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L’adoption formelle du plan d’aide à la Grèce se transforme en parcours d’obstacles

Le Vif

Le débat au Parlement grec sur le troisième plan d’aide au pays en cinq ans était toujours en cours vendredi à 08h00 (heure locale) à Athènes, sur fond de révolte de membres éminents de Syriza, après près de 24 heures de discussions consécutives, et à quelques heures de l’Eurogroupe censé entériner le projet.

L’adoption rapide du plan par les ministres des Finances de la zone euro lors de cette réunion semblait aussi menacée par « les questions » que se pose encore Berlin, tandis que le FMI mettait désormais des conditions très nettes à sa participation financière.

Le débat parlementaire à Athènes, engagé en commissions depuis la matinée de jeudi, ne devait sans doute pas s’achever avant 07h00 GMT vendredi matin.

Les parlementaires grecs sont habitués aux séances nocturnes.

Mais la durée exceptionnellement longue de celle-ci avait à voir, outre avec l’importance du sujet — un plan d’aide de 85 milliards d’euros sur trois ans, assorti de conditions drastiques, le troisième en cinq ans — avec la guérilla de procédure menée par la pointilleuse et virulente présidente du Parlement, Zoé Konstantopoulou, membre du parti de gauche radicale au pouvoir Syriza, mais farouchement opposée au plan et décidée à faire durer les débats le plus longtemps possible.

A 05H00 GMT, après s’être absentée quelques heures, Mme Konstantopoulou est revenue en séance pour expliquer le projet de loi était « anticonstitutionnel ».

Et elle a très clairement pris ses distances avec M. Tsipras. « Je ne défendrai plus le Premier ministre, a-t-elle dit, qui a rejoint la liste des Premiers ministres des plans de sauvetage de la Grèce, en jetant ses camarades aux chiens, ce qui me fait mal ».

Un peu plus tôt, le ministre des Finances Euclide Tsakalotos avait plaidé pour sa part pour qu’on presse le pas. « C’est simple, a-t-il dit, l’Eurogroupe est à 16h00 demain (15h00 à Bruxelles), et sans (le vote grec) l’Eurogroupe ne prendra pas de décision » sur l’accord.

Après des mois de procrastination, notamment sous l’ancien ministre des Finances Yanis Varoufakis, un gouvernement Tsipras remanié a avancé à marche forcée ces derniers jours pour conclure en début de semaine le plan avec les créanciers du pays (UE, FMI, BCE, Système européen de stabilité), qui ont unanimement salué cette bonne volonté nouvelle.

Grâce à un premier versement d’une vingtaine de milliards d’euros dans les prochains jours, Athènes pourrait honorer un remboursement essentiel de 3,4 milliards d’euros à la BCE, le 20, et commencer à rembourser les fournisseurs de l’Etat qui n’ont pas été payés depuis des mois.

Questions et décisions

Faute d’accord à l’Eurogroupe, les Grecs devront se contenter d’un prêt-relais, et subir sans doute de nouvelles discussions, et de nouvelles demandes d’engagement. Situation que le gouvernement souhaite éviter à tout prix.

L’Allemagne est ainsi partisane d’un tel prêt-relais. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a d’ores et déjà fait savoir qu’il aurait « des questions » à poser à l’Eurogroupe sur le plan.

Il y avait en fait peu de suspense sur l’adoption du texte par le Parlement grec, une feuille de route jusqu’à 2018 mêlant mesures budgétaires et réformes structurelles.

Trois grands partis d’opposition (Nouvelle Démocratie, conservateur, Pasok, socialiste, et Potami, centre-gauche) vont en effet apporter la plupart de leurs 106 voix (sur 300).

Mais Alexis Tsipras allait de nouveau être confronté à la fracture que crée ce nouveau programme d’austérité à l’intérieur de son parti. Déjà, lors de deux votes liés à ce plan au mois de juillet, il avait perdu sa majorité parlementaire.

Outre Mme Konstantopoulou, et vraisemblablement M. Varoufakis, une autre figure de Syriza s’apprêtait à voter contre le plan : l’ancien ministre de l’Energie pro-drachme, Panagiotis Lafazanis, qui a appelé jeudi à la création d’un mouvement national anti-austérité. Le gouvernement a sèchement pris acte que « les chemins s’écartaient ».

Dans ce climat, la perspective d’élections anticipées à l’automne prend de plus en plus corps, pour un premier ministre qui reste très populaire.

Pour compliquer encore les choses, le FMI, qui brandit cette menace depuis des mois, a clairement indiqué jeudi soir que, tout en étant favorable au plan d’aide à la rédaction duquel il a participé, il verrait dans les prochaines semaines seulement s’il s’y associerait financièrement.

Cela dépendra, a-t-il dit, des « décisions » que les Européens prendront sur l’allègement de la dette grecque, qu’à 170% du PIB, et plus encore avec le nouvel accord, l’institution de Washington considère comme beaucoup trop élevée pour prêter encore de l’argent à Athènes.

Cette position ferme ne manquera pas d’embarrasser les participants de l’Eurogroupe, Allemagne en tête, qui exigent la participation du FMI au plan d’aide mais se montrent extrêmement réticents à alléger la dette grecque.

Avec l’Afp

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