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Iran : ouverture des bureaux de vote pour l’élection présidentielle

Le Vif

Le scrutin pour l’élection présidentielle iranienne s’est ouvert vendredi à 8h locales (5h30, heure belge). Le vainqueur succédera à Mahmoud Ahmadinejad, quatre ans après sa réélection contestée.

Les Iraniens élisent vendredi un nouveau président lors d’un scrutin que les réformateurs, mobilisés autour d’un unique candidat, aspirent à remporter face à des conservateurs divisés, quatre ans après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad.

Le guide suprême Ali Khamenei, l’un des premiers à voter, a appelé à participer massivement au scrutin. « La prospérité et le bonheur du pays dépend de votre choix de la bonne personne et de votre participation à l’élection », a-t-il dit, accusant « les ennemis » de « tenter de dissuader » les Iraniens de voter.

A l’étranger, le Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme en Iran, Ahmed Shaheed, a estimé que le climat politique en Iran ne permettait pas de qualifier les élections de « libres et équitables », alors que Washington a minimisé la signification du scrutin dans le dossier nucléaire.

Plus de 50,5 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour désigner pour quatre ans un successeur à M. Ahmadinejad qui ne peut pas briguer un troisième mandat consécutif.

Les bureaux de vote ont ouvert à 8h locales (3h30 GMT) et doivent fermer dix heures plus tard. Une prolongation jusqu’à minuit (19h30 GMT) peut être décidée en cas de grande affluence. Les Iraniens élisent également leurs conseils municipaux.

Un candidat modéré, trois candidats conservateurs

L’élection se joue entre Hassan Rohani, un religieux modéré de 64 ans et candidat unique des modérés et réformateurs, et trois candidats conservateurs qui se sont détachés: l’ex-chef de la diplomatie Ali Akbar Velayati, le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf et le chef des négociateurs nucléaires Saïd Jalili.

Deux autres candidats, Mohsen Rezaï et Mohammad Gharazi n’ont pratiquement aucune chance.

Un second tour aura lieu le 21 juin si aucun des six candidats n’obtient 50,1% des voix.

Les premiers résultats pourraient être annoncés samedi. Mais le Conseil des gardiens de la Constitution, chargé de superviser le scrutin, a prévenu que cette annonce serait « faite par le ministère de l’Intérieur et personne n’a le droit de se déclarer vainqueur avant ».

Quatre ans après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad

En 2009, le candidat réformateur Mir Hossein Moussavi avait annoncé sa victoire peu après le scrutin mais M. Ahmadinejad avait été ensuite déclaré officiellement vainqueur.

Les deux camps ont appelé à une participation massive, l’un pour tenter d’apporter du changement, l’autre pour montrer la force du régime accusé d’avoir verrouillé l’élection.

« Les rumeurs selon lesquelles le président est déjà choisi sont un mensonge. Le président est élu par le vote des électeurs », a assuré M. Rohani, soutenu par les ex-présidents Mohammad Khatami et Akbar Hachémi Rafsandjani qui continuent d’avoir un important poids politique.

Pour les réformateurs et modérés, l’enjeu est de mobiliser les abstentionnistes qui avaient manifesté contre la réélection de M. Ahmadinejad après des accusations de fraudes. La contestation avait été réprimée et les candidats réformateurs malheureux, M. Moussavi et Mehdi Karoubi, sont en résidence surveillée depuis 2011.

« Une voix dans l’avenir de mon pays »

« Je vote car je veux avoir une voix dans l’avenir de mon pays », a déclaré à l’AFP Mehrdad, 22 ans, à la sortie d’un bureau à Punak à Téhéran.

A ses côtés, une électrice de 50 ans a assuré avoir choisi M. Ghalibaf « car c’est un bon maire. J’espère que les promesses qu’il a faites deviendront réalité ».

La campagne avait été dominée par la crise nucléaire et les sanctions internationales qui ont plongé l’Iran dans la crise – plus de 30% d’inflation, perte de valeur du rial de près de 70%, hausse du chômage. Les Occidentaux et Israël accusent l’Iran de tenter de se doter de l’arme atomique sous couvert d’un programme civil, ce qu’il nie.

Les tensions ont augmenté avec l’Occident en raison du soutien de l’Iran au régime contesté en Syrie.

M. Rohani, négociateur en chef nucléaire sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami, prône une politique de souplesse dans les négociations avec les grandes puissances afin de réduire l’impact des sanctions.

Dans le camp opposé, M. Velayati prône « le compromis et l’entente » en politique étrangère alors que Saïd Jalili, représentant du guide dans ces négociations, refuse toute « concession ».

M. Ghalibaf, en tête des rares sondages publiés, a exprimé une totale allégeance à l’ayatollah Khamenei, accusant M. Rohani de vouloir faire des concessions aux Occidentaux.

En 2003, alors que M. Rohani dirigeait les discussions, l’Iran avait accepté de suspendre son programme d’enrichissement d’uranium relancé après 2005.

Mais pour Israël, ennemi juré de l’Iran, l’élection ne changera rien. « Il y aura toujours un seul homme au pouvoir, cherchant la puissance nucléaire », a dit le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Le président est le deuxième personnage de l’Etat mais les dossiers stratégiques, comme le nucléaire, sont sous l’autorité directe du guide.

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