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Hamas et Fatah : en filigrane de leur accord, de profondes divergences

Afin de bien saisir la portée de l’accord officiel que le Hamas et le Fatah s’apprêtent à signer au Caire, il faut revenir sur les points qui les séparent depuis plusieurs décennies, concernant notamment l’attitude à adopter par le gouvernement palestinien envers Israël.

Le Hamas et le Fatah militent pour la création d’un Etat Palestinien et pour la fin de l’occupation militaire israélienne. Mais chacun envisage des moyens différents pour arriver à cette fin. Le Hamas définit Israël comme une entité sioniste et se prononce en faveur d’une simple coexistence de fait entre les deux Etats. Ayant toujours refusé les accords d’Oslo, il préconise un partage territorial basé sur les frontières précédant la guerre de 1967. Cela implique donc un départ définitif des forces militaires israéliennes sur les terres qu’elles occupent encore. Le Fatah reconnait la légitimité d’Israël à détenir un territoire propre. La répartition des terres palestiniennes respecterait la proportion de 77% pour Israël et 23% pour l’Etat Palestinien. Tant que les divergences entre les deux partis politiques palestiniens persistent, Israël se réjouit puisque l’attention à son égard s’en trouve détournée.

C’est pourquoi l’accord de réconciliation que le Hamas et le Fatah s’apprêtent à signer aujourd’hui au Caire inquiète Israël. Son premier Ministre a déclaré que le Fatah devait « choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas ». Si l’ensemble des médias israéliens reconnait le caractère historique de l’accord en question, ils le jugent « de mauvais augure pour Israël », peut-on lire dans Haaretz. The Independant rappelle également que de toute façon, « Israël a dit rejeter toute négociation de paix avec un gouvernement incluant le Hamas ». Et ce n’est pas la déclaration du Hamas qui les contredira… Le Jérusalem Post précise ainsi que « l’accord ne vaut ni reconnaissance d’Israël ni participation au processus de paix ».

Parce que les deux mouvements monopolisent actuellement la scène politique palestinienne (90% des élus), l’accord signé aujourd’hui revêt une dimension majeure. En effet, s’il est respecté par les deux parties, il peut aboutir à une vision commune du sort à réserver à Israël.

Le principal point de l’accord porte sur la formation d’un gouvernement de transition et l’intégration du Hamas à l’OLP. Mais une chose reste certaine, chacun persistera dans sa volonté de peser plus que l’autre sur l’opinion publique palestinienne qui reste la principale victime de ces conflits. Le Courrier International note que « s’ils n’avaient pas renoncé à considérer leur peuple comme un acteur décisif, ces deux forces ennemies n’auraient eu d’autre choix que de l’écouter et de chercher avant toute chose à mettre fin à la dualité de pouvoirs ». Il est clair que c’est surtout la perspective d’un vote par l’ONU de reconnaissance d’un État palestinien en septembre prochain qui a poussé les deux mouvements à trouver un accord.

Mathilde Perrin

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