internationale antijihadistes dirigée par Washington essaye toujours de « corroborer de façon indépendante la validité de la vidéo », a-t-elle indiqué.

Le département d’Etat américain a promis que la coalition poursuivrait son combat pour que « tous les dirigeants (de l’EI) qui restent soient traduits en justice ».

Autoproclamé en 2014 par Abou Bakr al-Baghdadi sur de vastes territoires en Irak et en Syrie, le « califat » a été déclaré éradiqué le 23 mars au terme d’une offensive de combattants arabes et kurdes soutenus par la coalition internationale.

« Vengeance »

Dans la vidéo diffusée lundi par le groupe extrémiste, l’homme affirme que l’EI « se vengera » au nom de ses membres tués et que le combat contre l’Occident est « une longue bataille ».

Il salue l' »endurance » et la « détermination » des combattants assiégés à Baghouz et mentionne Fabien et Jean-Michel Clain, deux jihadistes français.

Fabien Clain a été identifié par les enquêteurs français comme celui qui avait enregistré le message audio revendiquant les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, ayant fait 130 morts et des centaines de blessés.

Jean-Michel a lui été identifié comme l’homme psalmodiant les « anashid », des chants religieux, entendus dans cet enregistrement.

Les deux frères sont morts à Baghouz, avait déclaré l’épouse de Jean-Michel Clain, Dorothée Maquere, en fuyant le dernier réduit jihadiste.

S’adressant à trois hommes dont les visages ont été floutés, l’homme dans la vidéo promet d’autres actions de l’EI « après cette bataille ». L’organisation a revendiqué ces dernières années de nombreux attentats meurtriers au Moyen-Orient mais aussi en Europe et en Asie.

Dans la vidéo de 18 minutes, l’homme apparait avec une longue barbe grise qui semble être teinte au henné et parle doucement, s’arrêtant quelques secondes au milieu de ses phrases.

Dans un passage dans lequel il n’apparait pas, l’homme évoque les attentats ayant tué 253 personnes au Sri Lanka et revendiqués par son organisation, estimant qu’il s’agissait d’une « vengeance pour les frères à Baghouz ».

En plus du Sri Lanka, il évoque les mouvements de contestation en Algérie et au Soudan, ce qui est une façon de montrer que la vidéo « n’a pas été tournée il y a longtemps », selon Amarnath Amarasingam, analyste à l’Institute for Strategic Dialogue.

« Une partie de l’importance du personnage est de contextualiser la défaite (…) de montrer que c’était soit quelque chose d’attendu, soit que cette défaite est regrettable mais que l’EI y survivra », décrypte-t-il.

La vidéo a été diffusée par al-Fourqane, la « maison de production » de l’EI qui relaie les enregistrements et les vidéos de propagande de l’organisation jihadiste.

25 millions de dollars

Le dernier message attribué à Abou Bakr al-Baghdadi était un enregistrement audio diffusé en août 2018. Il y exhortait ses partisans à poursuivre le « jihad », huit mois après que l’Irak eut déclaré la « victoire » sur l’EI.

Le chef jihadiste de 47 ans est apparu pour la première et dernière fois en public en 2014 à Mossoul, dans le nord de l’Irak, où il avait proclamé son « califat ».

Après avoir un jour présidé aux destinées de sept millions d’habitants dans de larges pans de la Syrie et près d’un tiers de l’Irak, l’homme le plus recherché au monde se terrerait dans le désert syrien, selon des spécialistes de l’EI.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), l’alliance arabo-kurde qui est venue à bout des jihadistes terrés à Baghouz, disaient en mars ne pas avoir « d’informations sur une présence de Baghdadi en Syrie ».

Les Etats-Unis offrent 25 millions de dollars pour sa capture.

Malgré ses défaites en Irak et en Syrie, l’EI continue de commettre des attaques dans ces pays où il garde des cellules basées dans des zones difficiles d’accès. Le groupe a ainsi revendiqué lundi sa première attaque au Bangladesh en plus de deux ans, une explosion à Dacca dans laquelle trois policiers ont été blessés.

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