Angela Merkel © AFP/Odd Andersen

L’Allemagne proche d’un accord sur un nouveau gouvernement

Le Vif

Conservateurs d’Angela Merkel et sociaux-démocrates allemands se sont rapprochés lundi d’un accord pour former un gouvernement et sortir le pays d’une longue impasse post-électorale, avec un compromis, notamment sur la relance du projet européen.

Toutefois, les deux camps ont décidé dans la soirée d’ajourner leurs tractations et de les reprendre mardi, date-butoir fixée pour parvenir à un compromis global, ou constater leur échec. Une issue qui plongerait la première économie européenne dans une crise politique sans précédent. « Nous avons absolument besoin de la journée de demain » mardi, a déclaré un des négociateurs du parti démocrate-chrétien (CDU) de la chancelière, Daniel Günther. « Je reste optimiste sur le fait que, à tout le moins mardi, nous y arriverons », a-t-il ajouté. Une proche d’Angela Merkel, Julia Klöckner, a, elle, tablé sur une conclusion des pourparlers dans la nuit de mardi à mercredi.

Les démocrates-chrétiens de la chancelière négocient depuis début janvier dans la douleur avec les sociaux-démocrates sur une nouvelle coalition entre eux.

Les élections législatives de septembre, marquées par un repli des partis traditionnels et une percée de l’extrême droite, n’ont pas permis de dégager une majorité claire à la chambre des députés.

Après un premier échec pour former une coalition hétéroclite avec les Libéraux et les écologistes en novembre, la chancelière, réduite à expédier les affaires courantes depuis octobre et qui a vu son étoile pâlir sur la scène internationale, n’a plus droit à l’erreur.

Accord sur l’Europe

A tout le moins, la stratégie européenne fait désormais consensus après des mois d’atermoiements de l’Allemagne sur ces questions à la suite des propositions du chef de l’Etat français Emmanuel Macron en septembre.

« Nous avons achevé aujourd’hui les discussions sur l’Europe et (…) nous sommes prêts à faire avancer l’Europe ensemble », a déclaré le président du SPD, Martin Schulz.

M. Schulz a assuré qu’un compromis avait été scellé « pour un budget d’investissement pour la zone euro », une proposition de M. Macron.

Le président du SPD a même proclamé « la fin du diktat des économies » budgétaires en Europe. Reste à voir ce que le contrat de coalition allemand dira précisément sur le sujet, si un accord est bien scellé.

Les conservateurs d’Angela Merkel redoutent qu’un tel budget aboutisse à ce que les pays rigoureux en matière de finances publiques payent pour les écarts des Etats laxistes. Un accord préliminaire conclu en janvier entre démocrates-chrétiens et sociaux-démocrates allemands ouvrait la porte pour la première fois à une ébauche de budget de la zone euro mais pour un montant limité.

M. Schulz a aussi évoqué un accord sur une « imposition juste » des « géants de l’internet Google, Apple, Facebook et Amazon en Europe ».

Mais d’autres sujets chers au SPD continuent de poser problème: la réforme du système d’assurance santé pour réduire les inégalités entre assurés publics et privés, et l’encadrement strict des contrats de travail à durée déterminée. Sur ces points, les négociations restent compliquées.

En outre, les deux camps se disputent sur le montant des dépenses militaires dans les années à venir, alors que l’Allemagne est au sein de l’Otan sous pression des Etats-Unis de Donald Trump pour délier les cordons de la bourse.

SPD sous pression

Les sociaux-démocrates doivent à tout prix obtenir des concessions visibles, sous peine de voir leur base rejeter au final l’accord de coalition. Les 440.000 militants du parti auront le dernier mot lors d’un vote interne et ils restent très divisés.

Après avoir déjà essuyé une défaite d’ampleur historique aux législatives, le plus vieux parti d’Allemagne continue depuis des semaines à reculer dans les sondages.

Il n’est crédité que de 17% dans un dernier sondage de l’institut INSA publié lundi, les conservateurs reculant eux à 30,5%. Ensemble, ils ne représentent plus la majorité des Allemands.

Si l’accord devait être rejeté par le SPD, la chancelière devra, soit se résoudre à un instable gouvernement minoritaire, soit accepter l’organisation de nouvelles élections à haut risque qui pourraient profiter avant tout l’extrême droite. Chacun des deux scénarios serait une première en Allemagne depuis 1945.

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