portrait d'Elor Azaria © Reuters

Israël: le cas emblématique du soldat Elor Azaria

Le Vif

La justice israélienne annoncera mardi la peine retenue contre Elor Azaria, un soldat franco-israélien de 21 ans reconnu coupable d’avoir achevé un assaillant palestinien blessé et au sol en Cisjordanie occupée.

Qui est Elor Azaria et pourquoi son procès fait-il tant de bruit?

Qu’a-t-il fait?

Le 24 mars 2016, Elor Azaria, aux premiers mois de son service militaire, est positionné avec son unité dans le sud de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 50 ans par Israël.

A Hébron, grande ville palestinienne du sud de la Cisjordanie et foyer de violences, deux Palestiniens tentent apparemment de poignarder un soldat israélien. L’un est mortellement touché par des tirs, le second, Abdel Fattah al-Charif, 21 ans, est blessé et s’écroule au sol. Quelques minutes après l’attaque, Elor Azaria arrive. Il vise Abdel Fattah al-Charif à la tête et tire, alors que celui-ci ne bouge visiblement pas. Cette séquence, filmée par une organisation de défense des droits de l’Homme, est rapidement partagée de très nombreuses fois. Les dirigeants palestiniens dénoncent une « exécution » et l’armée israélienne arrête Elor Azaria, avant de l’inculper.

– Le procès –

Durant les huit mois d’audiences, ses avocats ont plaidé qu’Elor Azaria pensait qu’Abdel Fattah al-Charif était toujours une menace pour ses camarades car il pouvait porter une ceinture explosive.

Ils ont également plaidé que le jeune homme était peut-être déjà mort quand Elor Azaria a tiré.

Le procureur, lui, affirme qu’Elor Azaria a tué Abdel Fattah al-Charif délibérément, qu’il ne répondait pas à une provocation et qu’il n’avait reçu aucun ordre en ce sens de ses supérieurs.

« J’ai lu des milliers de pages et je n’ai jamais trouvé nulle part, ni en Israël ni ailleurs, un document déclarant que tirer sur une personne déjà touchée et blessée depuis plusieurs minutes était légal », a lancé en novembre le procureur Nadav Weissman.

– Qu’a dit la cour? –

Le 4 janvier, la justice a déclaré Elor Azaria coupable d’homicide volontaire et estimé qu’elle n’avait trouvé aucune raison valable expliquant son tir.

« La raison (…) est qu’il estimait que le terroriste devait mourir », a affirmé la juge Maya Heller, colonel de l’armée israélienne, qualifiant le témoignage du soldat de « changeant et peu clair ».

Fin janvier, le procureur militaire a requis entre trois et cinq ans de prison.

Sa famille en revanche réclame la clémence en arguant que les dix mois qu’il a déjà passé en prison suffisent.

– Quelles réactions en Israël? –

Son procès a profondément divisé Israël: la droite le défend tandis que jusqu’au plus haut de l’armée, des voix s’élèvent pour dénoncer son acte.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a d’abord condamné avant, sous la pression de sa coalition gouvernementale –la plus à droite de l’histoire d’Israël–, d’appeler les parents d’Elor Azaria.

Après qu’Elor Azaria a été reconnu coupable en janvier, M. Netanyahu s’est prononcé pour une grâce, une prérogative qu’il ne possède pas et qui revient au président Reuven Rivlin.

L’état-major en revanche plaide pour punir les soldats en infraction avec la loi afin de ne pas attenter à la réputation de l’armée.

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