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L’année folle de l’Islande s’achève sans gouvernement

Le Vif

L’année folle de l’Islande, entre la retraite d’un président qui passait pour éternel, le scandale des Panama Papers, des manifestations monstres et l’exploit de son équipe de foot, s’achève dans la confusion politique, avec deux mois sans gouvernement.

« Ces dernières années on croyait qu’on était en train de voir le plus fou, mais à chaque fois on avait tort, l’Islande a trouvé encore plus dingue ». Le mot est d’une assistante parlementaire de l’opposition qui, le 6 avril, observe dans le hall du Parlement les atermoiements d’un exécutif aux abois.

La veille, le Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson a démissionné. Il n’avait pas prévu que des journalistes dénichent ses intérêts dans un paradis fiscal, les îles Vierges britanniques, jamais mentionnés dans ses déclarations de patrimoine. « Kosningar strax! Kosningar strax! » (« des élections tout de suite! »), martèlent les manifestants pendant six jours consécutifs, frappant sur les barrières métalliques qui protègent le Parlement. Le Parti pirate, formation contestataire, est aux portes du pouvoir. Elles ne s’ouvriront pas. Le gouvernement de centre-droit se maintient au pouvoir et annonce un scrutin législatif « à l’automne ».

Pas de révolution Pirate

Le 29 octobre, les Islandais votent sans tout bouleverser. Ils élisent un Parlement mal gouvernable: ni la droite, ni la gauche, ni le centre n’ont de majorité. Et la présence d’un parti « paria » avec lequel personne ne veut s’associer, celui de M. Gunnlaugsson (8 sièges sur 63, contre 10 au Parti pirate par exemple), paralyse tout. Constat amer aujourd’hui du journaliste Johannes Kristjansson, le seul Islandais qui avait accès aux Panama Papers, et qui a été effaré d’y découvrir les noms d’autant de responsables politiques: « Ils ont tous été réélus en octobre ». Même l’ancien Premier ministre a conservé son siège de député. Son ministre des Finances Bjarni Benediktsson, qui avait monté une société « offshore » dans les Seychelles, a fait retrouver aux conservateurs la place de premier parti islandais (21 sièges). La révolution « Pirate » n’a donc pas eu lieu. Le budget 2017, adopté le 22 décembre, constitue un compromis entre projet de loi de finances du gouvernement sortant et concessions aux autres partis. Pour former un nouvel exécutif, « plusieurs pourparlers formels et informels ont eu lieu sans mener à rien, et nul ne sait encore ce qui en sortira », résumait vendredi le quotidien Frettabladid. La droite a tenté sa chance avec le centre en novembre, sans succès. La gauche aussi, pour le même résultat. Les ennemis jurés, Parti de l’indépendance (conservateur) et Mouvement gauche-Verts, ont même essayé. Le Parti pirate, investi par le président en décembre, a échoué comme les autres.

Retour à la case départ

Retour à la case départ: dans les derniers jours de 2016, la droite renégociait avec le centre.

Mais l’Islande n’a pas perdu complètement son année.

D’abord son économie est florissante, avec une croissance qui devrait approcher 5%, après 4,2% en 2015. L’île regorge de touristes, presque à toute époque de l’année, Britanniques, Américains, Asiatiques, Allemands, etc. qui ont permis la création de milliers d’emplois, et dépensent généreusement.

Ensuite, le personnel politique a été renouvelé, au moins, au sommet de l’Etat. Après les adieux d’Olafur Ragnar Grimsson, président depuis 1996, un professeur de science politique de 48 ans, Gudni Johannesson, candidat néophyte, a remporté la présidentielle en juin. L’Islande qui gagne, enfin, ce fut son inoubliable équipe de football.

À l’Euro en France, son premier grand tournoi international, elle fait match nul contre le Portugal (1-1), qui remportera la compétition, bat l’Autriche à la dernière minute (2-1), puis va en huitièmes contre l’Angleterre, « humiliée » (2-1) d’après la presse britannique. Comme en avril, les Islandais étaient des dizaines de milliers dans les rues de leur capitale. Mais pour faire la fête.

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