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Guerre de Corée: « Il valait mieux mourir là à la guerre, qu’ici dans les mines »

Le Vif

Il y a soixante ans, un cessez-le-feu mettait fin à la guerre de Corée, à l’origine de plus de deux millions de morts. Deux vétérans belges livrent une page d’histoire souvent oubliée. Et racontent comment le conflit les a réunis, pour toujours.

C’est pendant la guerre de Corée (1950-1953) que Raymond Bertels (82 ans aujourd’hui), le francophone, et Georges Dossche (81 ans) le Flamand, ont noué des liens d’amitié. Ils figuraient parmi les 3 172 soldats belges volontaires ; 101 y ont péri, 5 sont toujours portés disparus. Georges doit à Raymond de pouvoir raconter son histoire aujourd’hui : « C’était la nuit du 18 au 19 avril 1953. 30 000 à 40 000 grenades sont tombées. Elles éclataient en milliers de débris à quelques mètres du sol. » Georges Dossche et ses compagnons se trouvaient dans un bunker situé à dix mètres de celui de Raymond Bertels. Ils ont été grièvement blessés. Bertels, élevé dans une famille protestante profondément croyante, n’a pas hésité. « J’ai dit à Dieu : « Dieu, vous êtes le maître de ma vie, que votre volonté soit faite. Mais j’ai un devoir à remplir. » Et à moi-même :  »Raymond, tu as des couilles, il faut que tu y ailles. » Je ne voulais pas abandonner mes hommes. Et Dieu n’a pas voulu de moi », rigole-t-il.

Raymond Bertels est choqué en rentrant dans le blockhaus. « Je ne comprenais pas que la jambe et le pied de Georges tenaient toujours. » Dossche hurlait. « J’ai eu très peur, se rappelle-t-il. Lorsque je suis revenu à moi, j’étais à l’hôpital, entre les tabliers blancs. » Sous une pluie de grenades, Bertels avait hissé Dossche sur son dos, descendu 40 mètres – ils se battaient dans la montagne coréenne – et l’avait déposé dans une Jeep. Bertels a sauvé les deux autres Belges de la même façon. « Je tremblais sur mes jambes. Je me suis installé derrière une mitrailleuse et j’ai tiré, tiré, tiré. Sur rien… » Raymond Bertels souhaitait faire carrière dans l’armée et a mené des études de sous-officier à l’école militaire de Brasschaat. En janvier 1952, après deux ans de formation, il part en Corée, où la guerre avait éclaté le 26 juin 1950. Il voulait se distinguer pour devenir officier et a participé aux missions les plus dangereuses. Georges Dossche s’est également enrôlé en 1952, à 20 ans, après deux ans de formation également, notamment à Marche-les-Dames. Il a d’abord été tireur dans le peloton de reconnaissance. « Je suis parti à la guerre pour quitter la mine. Pas pour aller tuer et certainement pas pour jouer au héros contre les communistes. A 15 ans, j’ai été blessé lors d’un éboulement. J’ai tenu le coup encore quatre ans, mais j’avais peur. Lorsque mon père est décédé, je me suis enrôlé. Je pensais : il vaut mieux mourir en Corée que dans la mine.

S.D.

Lire l’intégralité de l’enquête dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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