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L’attentat de Stockholm « a commencé à changer la Suède »

Après le choc des deux explosions dans la capitale, ce samedi, la presse suédoise s’interroge sur les conséquences pour le pays.

« Ca paraît tellement incroyable qu’un homme ait pu déambuler dans la rue, en plein rush d’avant Noël, le corps bardé d’explosif… » Ce commentaire de Hanna, une cadre dans une entreprise publique habitant à Stockholm, traduit bien la stupeur, voire l’incrédulité, des Suédois après l’attentat manqué survenu samedi après-midi dans cette ville jusqu’alors épargnée par la terreur islamiste.

Un homme de 29 ans, d’origine irakienne, est mort des suites de l’explosion d’une des bombes qu’il portait sur lui. La police croit que le kamikaze se dirigeait à pied vers un des lieux les plus fréquentés de la capitale suédoise, mais qu’un incident technique a provoqué une explosion réduite et anticipée dans une ruelle. Deux passants ont été légèrement blessés.

« Un ange gardien veillait sur nous, a réagi un expert en terrorisme, Magnus Norell, dans le quotidien Dagens Nyheter (libéral).

L’agresseur ne maîtrisait pas tout, quelque chose a foiré et nous pouvons en être reconnaissants. » Les Suédois ont du mal à réaliser, à mettre des mots sur ce qu’il serait advenu si le terroriste, Taimour Abdulwahab, était arrivé à ses fins.

Une référence revient toutefois souvent: les attentats dans le métro de Londres, qui ont fait 56 morts le 7 juillet 2005. Pour l’éditorialiste du quotidien Svenska Dagbladet (conservateur), la population suédoise doit s’inspirer de la réaction des Britanniques après ces actes terroristes: « Cela ne doit pas détruire notre société ni notre mode de vie! Nous ne nous soumettrons pas! »

« C’est le peuple suédois, c’est nous qui sommes visés »

Épargné par les guerres depuis près de deux siècles et vu de loin comme un havre de tranquillité, le royaume a déjà été le théâtre d’assassinats (dont ceux du Premier ministre Olof Palme en 1986 et de la ministre des Affaires étrangères Anna Lindh en 2003), ainsi que de meurtres sanglants. Mais cette fois-ci, et pour la première fois de son histoire, « c’est le peuple suédois, c’est nous qui sommes visés », commente un journaliste, Mikael Holmström, dans Svenska Dagbladet.

Alors que la police se montrait nettement plus présente dans les lieux publics, ce lundi à Stockholm, tout le monde s’interrogeait sur la suite des événements. Le kamikaze, qui était visiblement parvenu à dissimuler ses intentions en dépit d’une page Facebook très militante, fera-t-il des émules parmi les quelque 250 000 musulmans de Suède?

L’événement sera-t-il exploité par la classe politique, et en particulier par l’extrême droite, qui a fait son entrée au parlement suédois en septembre dernier? Son chef, Jimmie Akesson, a commenté l’attentat en affirmant que son parti (les Démocrates de Suède) avait mis en garde contre « les risques d’une immigration de masse » et qu’on lui avait « ri au nez ».

« Ce qui s’est passé a déjà commencé à changer la Suède, estime pour sa part le quotidien populaire Aftonbladet (social-démocrate). C’est nous qui allons décider individuellement, dans la période à venir, dans quel genre de pays nous voulons vivre. Un pays qui parvient à rester ouvert ou un pays qui se replie dans la peur et le soupçon ».

Antoine Jacob, L’Express.fr

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