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Hollande président : la victoire du coureur de fond à la force tranquille

La présidentielle a surtout été marquée par un rejet de Nicolas Sarkozy. Après 17 ans d’opposition, la gauche revient à l’Elysée. Une victoire aux législatives devrait confirmer sa suprématie à tous les niveaux de pouvoir.

La surprise de dernière minute, encore espérée ce week-end par les militants de Nicolas Sarkozy, n’aura pas eu lieu. Comme les sondages le prédisaient dès l’annonce de sa candidature le 31 mars 2011, François Hollande a remporté l’élection présidentielle 2012 devant le Président sortant. Avec une avance confortable (52, 5 % contre 47,5 % selon les estimations diffusées dans la soirée de dimanche) qui augure des lendemains douloureux pour la droite française et singulièrement au sein du parti présidentiel UMP au QG duquel l’ambiance était particulièrement morose dimanche soir.

C’est donc en coureur de fond face à un rival plutôt du style sprinteur puncheur que François Hollande a gagné cette élection présidentielle. Un marathonien servi par les circonstances quand en mai 2011, une femme de chambre, immigrée africaine aux Etats-Unis, décida de déposer plainte pour viol contre celui à qui la candidature socialiste à l’Elysée semblait promise, Dominique Strauss-Kahn. Dans la campagne électorale, deux événements extérieurs auraient pu coûter la victoire aux socialistes : l’affaire du Sofitel de New York et les tueries de Toulouse et de Montauban, en mars 2012. Les primaires socialistes permirent de faire oublier les errements des dirigeants du PS dans leur soutien corporatiste à l’ancien directeur général du FMI. Et, étonnamment, la campagne ne bascula pas dans l’exploitation des thèmes de la sécurité et de l’immigration après le drame de Toulouse malgré le profil du tueur Mohamed Merah et malgré (ou à cause des) les tentatives de récupération par le Front National.

La campagne se concentrant prioritairement sur les dossiers économico-sociaux, François Hollande a eu beau jeu de brandir le bilan présumé négatif du Président sortant. L’inexpérience ministérielle avérée ou la mollesse supposée du candidat socialiste furent certes utilisées par Nicolas Sarkozy. Mais, à l’image du déroulement du débat télévisé de l’entre-deux tours, force est de constater que ces arguments n’ont pas porté. Ou, en tout cas, pas autant que le phénomène de détestation qui accablé le Président sortant. Un rejet exprimé en raison des débuts bling-bling de sa présidence, de sa proximité avec les nantis, de ses promesses non tenues, de ses incohérences et autres volte-face, enfin de sa tentative sans scrupules de débauchage des électeurs d’une Marine Le Pen, devenue « le troisième homme » de la présidentielle au soir du premier tour après le score inégalé de l’extrême droite.

Nicolas Sarkozy a-t-il plus perdu l’élection que François Hollande ne l’a gagnée ? Certains le pensent qui ont avant tout vu dans le scrutin un référendum anti-Sarkozy. Ce serait cependant sous-estimé le fait que le candidat socialiste a su resserrer les rangs de son parti derrière son nom, rallier une majorité des votes protestataires qui s’étaient portés sur Jean-Luc Mélenchon, séduire le centriste François Bayrou sans pour autant monnayer ces soutiens et dévier du cap qu’il s’était fixé. Le député de Corrèze, que même Jacques Chirac avait adoubé croyait-on par distraction, pourrait donc se révéler le Président rassembleur qu’il n’a cessé de vouloir être pendant la campagne. Mais la « capitaine de pédalo » décrié par Jean-Luc Mélenchon saura-t-il être le capitaine dans la tempête dont la France a besoin dans les temps encore économiquement troublés qui s’annoncent ?

L’avenir le dira. La campagne qui s’est clôturée dimanche a en tout cas montré que François Hollande, qui a inscrit sa méthode de gouvernement dans les pas de la force tranquille de Mitterrand, apprend vite. Les élections législatives de juin diront si le Parti socialiste complète sa mainmise sur tous les rouages du pouvoir en France. Mais d’ores et déjà, la donne politique en Europe est bouleversée par l’arrivée d’un socialiste à l’Elysée comme le démontre la mise à l’agenda de l’Union européenne, par-delà les plans d’austérité, de mesures en faveur de la croissance.

Gérald Papy

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