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Israël : des élections très incertaines

Les Israéliens élisent leur nouveau parlement mardi lors d’élections très incertaines qui diront s’ils veulent encore de Benjamin Netanyahu comme Premier ministre ou si l’heure du changement a sonné au bout de six ans. Cela a tout d’un référendum pour ou contre M. Netanyahu.

A partir de 06h00 heure belge et jusqu’à 21h00, 5,88 millions d’électeurs israéliens sont appelés à choisir leurs 120 députés dans plus de 10.000 bureaux de vote ouverts dans les écoles, les hôpitaux ou même les prisons à travers le pays. Ils devraient avoir une idée précise de la formation de leur 20e Knesset dans la nuit de mardi à mercredi. Les premiers sondages à la sortie des bureaux de vote sont attendus sur les télévisions immédiatement après la fermeture des bureaux à 21h00 heure belge. Les résultats définitifs pourraient être publiés d’ici à jeudi après-midi, dit la commission électorale. Pour autant, les Israéliens risquent de devoir attendre plusieurs semaines la réponse à la question cruciale du nom de leur prochain Premier ministre: Benjamin Netanyahu, qui a donné un sévère coup de barre à droite dans les dernières heures de la campagne, son principal adversaire Isaac Herzog, qui deviendrait le premier chef de gouvernement travailliste depuis Ehud Barak en 2001, ou peut-être un autre en fonction d’une arithmétique politique délicate ?

Etant donné la dispersion des voix entre environ 25 listes en compétition et la complexité des alliances possibles entre les 11 d’entre elles (de droite, de gauche, du centre, ultra-orthodoxes et arabe) qui devraient avoir des élus, le vote de mardi pourrait n’être que le prélude à d’intenses tractations pour la formation d’un gouvernement. Avec le système israélien, ce n’est pas nécessairement le chef de la liste arrivée en tête qui sera appelé le premier par le président Reuven Rivlin à tenter de former un gouvernement mais celui, parmi les 120 députés élus, qui sera le plus à même de constituer une coalition.

Un référendum pour ou contre M. Netanyahu

Les législatives sont dans une large mesure un référendum pour ou contre M. Netanyahu, 65 ans, Premier ministre depuis mars 2009, et au pouvoir pendant presque une décennie en comptant le premier de ses trois mandats, de 1996 à 1999. Le futur Premier ministre est appelé à une tâche sans mesure avec les dimensions d’un Etat de huit millions d’habitants: protéger le pays contre les menaces de guerre au nord et au sud, parer les progrès du djihadisme et de l’influence iranienne, affronter l’offensive diplomatique palestinienne, faire pièce aux pressions internationales de toutes sortes, restaurer les liens avec le grand allié américain; et en même temps préserver une vitalité économique enviée, tout en combattant les disparités sociales parmi les plus grandes des pays développés.

Au cours de la campagne, M. Netanyahu s’est posé en garant de la sécurité d’un pays qui, officiellement, a livré huit guerres depuis sa création en 1948. Mais ses discours alarmistes, son intervention exceptionnelle devant le Congrès américain sur le nucléaire iranien n’ont pas suffi: les derniers sondages autorisés accordaient une avance solide de quatre sièges (25 ou 26 mandats sur 120) à la liste Union sioniste conduite par M. Herzog, 54 ans, allié à la centriste Tzipi Livni, 56 ans. M. Herzog et Mme Livni ont attaqué M. Netanyahu de préférence sur le terrain de la cherté de la vie, du prix des logements et des inégalités.

A l’approche des élections, M. Netanyahu s’est démené pour ramener au bercail les déçus de son parti, le Likoud, et rallier les indécis. Les uns comme les autres pourraient être tentés par les listes qui ratissent au centre: le Yesh Atid de Yaïr Lapid ou Koulanou, la liste de Moshé Kahlon, un ancien du Likoud à qui tout le monde ou presque prédit le rôle de faiseur de roi. En bout de course, M. Netanyahu a promis à M. Kahlon le portefeuille des finances s’il reste Premier ministre. M. Kahlon s’est jalousement gardé de dire qui il soutiendrait après les élections.

Lundi, M. Netanyahu a fait monter les enchères aux dépens des Palestiniens en déclarant qu’ils n’auraient pas d’Etat indépendant s’il demeurait à la tête du gouvernement. Devant l’extrême difficulté prévisible à forger une coalition, les experts s’interrogent sur la possibilité d’un gouvernement d’union nationale entre le Likoud et le Parti travailliste. Il s’agirait d’en finir avec une instabilité chronique. Ces élections ont lieu deux ans plus tôt que prévu parce que M. Netanyahu estimait ne plus maîtriser sa coalition.

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