Benoit Hamon. © Reuters

Hamon, Mélenchon, Jadot : une gauche irréconciliable ?

Stagiaire Le Vif

S’il vient tout juste de remporter la primaire de la gauche, qui s’apparentait plus à une primaire du PS et de ses alliés, Benoit Hamon est encore très loin de l’Elysée. La faute à une gauche divisée, incapable de se réunir face à une droite unifiée.

En devenant le candidat socialiste pour les élections présidentielles d’avril, Benoît Hamon n’a accompli qu’une petite partie du très long chemin à parcourir pour atteindre le poste de chef de l’Etat. En effet, selon un sondage, le candidat du PS arriverait en quatrième position lors du premier tour avec seulement 17% d’intentions de vote. Derrière lui, on retrouve le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon qui ne recueillerait que 10% des voix, suivi de loin par l’écologiste (EELV) Yannick Jadot et son petit 1% d’intentions de vote.

Partagée entre ces trois candidats, la gauche risque donc de s’entretuer et se retrouver sans candidat au second tour, ce qui serait une première depuis 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen était parvenu à se qualifier avec Jacques Chirac, au détriment de Lionel Jospin. Une situation que veut impérativement éviter Benoît Hamon qui a d’ores et déjà appelé Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot à se rassembler. L’objectif étant de « construire une majorité gouvernementale cohérente et durable pour le progrès social, écologique et démocratique ».

Et si l’ex-ministre de l’Éducation a déjà rencontré Yannick Jadot ce mardi en vue d’une prochaine alliance, la tâche risque d’être plus compliquée, voire impossible, avec Mélenchon et ses idéologies plus radicales.

Le PS entre Hamon et Jadot

Cela fait déjà plusieurs mois que Benoît Hamon et Yannick Jadot se tournent autour. Avant la primaire socialiste, le candidat du parti Europe Ecologie Les Verts avait d’ailleurs déjà fait du pied à celui qui est venu à bout de Manuel Valls dimanche dernier, estimant qu’il était le plus « écolo-compatible ». En effet, l’ex-porte-parole du parti socialiste n’a cessé de mettre l’environnement au premier plan de sa campagne, martelant son envie de diminuer la dépendance de la France à l’énergie nucléaire et d’instaurer une taxe carbone aux frontières de l’Europe. Et en ce qui concerne le plan phare du candidat socialiste, qui est de mettre en place un revenu inconditionnel de base, Yannick Jadot y adhère également. La seule différence étant que ce dernier voudrait l’appliquer dès la naissance, et non à partir de 18 ans.

Mais là où le bât blesse, c’est que le député européen ne veut pas se retrouver dans « des bidouillages d’appareil ». En d’autres termes, M. Jadot estime que pour fonctionner, le rassemblement de la gauche doit se faire en dehors des marques du PS où la fracture entre ceux qui défendent le quinquennat de Hollande et les frondeurs se ressent toujours plus.

Mélenchon fera cavalier seul

Si le candidat du Front de Gauche n’a pu cacher sa joie concernant la défaite de Manuel Valls dans un post Facebook, Jean-Luc Mélenchon s’est avant tout félicité du fait que «  pour désigner son candidat le PS ait préféré nos mots à ceux de son propre gouvernement ». Avant d’ajouter que « c’est à nous qui avons porté ce choix tant d’années d’être à la hauteur pour le rendre victorieux (NDLR ce programme), la campagne des’Insoumis’, et ma candidature sont là pour cela. Rien que pour cela ». Peu de chances, donc, que ce vieux briscard de la politique se rallie à son meilleur ennemi de toujours. D’autant plus que si leurs idées sont assez proches en matière de politique intérieure et environnementale, leurs désaccords sur l’Europe et l’économie semblent considérables.

Macron, l’insaisissable

Alors qu’il n’a pas encore publié son programme, Emmanuel Macron n’en finit pas de s’envoler dans les sondages. À tel point que selon une enquête parue ce mercredi, l’ex-banquier d’affaire fait aujourd’hui office de grand favori pour accéder à la présidence. Pas vraiment à gauche (il avait d’ailleurs déclaré ne pas être socialiste), et pas vraiment à droite, le fondateur du mouvement « En Marche » semble aujourd’hui être le candidat le plus à même de se retrouver face à Marine Le Pen au second tour des élections. Et les derniers remous politiques vécus par François Fillon additionnés à la défaite de Manuel Valls ne font que renforcer sa candidature qui s’impose aujourd’hui comme celle du compromis. Difficile donc d’imaginer l’ex-ministre de l’économie s’associer à quiconque en si bon chemin.

G.S

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