Mark Rutte © BELGA

Indonésie: La Haye annonce une enquête sur les exécutions pendant la guerre coloniale

Les exécutions de milliers d’Indonésiens par l’armée néerlandaise entre 1945 et 1949, lors du conflit qui a suivi la déclaration d’indépendance de l’Indonésie, vont faire l’objet d’une enquête approfondie, pour la première fois sous l’égide du gouvernement néerlandais, a annoncé vendredi le Premier ministre Mark Rutte.

Des milliers d’Indonésiens avaient été tués au cours de ce conflit colonial entre la déclaration d’indépendance de l’Indonésie et la reconnaissance de cette indépendance en 1949 par les autorités néerlandaises. Un épisode que M. Rutte a qualifié vendredi de « page sombre de l’histoire » et de « période douloureuse pour tout le monde », au cours de sa conférence de presse hebdomadaire.

Les forces néerlandaises avaient à l’époque cerné des villages et exécuté les rebelles sans aucune forme de procès. Les estimations divergent quant au nombre de victimes de ces exécutions de masse, certains en Indonésie allant jusqu’à avancer le chiffre de 40.000 personnes tuées, tandis que des études historiques les évaluent à entre 3.000 et 4.000. Au moins 860 hommes ont été exécutés par balles à Sulawesi, la plupart entre décembre 1946 et avril 1947.

La nouvelle enquête sera menée par trois instituts néerlandais dont l’Institut national pour l’Histoire militaire et l’institut NIOD d’études sur la guerre, l’holocauste et les génocides. Les Pays-Bas s’étaient officiellement excusés en 2013 pour les massacres de masse commis en Indonésie soulignant qu’ils voulaient « clore un chapitre difficile » de leur histoire avec leur ancienne colonie.

Des tribunaux néerlandais avaient auparavant décidé que le gouvernement néerlandais devait verser des compensations aux veuves et aux orphelins des personnes exécutées. Liesbeth Zegveld, avocate des familles, a salué vendredi la décision d’ouvrir une enquête. « Nous savions déjà beaucoup de choses, mais il est temps que le gouvernement prenne ses responsabilités et apporte son soutien » à l’établissement de la vérité, a-t-elle dit.

L’historien néerlandais Remy Limpach a estimé, dans une étude consacrée à ce sujet, que les forces coloniales néerlandaises avaient usé d’une « violence extrême et structurelle », et non occasionnelle, pour tenter de juguler l’insurrection.

L’Indonésie avait déclaré son indépendance en 1945, lorsque les Japonais, qui avaient occupé la plus grande partie de l’archipel pendant la Deuxième guerre mondiale, étaient partis après la reddition de Tokyo. C’est alors que les Pays-Bas avaient tenté de récupérer leur ancienne colonie. Belga

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