Rosa Parks juste après son arrestation © .

Il y a 60 ans, Rosa Parks lançait le boycott contre la ségrégation raciale sur les bus

Rudi Rotthier
Rudi Rotthier Journaliste Knack.be

Le 1er décembre 1955, Rosa Parks était arrêtée à Montgomery dans l’Alabama pour avoir refusé de céder sa place à un blanc. Son arrestation a conduit à un boycott des transports en commun dans la ville de Montgomery.

Rosa Parks, alors âgée de 42 ans et couturière, connaissait James Blake, le chauffeur du bus. En 1943, il lui avait déjà refusé l’accès par l’avant du bus. Alors qu’elle se dirigeait vers l’arrière, il était parti en la laissant au bord de la route.

Le 1er décembre 1955 vers 18 heures, Parks s’était installée dans la « section colorée » du bus. Cependant, en constatant que la « section blanche » à l’avant du bus était remplie, Blake a exigé qu’elle cède sa place à un Blanc. Le chauffeur a bougé le signe qui servait à délimiter la frontière entre Blancs et les Noirs derrière la rangée où se tenait Parks avant de lui demander, ainsi qu’à trois autres passagers noirs, de céder leur place.

« On a souvent dit que j’étais fatiguée et que pour cette raison, je ne voulais pas me lever » a déclaré Parks plus tard. « Je n’étais pas plus fatiguée que d’habitude, j’étais fatiguée de céder ».

Parks avait déjà refusé à plusieurs reprises de céder sa place, mais elle avait été expulsée du bus, sans plus. Cette fois, Blake a appelé police qui a arrêté Rosa Parks pour avoir transgressé la loi.

Son arrestation a suscité l’indignation des activistes noirs qui, dès le jour de son procès, le 5 décembre, ont organisé un boycott de bus, qui à l’origine devait durer une journée. Mais comme l’appel a été très bien suivi, les participants ont persévéré pendant plus d’un an. 381 jours pour être précis. 40 000 passagers se sont passés de bus, et ceux qui ne trouvaient pas de transport alternatif, la majorité, se déplaçaient à pied. La compagnie de transport a dû supprimer plusieurs lignes parce qu’elle n’avait plus de passagers.

Finalement, la compagnie de bus a cédé et le mouvement civique a remporté une victoire dans l’état d’Alabama très conservateur.

« Une simple couturière »

On a souvent dit que la douceur de Rosa Parks et le fait qu’elle n’était pas une activiste, mais une couturière honorable et mariée, avait contribué au soutien massif dont elle a bénéficié. Interrogée par The Washington Post, l’historienne Jeanne Theoharis estime pourtant qu’il s’agit là d’une opinion erronée. Jeune, elle était rebelle, et ses propos lui valaient souvent des problèmes.

Theoharis explique également qu’après avoir échappé de justesse à un viol par un Blanc, Rosa Parks est restée féministe toute sa vie et qu’elle s’est également insurgée contre les violences faites aux femmes au sein de la communauté noire.

Cette résistance n’a pas couvert Rosa Parks de gloire. Licenciée et menacée de mort, elle a dû déménager dans le nord où elle a travaillé comme couturière. En 1965, elle a été engagée par John Conyers, le représentant démocrate du Michigan à la Chambre des représentants des États-Unis, pour qui elle a travaillé jusqu’à sa retraite en 1988. Elle est décédée à Détroit en 2005.

Le président américain Barack Obama a rendu hommage à Rosa Parks à l’occasion du soixantième anniversaire de son acte de résistance. « Rosa Parks nous rappelle qu’on peut toujours faire quelque chose. Il est toujours dans notre pouvoir de rendre l’Amérique meilleure ».

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