Corbyn et Johnson © Reuters

Johnson et Corbyn s’écharpent sur le Brexit

Le Vif

Le dirigeant britannique Boris Johnson et le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn se sont écharpés mardi en se présentant chacun comme l’homme de la situation pour résoudre le casse-tête du Brexit, au centre de la campagne des législatives du 12 décembre.

Le Premier ministre conservateur a ouvert les hostilités en adressant une lettre au leader travailliste, dans laquelle il lui demande de clarifier sa position ambiguë sur la sortie de l’Union européenne. Celle-ci n’a toujours pas été mise en oeuvre plus de trois ans après son vote à 52% par référendum en 2016.

« Quand ils choisiront leur prochain Premier ministre, les électeurs méritent d’avoir une image précise de ce que chaque dirigeant potentiel fera en ce qui concerne le Brexit », a-t-il écrit dans cette missive publiée par ses services. « Durant des mois, vous avez refusé de dire quelle sorte d’+accord+ vous voulez avec l’UE. Le temps est maintenu venu de clarifier et d’expliquer ce qu’est réellement votre projet », a ajouté le dirigeant conservateur.

Les partis politiques sont entrés dans le vif du sujet mardi, à la veille de la dissolution du Parlement mercredi, cinq semaines avant le scrutin anticipé censé déboucher sur une nouvelle chambre où se sera dégagée une majorité sur la forme que doit prendre le Brexit.

Devant des militants conquis à Harlow (sud de Londres), Jeremy Corbyn n’a pas tardé à répliquer, bien décidé à ravir les clés du 10, Downing Street à son adversaire conservateur.

Il l’a accusé de vouloir « détourner » le Brexit pour raboter les droits des travailleurs et ouvrir le servic public de santé britannique (NHS) au secteur privé américain, dans le cadre d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis.

« Pour beaucoup dans le Parti conservateur, c’est ce dont il a toujours été question à propos du Brexit: faire marche arrière sur les bénéfices obtenus de haute lutte par la classe ouvrière durant des générations », a-t-il dénoncé, évoquant du « thatchérisme sur stéroïdes ».

Raillant la promesse non tenue de Boris Johnson de quitter l’UE le 31 octobre, après avoir été contraint de demander aux Européens un nouveau délai de trois mois – le 3e report -, Jeremy Corbyn a promis de résoudre le casse-tête « en six mois » s’il arrive au pouvoir.

Il a dit vouloir négocier avec Bruxelles un nouvel accord de divorce « en trois mois », qui prévoirait une forme d’union douanière avec l’Union européenne. Il le soumettrait ensuite à un référendum qui proposerait aussi aux électeurs la possibilité de rester dans le giron européen. Mais lui-même s’est gardé de dire quelle option avait sa préférence.

Ce délai est « réaliste », a-t-il assuré. « Nous ne le dirions pas si nous pensions que ce n’était pas faisable et possible ».

« Votre position actuelle semble être que vous voulez retourner à la case départ », a dénoncé Boris Johnson dans sa lettre. Selon lui, l’accord de retrait qu’il a conclu en octobre avec Bruxelles est le seul moyen de « réaliser le Brexit » et d’enfin pouvoir se concentrer sur les thématiques de politique intérieure comme la santé, l’éducation ou la sécurité.

Se distançant catégoriquement des leaders conservateur et travailliste, contre qui elle a mené la charge et qu’elle a jugés « inaptes » à être Premier ministre, l’europhile cheffe des libéraux-démocrates Jo Swinson s’est elle engagée à arrêter le Brexit si elle accède au pouvoir, en donnant le coup d’envoi officiel de sa campagne électorale mardi à Londres.

« Le Labour comme les conservateurs veulent négocier et réaliser le Brexit ». Or, « tout type de Brexit portera atteinte à notre économie », a-t-elle mis en garde, promettant d’investir dans les services publics « un bonus de 50 milliards de livres » (58 milliards d’euros) que permettrait selon elle de dégager le maintien dans l’UE.

Elle s’est dite convaincue que ces élections pouvaient entraîner un « changement sismique » de la politique britannique, espérant surfer sur le regain de popularité des libéraux-démocrates, qui disposent actuellement de 20 sièges sur 650 à la Chambre des communes.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire