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Israël a évacué 800 Casques blancs syriens et leur famille

Le Vif

Des centaines de secouristes des Casques blancs, ces volontaires candidats au prix Nobel de la paix en 2016 engagés dans les zones rebelles en Syrie, ont été évacués via Israël vers la Jordanie, face à l’offensive des forces du régime dans le sud syrien.

L’évacuation intervient alors que le pouvoir de Bachar al-Assad est sur le point, avec l’aide de son allié russe, de reprendre aux rebelles les derniers secteurs qu’ils contrôlent dans le sud syrien –notamment dans la province de Qouneitra qui borde la partie du Golan occupée par Israël.

Cette mesure a été réclamée par la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Canada, trois pays qui ont apporté un soutien aux Casques blancs, devenus célèbres pour leurs opérations de sauvetage dans les zones rebelles de Syrie où le conflit a fait plus de 350.000 morts depuis 2011.

Samedi matin, la radio militaire israélienne a annoncé que 800 Syriens, des membres des Casques blancs et leur famille, avaient été évacués vers Israël puis transférés en Jordanie, sans préciser la date de l’opération.

Les autorités d’Amman ont indiqué de leur côté avoir autorisé l’ONU à organiser « le passage d’environ 800 citoyens syriens à travers la Jordanie pour qu’ils soient réinstallés dans des pays occidentaux après une demande (…) de la Grande-Bretagne, l’Allemagne et du Canada », selon le porte-parole des Affaires étrangères, Mohammed al-Kayed.

Interrogé par l’AFP, le chef des Casques blancs, Raëd Saleh, a confirmé qu' »un certain nombre de bénévoles », sans donner leur nombre, « avaient été évacués avec leurs familles pour des raisons purement humanitaires ».

– « Protection immédiate » –

Selon lui, les Casques blancs étaient pris au piège dans les provinces de Qouneitra et Deraa, où le régime mène son offensive.

Ils étaient en danger en raison des « menaces répétées contre eux par la Russie et le régime », a-t-il précisé. Moscou et Damas accusent en effet les secouristes d’être liés à des groupes jihadistes et de véhiculer des « mensonges » quant aux opérations militaires du pouvoir syrien.

Les forces gouvernementales contrôlent désormais l’immense majorité des provinces de Deraa et de Qouneitra, à la faveur d’une offensive militaire lancée le 19 juin ayant donné lieu à des accords de capitulation négociés par Moscou.

Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères a confirmé sur Twitter « une opération humanitaire » pour évacuer les secouristes.

Les 800 Syriens doivent être hébergés en Jordanie pour une période de trois mois maximum, avant d’être transférés vers la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Canada, selon le porte-parole des Affaires étrangères d’Amman.

La Jordanie a accepté de les accueillir « pour des raisons purement humanitaires (…) en raison du risque pour leur vie », a-t-il assuré, soulignant l’engagement d’Amman à accomplir son devoir humanitaire malgré le fardeau que représente la présence d’un grand nombre de réfugiés syriens pour le royaume.

– « Bravoure et altruisme » –

Quelque 650.000 réfugiés syriens ont été enregistrés auprès des Nations unies en Jordanie depuis le déclenchement de la guerre dans leur pays en 2011, mais Amman évalue leur nombre à près d’1,3 million.

A Londres, le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt et la ministre du Développement international Penny Mordaunt ont affirmé que les Casques blancs avaient été « la cible d’attaques ». « Nous avons estimé (…) que les volontaires avaient besoin d’une protection immédiate », ont-t-il ajouté dans un communiqué conjoint.

A Berlin, une source diplomatique a confirmé à l’AFP que « l’Allemagne participera avec plusieurs partenaires internationaux à l’accueil des Casques blancs évacués ». Depuis 2016, Berlin a financé le groupe à hauteur de 12 millions d’euros, selon la même source.

La ministre des Affaires étrangères canadienne Chrystia Freeland a déclaré de son côté que « le Canada, en étroite collaboration avec le Royaume-Uni et l’Allemagne, mène un effort international afin d’assurer la sécurité des Casques blancs et de leurs familles. »

« Le Canada est un partenaire clé des Casques blancs (…) Nous ressentons une responsabilité morale profonde envers ces personnes qui font preuve de bravoure et d’altruisme », a-t-elle dit.

Bénévoles, les Casques blancs sont sortis de l’anonymat grâce à des vidéos poignantes relayées sur les réseaux sociaux, les montrant, casques sur la tête, se ruer sur les lieux bombardés pour extraire des survivants, surtout des enfants, ensevelis sous les décombres des immeubles détruits par les bombardements du régime ou de son allié russe.

Ces secouristes insistent sur leur neutralité et leur non affiliation avec un groupe politique ou armé.

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