Ri Tong-Il, ex-député ambassadeur de la Corée du Nord à l'ONU, s'adresse à la presse après l'assassinat de Kim Jong-Nam. © AFP/Mohd Rasfan

Kim Jong-Un a-t-il fait assassiner son demi-frère? Ce que l’on sait, un mois après

Le Vif

L’assassinat il y a un mois du demi-frère en exil du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un à l’aéroport international de Kuala Lumpur avec un produit toxique mortel a provoqué une grave crise diplomatique entre la Malaisie et la Corée du Nord.

Voici ce que l’on sait et ce que l’on ignore au sujet de l’enquête sur la mort de Kim Jong-Nam, à l’âge de 45 ans.

Ce qui s’est passé

Le 13 février, Kim Jong-Nam attend un avion pour Macao à l’aéroport de Kuala Lumpur. Soudain, deux femmes s’approchent de lui, selon des images des caméras de surveillance. L’une l’attrape par derrière et lui frotte le visage avec un morceau de tissu.

La victime décède quelques minutes plus tard. Des traces de VX, un agent neurotoxique classé comme arme de destruction massive, sont découvertes sur son visage lors d’examens médico-légaux.

Les deux suspectes, Siti Aishah, une Indonésienne de 25 ans, et Doan Thi Huong, une Vietnamienne de 28 ans, sont arrêtées peu après et inculpées d’assassinat.

Qui est derrière l’attaque?

Depuis le début, la Corée du Sud accuse son voisin du Nord, citant un « ordre permanent » de Kim Jong-Un pour éliminer son demi-frère, un critique du régime qui vivait en exil.

Pyongyang n’a jamais confirmé l’identité de la victime et rejette farouchement ces accusations.

Où en est l’enquête?

La police malaisienne recherche sept suspects nord-coréens. Quatre d’entre eux ont quitté la Malaisie le jour du crime, et les trois autres se cachent apparemment à l’ambassade de Corée du Nord à Kuala Lumpur.

Parmi ces trois derniers figurent un employé d’une compagnie aérienne nord-coréenne, Kim Uk Il, et le deuxième, Hyon Kwang Song, secrétaire à l’ambassade, protégé par son statut de diplomate.

Pourquoi la famille de Kim refuse de venir?

L’épouse et les enfants de Kim Jong-Nam, qui vivaient en exil à Macao, région administrative de Chine, ont volontairement disparu après l’assassinat, dans la crainte que Kim Han-Sol, fils de 21 ans du défunt, puisse être le prochain visé. La Corée du Nord a multiplié les purges depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un en 2011.

Dans une vidéo diffusée début mars, Kim San-Hol a indiqué qu’il était en compagnie de sa mère et sa soeur, sans préciser où il se trouvait ni réclamer le corps de son père.

Ce qu’on ne sait pas non plus

Qui sont les commanditaires de l’assassinat? Les deux suspectes affirment avoir été dupées. L’Indonésienne a déclaré avoir reçu l’équivalent de 90 dollars (85 euros) pour prendre part à ce qu’elle pensait être une émission de télévision de type caméra cachée, et que la substance était de « l’huile pour bébé ». La police a malaisienne affirme qu’elles savaient ce qu’elles faisaient.

D’où vient le VX, un puissant agent neurotoxique interdit? La Corée du Nord en possède, selon des experts, mais l’enquête n’a pas établi comment les deux femmes ont pu en obtenir.

Pourquoi les relations diplomatiques se sont-elles détériorées très vite?

Pyongyang et Kuala Lumpur ont entretenu de bonnes relations pendant des années, mais les tensions se sont rapidement accrues quand la Corée du Nord a critiqué l’enquête malaisienne et dénoncé une tentative de nuire ainsi au régime de Pyongyang, affirmant à plusieurs reprises que Kim Jong-Nam avait succombé à une crise cardiaque.

En conséquence, la Malaisie a expulsé l’ambassadeur de Corée du Nord. Pyongyang a riposté en expulsant l’ambassadeur malaisien et a ensuite interdit aux Malaisiens de quitter le pays. Une initiative à laquelle a aussitôt répliqué Kuala Lumpur en adoptant la même mesure.

Neuf Malaisiens – trois membres de l’ambassade et leurs familles – se trouvent à Pyongyang, tandis que des centaines de Coréens du Nord seraient en Malaisie.

Et maintenant?

La Malaisie espère ouvrir des négociations avec la Corée du Nord cette semaine pour obtenir que ses ressortissants puissent quitter Pyongyang et régler le problème du corps de la victime, réclamé par le régime nord-coréen. Ce que Kuala Lumpur a jusqu’ici refusé, répétant que la dépouille serait remise seulement à un membre de la famille.

Les deux suspectes sont convoquées devant un tribunal le 13 avril, soit deux mois après l’assassinat. Elles risquent la peine de mort par pendaison.

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