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Geert Wilders, un leader d’extrême droite opportuniste, selon son frère

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Geert Wilders, le chef du parti d’extrême droite néerlandais, le Parti poule la Liberté (PVV), est connu pour ses positions radicales à l’encontre de l’islam. Paul Wilders, son frère aîné, en dresse aujourd’hui un portrait étonnant dans les colonnes du  » Spiegel « .  » Son succès en politique est le début et la fin de son bonheur « , affirme-t-il.

Le 15 mars prochain, les Néerlandais se rendront dans les urnes pour les élections législatives qui doivent désigner leur nouveau gouvernement, ainsi que leur Premier ministre. Durant la campagne électorale, Geert Wilders, 53 ans, s’est notamment fait remarquer par ses prises de position virulentes contre l’islam. Selon les derniers sondages, son parti est à égalité avec le parti libéral (VVD) de Mark Rutte, après avoir caracolé en tête pendant de nombreux mois. Lors du lancement officiel de sa campagne, il s’en était pris aux Marocains des Pays-Bas, en qualifiant certains de « racaille ».

S’il parvient au poste de Premier ministre, Geert Wilders a promis, entre autres, l’interdiction de la vente des corans, la fermeture des mosquées et des écoles coraniques, le rétablissement du contrôle aux frontières et l’interdiction de l’entrée de migrants en provenance de pays musulmans.

Même si le pays de 17 millions d’habitants est connu pour sa tolérance, la vie politique aux Pays-Bas a connu des actes de violence. L’ancien chef de file de l’extrême droite Pim Fortuyn a été assassiné en pleine rue en 2002, juste avant les élections législatives. Deux ans plus tard, le réalisateur controversé Theo Van Gogh a été tué par un extrémiste islamiste.

Pour Paul Wilders, son frère Geert est totalement coupé du monde réel, contrairement à ce qu’il prétend être : le candidat du peuple. « Il n’y a pas d’homme politique qui ait moins de contact avec le peuple que Geert. Il ne peut pas faire un seul pas dans la rue. Depuis 12 ans (et l’assassinat, en 2004 de Theo Van Gogh), il vit avec sa femme (Krisztina Marfai Arib, une diplomate hongroise) dans un lieu tenu secret », raconte son frère, selon les propos traduits par Francetvinfo.fr.

Soumis à de nombreuses menaces de mort lui-même, Geert Wilders vit sous la protection permanente de ses gardes du corps. « Le monde de Geert est devenu très petit: (il est constitué) du Parlement, des réunions publiques et (de) son logement. Il ne peut aller nulle part. Il est socialement isolé. Il se coupe de la vie quotidienne normale. Cela n’est bon pour aucun être humain », affirme son frère.

Dans la famille Wilders, on ne parle pas de politique. « C’est un sujet tabou », affirme Paul. « Chacun sait que si nous entamons une discussion avec lui, il s’en ira et nous ne le reverrons plus jamais. Il coupera alors toutes les relations. »

Il dresse également le portrait d’un jeune déjà hors norme. « C’était une calamité. (Il était) égocentrique et agressif », raconte Paul. « Même à l’adolescence, il se montrait déjà extrême. Il a une vision étriquée des choses. Pour lui, il n’y a pas de compromis. » Il n’avait pourtant à l’époque pas d’idée xénophobe. Lorsqu’il a commencé à s’intéresser à la politique, Geert n’était ni de gauche, ni de droite, selon son frère.

Il se serait donc forgé ses convictions extrémistes par opportunisme. « Il a compris qu’il y avait un vide dans le paysage politique. Il s’est donc présenté comme un adversaire de l’islam ». « C’est un maître des messages courts, que recherchent de nombreuses personnes dans l’époque complexe que nous traversons. Ils recherchent une vision politique simple et sans nuances. Geert la leur donne. Il procure une identité: nous, le peuple néerlandais. Il fournit les éléments (présentés comme) s’y opposant: les musulmans, l’UE, les élites. »

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