Locals walk among the debris-ridden streets as heavy rain and flash floods hit Sant Llorenc de Cardassar on the island of Mallorca, Spain, October 10, 2018. REUTERS/Enrique Calvo - RC1D11A71E00 © REUTERS/Enrique Calvo

Inondations à Majorque: « L’eau est montée de deux mètres en trente secondes »

Le Vif

Dix personnes sont mortes et un enfant était toujours porté disparu après des inondations qui ont dévasté dans la nuit de mardi à mercredi une zone de l’est de Majorque, la principale île du très touristique archipel espagnol des Baléares.

Les victimes sont « un couple britannique et une femme néerlandaise », « deux femmes et quatre hommes espagnols » et « un homme probablement étranger qui n’a pas encore pu être identifié », ont expliqué mercredi dans la soirée les services d’urgence des Baléares.

Un enfant restait en revanche porté disparu, avaient dit plus tôt ces services qui informent sur la situation en catalan, espagnol, anglais et allemand, signe du nombre important de Britanniques et d’Allemands présents dans l’île.

Nadal pour prêter main forte

Le village de Sant Llorenç des Cardassar, le plus touché, a été dévasté par les eaux d’un torrent, normalement asséché, qui a débordé après des pluies diluviennes et a tout emporté sur son passage, a constaté un journaliste de l’AFP sur place.

De nombreuses voitures étaient complètement détruites, des monceaux de détritus et de débris de meubles jonchaient les rues pleines de boue, des arbres étaient arrachés tandis que les riverains et de nombreux volontaires venus des villages environnant enlevaient l’eau des maisons.

La star du tennis Rafael Nadal, originaire de la ville voisine de Manacor, est venue prêter main forte durant « plusieurs heures », ont indiqué à l’AFP Pedro Sanchez, habitant de Sant Llorenç, et Jose Daniel Capo, venu d’un village voisin.

Située à une soixantaine de kilomètres de Palma de Majorque, capitale des Baléares qui ont reçu l’an dernier 13,8 millions de touristes étrangers, la zone touchée compte de nombreux logements touristiques.

Inondations à Majorque:
© REUTERS/Enrique Calvo

L’eau est montée en trente secondes

Les pluies, qui sont tombées en quelques heures, ont pris tout le monde de court par leur intensité. « 220 litres de pluie par mètre carré sont tombés », a détaillé le gouvernement régional des Baléares.

« J’étais en train de filmer la crue avec mon téléphone portable et suis allé chercher ma voiture quand l’eau a commencé à faire bouger la voiture et est montée de deux mètres en trente secondes. Heureusement que j’étais collé à un mur, j’ai pu sortir par la fenêtre et je me suis réfugié sur le toit de la maison d’un voisin », a raconté Pedro Sanchez à l’AFP. Un toit d’où il a vu sa voiture partir avec le courant.

Plus de 600 personnes participent aux opérations de recherche des disparus et de prise en charge des victimes, selon les autorités locales. Une centaine de renforts avec deux hélicoptères, huit véhicules et des chiens sont arrivés mercredi matin sur l’île, selon l’Unité militaire d’urgence espagnole.

En visite sur place, le chef du gouvernement Pedro Sanchez a souligné les « circonstances absolument extraordinaires du phénomène météorologique d’hier » et promis des fonds pour aider les victimes.

Trois jours de deuil

Le Palais royal a lui appelé à la « solidarité (…) de toute l’Espagne » face à la « désolation et la tragédie » vécue par les victimes.

La chambre des députés a observé une minute de silence à Madrid tandis que le gouvernement régional des Baléares a décrété trois jours de deuil.

Les autorités locales ont mis plusieurs gymnases des environs à la disposition des personnes privées de logements tandis que Rafael Nadal a de son côté proposé d’en héberger dans ses installations sportives. Une centaine de personnes avaient déjà dû être hébergées en urgence dans la nuit de mardi à mercredi.

Sant Llorenç, un village dévasté

Voitures encastrées, matelas trempés et décombres dans les rues, arbres déracinés. Sant Llorenç était dévasté mercredi après les inondations.

Inondations à Majorque:
© REUTERS/Enrique Calvo

Un torrent dont les eaux sont montées subitement mardi soir en raison des pluies diluviennes a pris de court les 8.000 habitants de ce village situé à quelque 10 kilomètres de la côte. Leur laissant à peine quelques secondes pour se mettre à l’abri du courant qui a tout emporté sur son passage.

L’un d’eux, Pedro Sanchez, raconte s’être réfugié dans sa voiture. « Mais j’ai vu que l’eau a commencé à me faire bouger et est montée de deux mètres en trente secondes. Heureusement, cela m’a rapproché d’un mur, j’ai pu sortir par la fenêtre et je me suis réfugié sur le toit de la maison d’un voisin », témoigne cet homme de 40 ans.

Dans une rue bouchée par un amas de sommiers et de décombres, il montre les images du courant d’eau marron qui a traversé la localité et emporté son véhicule et se dit chanceux d’avoir survécu.

« Elle est vivante, grâce à Dieu »

A Sant Llorenç, les dégâts sont omniprésents. Au milieu du va-et-vient des véhicules militaires, les habitants écopent l’eau et la boue épaisse entrées dans les maisons. Les rues sont pleines de branches, les arbres déracinés ont été mis sur le côté et les voitures détruites sont nombreuses.

Carmen Barco, la chemise et le pantalon recouverts de boue, raconte à l’AFP comment sa mère octogénaire a réussi à échapper à l’eau qui est entrée dans sa cuisine.

« Plus d’un mètre et demi d’eau est entré dans la maison. Elle a pu sortir par une fenêtre et monter dans la partie supérieure (de la maison) où elle a passé toute la nuit, à attendre », assure cette femme de 50 ans, qui vit à Palma de Majorque, la capitale de l’île, et est arrivée mercredi matin à Sant Llorenç pour aider sa mère.

« Il y a 40 cm de boue, tout est à jeter, les meubles, les habits, les photos. Mais elle est vivante, grâce à Dieu », ajoute-t-elle, remerciant les voisins et les volontaires arrivés des villages environnant.

Parmi eux, José Daniel Capó, un homme de 36 ans, directeur d’une discothèque dans le village voisin de Cala Millor. Arrivé à sept heures du matin, il a vu tout de suite le « désastre » : « Toutes les maisons étaient inondées, les gens écopaient ».

Juana María Mulet, une jeune femme venue de la ville voisine de Manacor, est allée elle « à la mairie et ils nous ont dit où aller. Nous avons retiré de la boue des maisons. Et demain matin, nous reviendrons » pour continuer.

La nuit est tombée et la situation « reste compliquée » à Sant Llorenç où « nous allons focaliser tous nos efforts » pendant la nuit, déclare Demetrio Barrachina, le commandant de l’Unité militaire d’Urgence.

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