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Hongrie : la société MAL pourrait payer 73 millions d’amende

La société MAL, propriétaire de l’usine de bauxite-aluminium à l’origine de la plus grande catastrophe écologique de l’histoire de la Hongrie, pourrait avoir à payer 73 millions d’euros d’amende, a estimé lundi le secrétaire d’Etat à l’Environnement Zoltan Illés. Alors que le réservoir fuyait depuis des mois, selon WWF.

« Pour l’instant, nous ne savons pas encore si la société avait surchargé les réservoirs ou non, mais si oui, c’est de l’entreposage illégal de déchet et cela est un crime », a déclaré M. Illés devant des journalistes dans la ville d’Ajka, où se situe l’usine.

Le gouvernement juge que la société et ses dirigeants devront assumer la responsabilité financière du drame, a-t-il ajouté. « L’amende pour les dommages portés uniquement à l’eau pourrait atteindre 10,2 milliards de forints, et celle concernant le reste de l’environnement entre 8 et 12 milliards », a-t-il affirmé. 20 milliards de forints représentent quelque 73 millions d’euros.

L’enquête de la police est toujours en cours. Les autorités ont saisi des documents concernant les réservoirs au siège de la société, a précisé le secrétaire d’Etat.

Trois personnes sont propriétaires de MAL, fondée en 1995, et figurent depuis des années, selon un classement hongrois, parmi les cent personnes les plus riches du pays.

Selon les derniers chiffres connus, la société a affiché un chiffre d’affaires de 42,8 milliards de forints (157 millions d’euros) en 2008 pour un bénéfice net de 194,5 millions de forints (715.000 euros).

« L’accident aurait pu facilement être évité »

Le réservoir de boue rouge toxique fuyait depuis des mois, a affirmé l’organisation non gouvernementale (ONG) écologiste Fonds mondial pour la protection de la nature (WWF) samedi.

Une photo prise en juin dernier montre que de la boue rouge s’échappe alors déjà du réservoir de l’usine de bauxite-aluminium située à Ajka (160 km à l’ouest de Budapest), précise le WWF dans un communiqué publié sur son site internet.

Des vues aériennes montrent aussi des traces rouges à l’extérieur, au pied du réservoir, près de la partie qui a cédé en début de semaine. Selon le dernier bilan provisoire des autorités hongroises sur la catastrophe du 4 octobre, sept personnes ont trouvé la mort, 150 ont été blessées, dont deux sont dans un état critique, et une est toujours portée disparue.

« L’accident (…) aurait pu facilement être évité si les exploitants avaient respecté leurs obligations », a déclaré Andreas Beckmann, qui dirige le programme du WWF pour le Danube. « Cette négligence et les manquements aux mesures de sécurité sont à l’origine de la plus grande catastrophe écologique en Hongrie », a-t-il souligné.

Ces photos, en tant que « preuve » du mauvais état du réservoir, « doivent être immédiatement examinées », estime le WWF.

L’ONG met en garde contre l’état de ce genre de réservoirs dans l’ensemble de la Hongrie, notamment celui d’Almásfüzito, à 80 km de Budapest, situé dans une zone sismique et à proximité du Danube

Des experts européens sur le terrain Cinq experts en dépollution envoyés par l’UE à la demande de la Hongrie y seront lundi à pied d’oeuvre pour examiner l’impact environnemental sur les sites touchés le 4 octobre par des coulées de boues rouges toxiques, a annoncé dimanche la Commission européenne.

« Une équipe de protection civile de cinq experts venant d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique, de France et de Suède arrivera lundi en Hongrie pour soutenir les efforts des autorités hongroises face à la pollution », a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Ces experts se rendront immédiatement sur place, dans la région d’Ajka, avec un officier de liaison de la Commission arrivé samedi en Hongrie, pour évaluer la situation et les remèdes à apporter à court et moyen terme.

Ils devront vérifier l’impact sur l’environnement, en particulier la terre agricole et l’eau, y compris en sous-sol, ainsi que sur la flore et la faune, a-t-elle expliqué.

Il leur faudra aussi donner leur avis d’expert sur les meilleures méthodes à mettre en oeuvre pour prévenir et réduire les effets négatifs de la catastrophe sur l’environnement, et décontaminer puis réhabiliter les zones habitées et agricoles, dans le village de Kolontar et autour.

Une deuxième inondation de boue toxique moins probable La fissure dans la paroi du réservoir de boue toxique ne s’est pas agrandie et les risques d’une deuxième inondation ont diminué, a déclaré dimanche un respnsable. « La fissure sur le côté nord du réservoir s’est stabilisée, les réparations sont en cours et nous n’avons pas décelé de nouvelles fissures », a précisé à l’AFP le chef des Services anticatastrophe, Tibor Dobson.

Il a souligné qu’une nouvelle digue était en construction à Kolontar, dont les fondations ont été réalisées samedi. « Et aujourd’hui dimanche des dizaines d’ouvriers travaillent d’arrache-pied à l’élargissement et au surélèvement de cette digue, a-t-il ajouté, en indiquant que le beau temps favorisait les travaux.

Au total, quelque 900 ouvriers et experts sont engagés dans les différents travaux de reconstruction, déblaiement et nettoyage. A ce chiffre s’ajoutent entre 700 et 800 volontaires.

D’après les derniers résultats des analyses des échantillons d’eau prélevés dans le Danube samedi soir par le Service des Eaux révélaient une légère diminution de la pollution.

Cependant, pour les organisations écologistes Greenpeace et le Fonds mondial pour la protection de la nature (WWF), l’écosystème du Danube reste menacé, notamment à plus long terme, tant en ce qui concerne la faune que la flore.

Le 4 octobre, une marée de bouge rouge hautement toxique issue d’un réservoir fissuré de l’usine de bauxite-aluminium d’Ajka (à 160 km à l’ouest de Budapest), exploitée par le groupe hongrois MAL, s’était déversée comme un raz-de-marée sur 40 km2, détruisant l’écosystème des rivières Torna et Marcal et atteignant, sous une forme diluée, la Raab, puis le Danube lui-même.

Le Vif.be, avec Belga

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