Le candidat de l'opposition de gauche Salvador Nasralla à la présidentielle du Honduras. © AFP

L’avance de l’opposant de gauche à la présidentielle au Honduras est « irréversible »

Le Vif

Le candidat de l’opposition de gauche Salvador Nasralla à la présidentielle du Honduras, dont le dépouillement était toujours en cours deux jours après le vote de dimanche, disposait d’une avance qui « sera « irréversible », a déclaré un magistrat du Tribunal suprême électoral du Honduras.

Objet de toutes les critiques face à un scrutin marqué par des craintes de fraudes, le Tribunal suprême électoral (TSE) créditait le présentateur TV Salvador Nasralla, novice en politique, de 44,22% des votes, devant le président sortant de droite Juan Orlando Hernandez (40,56%), même si l’écart s’est réduit depuis la publication des premiers résultats partiels.

Ces résultats, qui n’évoluaient que lentement depuis dimanche soir, portaient sur environ deux tiers des bulletins de vote (63,47%), selon le site internet de l’institution.

Et « selon les pourcentages, s’est dégagée une tendance qui sera irréversible, qui pourra montrer quelques petites variations mais sans modifier le résultat final », a déclaré mardi Marco Ramiro Lobo, magistrat membre du tribunal.

Dans un entretien à l’AFP, Salvador Nasralla, candidat de l’Alliance de l’opposition contre la Dictature (gauche), avait auparavant dénoncé une tentative du chef de l’Etat (Parti national, droite) de « fausser les résultats ».

Le président, « en ayant le contrôle des médias, va faire valoir les procès-verbaux qui l’arrangent, modifiant ainsi la volonté populaire », a-t-il affirmé.

M. Lobo a lui assuré que le système garantissait la transparence car tous les partis et les observateurs locaux ou internationaux ont accès aux documents et peuvent ainsi vérifier les résultats.

« La population et la communauté internationale peuvent avoir confiance, la volonté exprimée dans les urnes par le peuple hondurien sera respectée », a assuré à l’AFP un autre magistrat Erick Rodriguez.

Le tribunal a été vivement critiqué pour les lenteurs du processus électoral et le manque d’information.

« Nous savons que nous sommes bombardés de critiques, mais si je n’ai pas de procès-verbaux, je ne peux pas les publier », s’est défendu mardi lors d’un autre point presse le président de l’autorité électorale, David Matamoros.

Il avait expliqué la veille que le tribunal n’avait reçu que lundi après-midi les procès-verbaux des bureaux les plus éloignés de la capitale, ajoutant que les résultats définitifs ne seraient sans doute proclamés que jeudi.

Plusieurs voix internationales se sont élevées pour réclamer plus de transparence et de célérité.

La mission d’observation électorale de l’Organisation des Etats américains (OEA) a appelé le tribunal à informer la population « le plus rapidement possible ». Elle a demandé « précision, rapidité, transparence et légalité maximum », dont dépendent « la crédibilité des autorités électorales et la légitimité du futur président ».

« Afin de garantir la tranquillité de tous, il faut éviter de laisser la place au doute et à l’incertitude », avait auparavant déclaré mardi l’eurodéputée portugaise Marisa Matias, responsable de la mission des observateurs de l’Union européenne (UE).

« Après deux jours sans nouveaux résultats, le tribunal doit mettre en place une communication plus fluide, en publiant les procès-verbaux au fur et à mesure qu’ils arrivent (…) comme ce fut le cas lors du scrutin de 2013 », a-t-elle ajouté lors d’une conférence de presse.

L’ONU a également appelé le TSE à « maintenir la population régulièrement informée des résultats du vote ».

Une victoire de M. Nasralla serait synonyme, sur le « court terme », d' »incertitude pour les investisseurs », souligne pour sa part le cabinet Eurasia dans une note. « Son programme de campagne était très populiste, avec notamment des promesses de suppression d’impôts sur le revenu et de service sociaux gratuits ».

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