Inde: lynchage « barbare » d’un violeur présumé sur fond de querelles ethniques

Les suspects sont accusés d’avoir pris part aux émeutes dans la ville de Dimapur (nord-est) où les autorités ont imposé un couvre-feu et où la situation restait très tendue.

Le violeur présumé, Syed Farid Khan, 35 ans, avait été interpellé le 24 février pour le viol d’une jeune femme de 19 ans. Jeudi, des milliers de personnes avaient investi la prison pour se saisir de lui. La foule l’avait ensuite paradé dans les rues en l’exhibant nu avant de le tuer à coups de bâton et de le pendre à une tour d’horloge.

« Nous avons arrêté 18 personnes pour des faits d’émeute et de réunion illégale », a déclaré à l’AFP Wabang Jamir, inspecteur général de la police. « Nous essayons de savoir si en plus de participer aux émeutes ils ont été directement impliqués dans le lynchage », a-t-il ajouté. D’autres arrestations devraient avoir lieu.

Présenté initialement comme un immigré du Bangladesh, l’homme était en réalité originaire de l’Etat indien de l’Assam et parlait bengali. Les populations autochtones du Nagaland, notamment la principale tribu des Nagas, accusent régulièrement les musulmans originaires de l’Assam et les immigrés venus du Bengladesh voisin, de s’installer illégalement sur leurs terres et de s’approprier leurs ressources. Les Nagas ont par le passé mené des campagnes hostiles aux immigrés d’origine bangladaise, les accusant de séduire leurs filles afin d’obtenir un statut légal.

Le frère de Khan, qui vit dans l’Etat voisin d’Assam, a accusé samedi la police indienne de l’avoir faussement accusé de viol pour des raisons ethniques. Par ailleurs, la question du viol en Inde est sensible depuis le meurtre fin 2012 d’une étudiante à New Dehli victime d’un viol en réunion, événement qui avait suscité une émotion dans le monde entier. Un tribunal indien a interdit mercredi un documentaire montrant l’un des condamnés à mort pour ce viol en réunion s’en prendre au comportement de sa victime

Contenu partenaire