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Hollande et Sarkozy font les yeux doux à l’électorat FN

Le candidat socialiste estime dans une interview à Libération qu’une part de l’électorat de Marine Le Pen vient de la gauche et qu’il veut les convaincre. Et ce alors que Nicolas Sarkozy entame sa conquête de l’électorat FN en lançant plusieurs messages à l’électorat frontiste dès hier.

François Hollande, arrivé en tête du premier tour de la présidentielle, estime dans une longue interview publiée mardi dans Libération qu’il lui appartient désormais de « convaincre » l’électorat du Front national, « dont une part vient de la gauche ».

Interrogé sur la campagne qu’il va mener d’ici le second tour, le candidat socialiste détaille une stratégie en trois points: « D’abord il faut mobiliser les électeurs qui ne sont pas venus voter », dit-il. « Deuxièmement, il faut parler à tous les républicains sincères qui ont à coeur l’intérêt de la France », ajoute-t-il. Et « enfin, il y a l’électorat de Le Pen, dont une part vient de la gauche et devrait se retrouver du côté du progrès, de l’égalité, du changement, de l’effort partagé, de la justice, parce qu’il est contre les privilèges, contre la mondialisation financière, contre une Europe défaillante ».

« A moi de les convaincre que c’est la gauche qui les défend », conclut-il. « C’est ma responsabilité de m’adresser tout de suite à ces électeurs qui n’adhèrent pas forcément aux idées du FN, l’obsession de l’immigration en particulier, mais qui expriment, avant tout, une colère sociale », souligne le candidat socialiste.

« S’adresser d’abord au peuple de gauche »

François Hollande affirme cependant qu’il souhaite s’adresser entre les deux tours « d’abord à l’électorat de gauche ». « L’erreur que je ne commettrai pas, c’est pour parler aux autres, d’oublier les nôtres », poursuit-il. « Le vote Mélenchon, c’est un vote de transformation, de contestation, de colère, presque de manifestation dans tous les sens du terme », dit-il dans un hommage appuyé au leader du Front de gauche, qui « a su avec talent incarner cette aspiration ». François Hollande insiste également sur le faite que « l’électorat écologiste va bien au-delà du score d’Eva Joly ». « Je suis socialiste, je suis le représentant de la gauche, mais je m’adresse à tous les Français, car je veux être le président du rassemblement », résume-t-il.

En recueillant dimanche 17,9% des voix, Marine Le Pen est devenue l’arbitre de la présidentielle et son électorat le principal réservoir de voix du candidat de l’UMP pour le second tour. Le président sortant Nicolas Sarkozy s’est d’ailleurs immédiatement lancé à nouveau lundi dans la chasse aux électeurs frontistes.

Pour l’emporter le 6 mai, Nicolas Sarkozy n’a pas le choix

Le président candidat Nicolas Sarkozy a estimé ce lundi lors d’un meeting en Touraine qu’il ne fallait pas « juger » les électeurs ayant voté Marine Le Pen, affirmant les avoir « entendus » et promettant de leur « répondre par des engagements précis ». « Quand on souffre, on a le droit de faire le choix que l’on veut. Je n’ai pas à juger ce choix. Je n’ai pas à donner de leçon de morale à ceux qui ont fait ce choix », a-t-il affirmé au cours de son premier meeting après le premier tour. « J’ai vu qu’on leur faisait le reproche d’avoir voté pour les extrêmes, et notamment en faveur de la candidate du Front National. Moi je ne leur reproche pas », a-t-il poursuivi. « Quel que ce soit le choix que vous avez fait, vous l’avez fait pour des candidats qui avaient le droit de se présenter », a-t-il enchaîné. « Mon dévoir, c’est d’écouter, pas de nier ce qu’ils ont dit » « Il n’y a pas un choix qui est plus noble que d’autres. Nous devons respecter le choix de tous les Français, y compris ceux qui n’ont pas voté pour moi. C’était leur droit, je les respecte », a-t-il ajouté. « J’ai vu que dès hier soir, il (François Hollande, ndlr) reprochait leur vote à ceux qui ont émis ce vote pour le FN », a-t-il dit. « Mon devoir de président et de candidat, c’est d’écouter ce que disent les Français, pas de nier ce qu’ils ont dit », a-t-il encore expliqué. « Je vois ce vote comme un cri de souffrance, comme l’expression d’une révolte, parfois même d’une colère », a-t-il ajouté. « Nous les avons entendus et notre façon de les respecter sera de leur répondre par des engagements précis », a-t-il ajouté. « Nous n’avons pas été balayés! »
« Je vois bien que du côté de la gauche, on se bouche le nez, on regarde ces Français avec commisération, on ne comprend pas ce vote, on veut le nier (…) », a-t-il encore dit, qualifiant de « fait majeur » ce « vote de crise ». « Je ne le prends pas à la légère ce vote », a-t-il ajouté. « Ils nous ont dit qu’ils ne veulent plus de frontières qui laissent tout passer et d’une Europe passoire », a-t-il dit. Et de répéter: « l’Europe ouverte à tous les vents, c’est fini, l’Europe qui ne défend pas ses frontières c’est fini, qui ne maîtrise pas ses flux migratoires, c’est fini, l’Europe qui ouvre ses marchés sans contrepartie et qui ne défend pas ses entreprises et ses agriculteurs, c’est fini (…)! »

Nicolas Sarkozy a débuté son meeting en revenant sur son score du premier tour: « Nous n’avons pas été balayés! », a-t-il déclaré. « L’effondrement n’a pas eu lieu ». Peu avant, à Quimper, François Hollande a affiché sa volonté d’aller chercher, dans l’entre-deux-tours, les électeurs emportés par « les vents mauvais du vote extrême ».

LeVif.be avec L’Express

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