Le réformiste Hassan Rohani tente de s'affranchir de la tutelle hostile de l'ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la révolution (ici, en portrait). © A. Kenare/AFP

Iran: Le président rappelle les leçons de 1979

Le Vif

Les dirigeants iraniens pourraient connaître le même sort que le dernier chah d’Iran s’ils ignorent le mécontentement populaire, a laissé entendre mercredi le président iranien Hassan Rohani, tout en assurant que le peuple se battrait pour préserver « à jamais la République islamique ».

M. Rohani a tenu ces propos lors d’un discours télévisé au mausolée de l’Imam Khomeiny, fondateur de la République islamique, à la veille de dix jours de commémorations nationales du 39e anniversaire du 22 Bahman, date de la chute du régime du chah Mohammad Reza Pahlavi dans le calendrier iranien (11 février 1979).

« Tous les dirigeants du pays devraient écouter les exigences et les souhaits du peuple », a déclaré M. Rohani, « le régime précédent (…) a tout perdu précisément parce qu’il n’a pas écouté la voix et les critiques de la population. »

Le chah « n’a pas écouté les conseils du peuple. Il n’a pas plus écouté les voix des réformateurs, de ses conseillers, des universitaires, de l’élite et des gens instruits », a ajouté le président iranien.

Plusieurs dizaines de villes d’Iran ont été touchées par des troubles autour du Nouvel An. Selon les autorités, 25 personnes ont été tuées dans des violences lors de manifestations non autorisées contre le pouvoir, les difficultés économiques et la corruption.

Fait sans précédent, ces jours-ci, une dizaine de femmes ont par ailleurs dénoncé de manière individuelle dans la rue l’obligation qui leur est faite de porter le voile islamique dans l’espace public, selon des photos diffusées sur les réseaux sociaux.

Conservateur modéré réélu en mai avec le soutien des réformateurs, M. Rohani plaide régulièrement pour davantage de droits civiques en Iran, mais de nombreuses voix qui espéraient des changements par son intermédiaire se font entendre aujourd’hui pour dire leur déception.

Les récents troubles ont exacerbé les tensions au sein du pouvoir iranien entre le président et les autres institutions, tenues par les ultraconservateurs, qui dénoncent sa politique d’ouverture.

Réaffirmant son allégeance à l' »héritage » de Khomeiny, M. Rohani a néanmoins assuré que le peuple iranien, qui « a conquis son indépendance et sa liberté et la préservera, sauvegardera à jamais la République islamique ».

« Aussi longtemps que le peuple chérira la culture de l’islam et l’Iran, et qu’il préservera son unité nationale, aucune superpuissance ne pourra changer le destin de cette nation », a-t-il ajouté, dans une allusion aux États-Unis, perçus à Téhéran comme l’ennemi numéro un.

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