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Incendies en Australie : quel impact économique ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

L’Australie brûle. On parle quotidiennement de l’impact sur l’environnement, la biodiversité, la santé des habitants… mais qu’en est-il des conséquences sur l’économie ?

Les dommages économiques causés par les feux de brousse qui ont dévasté la côte est de l’Australie vont probablement dépasser le record de 4,4 milliards de dollars établi par les incendies du « Black Saturday » (Samedi Noir) de 2009, selon Moody’s Analytics.

Katrina Ell, économiste chez Moody’s citée par The Guardian, craint que les incendies paralysent davantage la confiance déjà érodée des consommateurs australiens et causent des dommages économiques directs et indirects touchant de nombreux secteurs, notamment l’agriculture et le tourisme. Dans le passé, les feux de brousse n’avaient tendance à nuire qu’aux économies locales directement concernées par les flammes. « Mais le risque de retombées macroéconomiques plus larges cette saison est élevé étant donné l’ampleur des incendies, ainsi que le fait qu’il est encore tôt dans la saison des feux de brousse et que les feux existants n’ont pas encore été maîtrisés », explique-t-elle au Guardian.

Un coût indéterminé, mais déjà important

Comment peut-on déjà estimer le coût économique de ce fléau environnemental ? Les analystes les plus pessimistes annoncent « une entrée en récession imminente pour l’Australie, un pays où la croissance est pourtant permanente depuis maintenant plus de 28 ans », indique RFI.

La période actuelle est la saison touristique, mais nombreux sont les touristes à avoir changé leurs plans de vacances. Un secteur qui représente pourtant des dizaines de milliards d’euros pour l’Australie, et donc une perte importante. Les organismes touristiques affirment que la reconstruction coûtera des centaines de millions de dollars. Autre secteur, lui aussi crucial, touché de plein fouet : l’agriculture. L’effet direct sur les industries locales devrait s’ajouter à la longue sécheresse, touchant par exemple les produits frais et provoquant une hausse des prix.

Les hésitations du Premier ministre

Le Premier ministre conservateur australien a toujours contesté l’idée que la lutte contre le réchauffement climatique implique un virage économique pour son pays. Scott Morrison, vivement critiqué pour ne pas en faire assez pour le climat, juge notamment « irresponsable » de tourner le dos à l’industrie du charbon – pourtant extrêmement polluante – et à ses milliers d’emplois : « Nous n’allons pas nous engager dans des objectifs irresponsables, destructeurs d’emploi et nuisibles pour l’économie qui sont demandés. »

Les détracteurs du Premier ministre pointent également la baisse des impôts et des dépenses publiques imposée par son gouvernement, et qui selon eux s’est faite au détriment de la sécurité des habitants et de l’environnement. Pourtant, les conséquences économiques des incendies qui ravagent le pays se font déjà sentir.

À long terme, la pollution atmosphérique pourrait causer « une réduction de la productivité des travailleurs, une augmentation des dépenses de santé et une baisse du rendement des cultures », ainsi que la fermeture de routes et un coût pour les assureurs, précise encore Katrina Ell. Début de semaine, 8.200 demandes d’indemnisation d’une valeur d’environ 644 millions de dollars avaient été déposées, selon les données de l’Insurance Council of Australia. L’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a déclaré que ces réclamations étaient susceptibles de nuire à la rentabilité des assureurs et d’entraîner des hausses de primes. Les dommages indirects à l’économie seront aussi importants.

Le gouvernement australien a annoncé un fonds de 2 milliards de dollars australiens pour la reconstruction, mais cela ne sera pas suffisant. « Il y a dix ans, 450 000 hectares ont brûlé dans l’Etat de Victoria, et cela avait coûté 2,7 milliards d’euros », rappelle RFI. La catastrophe est aujourd’hui beaucoup plus vaste.

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