Un vétéran montre le Tokyo d'alors © Reuters

Il y a 70 ans, Tokyo s’embrasait

Muriel Lefevre

L’histoire ne retient souvent que les attaques atomiques du 6 et 9 août 1945 au Japon. Or, ce n’est pas les seuls raids aériens meurtriers qu’a connus le pays cette même année. Dans la nuit du 9 au 10 mars, un tiers de la capitale japonaise a été réduite en cendre, et plus de 100.000 personnes trouveront la mort.

Ce ne fut pas la première ni la dernière attaque sur Tokyo. La capitale du Japon a subi la guerre de plein fouet, puisque 50% de la ville sera détruite à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais l’attaque durant la nuit du 9 au 10 mars a certainement été le raid aérien le plus meurtrier de la guerre. Il est l’équivalent d’Hiroshima et surpasse Dresde (25,000 morts), Hambourg (42,600 morts) et Nagasaki. De janvier 1944 à août 1945, les États-Unis vont larguer 157 000 tonnes de bombes sur les villes japonaises. On estime que 333.000 personnes seront tuées, les 80.000 d’Hiroshima et les 40,000 de Nagasaki inclus.

Cinq mois avant les attaques atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, la capitale japonaise va subir en pleine nuit un véritable déluge de feu lors de l' »opération Meetinghouse » et le largage de 1 700 tonnes de bombes par 334 avions B-29, des bombardiers lourds. Près d’un tiers de la ville sera réduite à néant et près de 100.000 personnes seront « cuites à mort ».

Le plan d’attaque du commandant américain était de piéger les Tokyoïtes en délimitant des périmètres par une première attaque afin d’éviter toute fuite et d’ensuite tout ratiboiser à l’intérieur de ces mêmes périmètres à l’aide de bombes incendiaires et de ce que l’on peut considérer comme la première version du napalm.

Les effets de l’attaque des alliés furent démultipliés par la particularité même de la ville qui était densément construite d’habitations en bois. On estime que 286 358 bâtiments seront détruits, dont la moitié du quartier historique, et l’on dénombrera près d’1 million de personnes blessées ou sans abris. L’attaque touche principalement des civils. Ceux qui ne finirent pas brûlés, sont morts asphyxiés ou bouillis dans les réserves d’eau ou la rivière.

L' »opération Meetinghouse » se fit sous le commandement de Curtis Lemay, le général d’aviation qui pilotait la campagne du Pacifique. Il aurait déclaré qu’il allait « offrir un grand pétard ». Son action ne fut cependant pas totalement adoubée en haut lieu. Un assistant du général Mac Arthur, le commandant suprême des forces alliées dans le Pacifique Sud-Ouest, ira jusqu’à dire qu’il s’agissait là d’un « massacre impitoyable et barbare » précise Libération.

Aujourd’hui plus aucun signe de cette désolation. Beaucoup de ces constructions ont été rapidement rebâties à l’identique. Les photos avant/après sont à voir le site du journal Le Temps.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire