Indonésie : le réseau terroriste Jamaah Ansharut Daulah

Le Vif

L’Indonésie a été secouée par une vague d’attentats à la bombe meurtriers qui sont l’oeuvre selon la police du mouvement extrémiste islamiste Jamaah Ansharut Daulah (JAD).

Voici quelques éléments sur ce réseau qui a prêté allégeance au groupe jihadiste Etat islamique (EI).

– Quand est-il né? –

Fondé en 2015, le JAD s’est fait connaître en janvier 2016 par des attaques armées et attentats suicide à Jakarta dans lesquels quatre civils avaient péri, de même que quatre assaillants.

Le réseau est un assemblage de plus d’une vingtaine de groupes extrémistes indonésiens ayant prêté allégeance au chef de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, selon le département d’Etat américain.

Son chef spirituel est Aman Abdurrahman, soupçonné d’être le cerveau des attentats de Jakarta et qui se trouve derrière les barreaux depuis des années. Il est considéré comme le chef de facto de tous les partisans de l’EI en Indonésie.

– Quels attentats ont-ils commis? –

Hormis les attaques de Jakarta, les premières jamais revendiquées par l’EI en Asie du Sud-Est, le JAD a mené l’année suivante des attentats suicide dans lesquels trois policiers avaient été tués et des dizaines de personnes blessées dans une gare routière bondée de Jakarta. L’EI avait également revendiqué ces attentats.

La police considère que le JAD est mêlé à une série d’autres attentats et tentatives en Indonésie, dont une attaque à la bombe incendiaire contre une église, dans lequel un jeune enfant avait péri, et un projet d’attentat kamikaze au moment de Noël déjoué lorsque les extrémistes en cause avaient été tués.

– Quel est le modus operandi employé à Surabaya? –

Une série d’attentats ont secoué Surabaya, la deuxième ville d’Indonésie dans l’est de l’île de Java, et sa région, ces deux derniers jours. Vingt cinq personnes ont été tuées, dont des auteurs, et des dizaines de personnes ont été blessées.

Ils visaient des églises, un commissariat de police et un complexe résidentiel. Il s’agit des attaques les plus meurtrières depuis des années.

Les attentats contre les églises ont été commis par une même famille, la mère, le père, deux filles de neuf et 12 ans et deux fils adolescents.

La police les a liés au JAD, expliquant que le père était un chef local du réseau. Les six membres de la famille ont péri, de même que 12 autres personnes.

Une autre famille de cinq membres dont un enfant, responsable de l’attaque contre le commissariat, appartient aussi au réseau. Quatre assaillants sont morts.

Une troisième famille, dont certains membres ont été tués dans un appartement à l’extérieur de la ville, appartenait également au JAD, d’après la police. Elle estime que l’explosion est peut-être le résultat de la détonation prématurée d’une bombe.

– Quel est le rapport avec l’EI? –

L’EI a revendiqué la responsabilité de plusieurs attaques récentes en Indonésie, le pays musulman le plus peuplé au monde. La plupart ont été commises par le JAD.

Mais la structure du JAD et ses connections à l’EI ne sont pas clairement établies.

D’après l’Institut pour l’analyse politique des conflits, le JAD est « en fait un terme générique utilisé pour les sympathisants de l’EI quels qu’ils soient ». Il fonctionne davantage comme un parapluie que comme un groupe cohérent.

Abdurrahman a cependant recruté des extrémistes pour qu’ils rejoignent les rangs de l’EI, serait en communication avec les chefs de l’organisation jihadiste et est le principal traducteur de sa propagande en Indonésie, selon des analystes et les autorités.

– Quels sont les auteurs des attentats précédents? –

Pendant des années, Jemaah Islamiyah (JI) fut synonyme de terrorisme en Indonésie. Le groupe est responsable des attentats de Bali qui avaient fait 202 morts en 2002, la pire attaque jamais perpétrée dans le pays.

JI est également l’auteur d’un attentat à la voiture piégée contre l’hôtel JW Marriott à Jakarta, qui avait fait une dizaine de morts en 2003, et d’un attentat kamikaze à la voiture piégée contre l’ambassade d’Australie (10 morts) en 2004. En 2005, des attentats contre des sites touristiques à Bali avaient fait 20 morts.

Un groupe dissident dirigé par le Malaisien Noordin Top avait mené des attentats contre le Ritz-Carlton et le JW Marriott de Jakarta en 2009 (neuf morts).

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