U.S. Army General John Campbell © REUTERS

Hôpital bombardé en Afghanistan: MSF ne croit pas à une erreur de l’armée US

L’hôpital de Médecins sans frontières à Kunduz (Afghanistan) touché par un bombardement américain samedi a été pris pour cible « par erreur », a déclaré mardi à Washington le général John Campbell, chef de la mission de l’Otan en Afghanistan. Une version qui ne convainc pas MSF.

« Un hôpital a été touché par erreur » dans une frappe américaine « demandée » par les Afghans mais décidée par « la chaîne de commandement américain », a déclaré le général Campbell devant la Commission des forces armées du Sénat américain.

« Vingt-deux personnes ont été tuées, dont 12 membres de MSF, et 10 patients, tous civils », a rappelé M. Terzian.

« Pour être clair, la décision de mener une attaque aérienne était une décision américaine, prise dans la chaîne de commandement américaine », a souligné le général Campbell.

Le général avait souligné lundi dans une conférence de presse que la frappe avait été demandée par les autorités afghanes, provoquant la colère de MSF accusant les Américains « d’essayer de faire porter la responsabilité au gouvernement afghan ».

Le bombardement meurtrier mené par l’aviation américaine sur l’hôpital de MSF à Kunduz, dans le nord-est de l’Afghanistan, n’était « pas une erreur », contrairement aux affirmations de l’armée américaine, a estimé de son côté le président de Médecins sans frontières France.

« Je ne pense pas que c’était une erreur des Américains, je suis même persuadé que ce n’était malheureusement pas une erreur », a déclaré Mego Terzian, au cours d’une audition à Paris devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française.

« C’est un acte qui relève d’une inconséquence criminelle », a accusé le responsable de l’ONG.

Les humanitaires ont quitté Kunduz pour échapper aux combats

Les organisations humanitaires qui étaient présentes dans la ville afghane de Kunduz ont fui en raison des combats, et cherchent à évaluer les besoins de la population après le bombardement meurtrier « par erreur » de l’hôpital de MSF, a indiqué mardi l’ONU.

« Il ne reste actuellement plus d’agences humanitaires dans la ville de Kunduz », a déclaré aux médias un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), Jens Laerke, à Genève. « Deux entités de l’ONU, quatre ONG nationales et dix ONG internationales ont été temporairement transférées en raison du conflit en cours et de l’instabilité de la situation sécuritaire à Kunduz. Toutes les organisations humanitaires souhaitent revenir à Kunduz dès que la sécurité le permet pour aider la population situation », a-t-il précisé à l’AFP.

« La majorité des marchés sont fermés. Des milliers de personnes sont déplacées. Les besoins humanitaires à l’intérieur de Kunduz sont largement inconnus en raison du manque d’accès », s’est-il inquiété.

Il a expliqué que certaines organisations non gouvernementales et agences humanitaires, dont le Programme alimentaire mondial (PAM), disposaient de stocks dans la région, et qu’elles tentaient de les distribuer de façon « sporadique » en raison du manque d’accès.

Pour sa part, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé dans un communiqué qu’elle aidait les autorités afghanes à obtenir et envoyer de l’aide sur place.

Une équipe médicale est arrivée mardi à l’hôpital militaire de Kunduz. Les urgences qui arrivent dans cet hôpital sont transférées en ambulances dans d’autres hôpitaux militaires, selon l’OMS. « Le ministère de la santé afghan prévoit d’établir, avec l’OMS, un centre temporaire à Kunduz », ajoute l’agence onusienne.

L’ONG a qualifié la frappe de « crime de guerre » et exige une enquête indépendante. Le secrétaire général Ban Ki-moon a appelé à une enquête « complète et impartiale ».

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