Theresa May © REUTERS

GB : Theresa May lance une réforme controversée de l’enseignement

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Theresa May veut réformer l’enseignement secondaire britannique. Elle souhaite un système éducatif, jugé élitiste, basé sur la  » méritocratie « . Au risque de creuser encore plus les inégalités ?

La Première ministre britannique Theresa May a décidé de s’attaquer à une réforme délicate de l’enseignement, qui divise jusqu’au sein de son parti. Aucun gouvernement n’a osé toucher à ce sujet depuis près de deux décennies.

Les « grammar schools », ces écoles sélectives

Deux types d’écoles secondaires coexistent au Royaume-Uni : les grammar schools (lycées publics typiquement anglais), qui fonctionnent sur le principe de la sélection des meilleurs élèves, et les comprehensive schools (lycée public général), ouvertes à tous et sans sélection.

Les grammar schools, basées sur les aptitudes scolaires des élèves, permettent un enseignement de qualité sans avoir à passer par le privé. Mais ces « écoles sélectives » sont bien souvent critiquées pour leur élitisme et accusées de creuser les inégalités en favorisant les enfants dont les parents peuvent payer des cours privés pour préparer l’examen d’entrée. Les chiffres montrent d’ailleurs que les enfants issus de milieux pauvres y sont sous-représentés.

Les défenseurs de ce type de système, dont la Première ministre britannique fait partie, pensent au contraire que cela permet d’encourager et de renforcer la méritocratie, les élèves recevant une meilleure éducation, basée sur le mérite plutôt que sur les moyens financiers des parents.

Promouvoir la « méritocratie »

Concrètement, Theresa May souhaite lever l’interdiction d’ouvrir de nouvelles grammar schools. Le nombre de ce type de lycée avait en effet été gelé à 163 (sur 3000 établissements secondaires) en 1998 par le Premier ministre Tony Blair. Cette annonce de réforme, vue comme une révolution dans l’éducation, a fait couler beaucoup d’encre, chacun y allant de son édito dans la presse britannique.

La Première ministre est convaincue que trop d’enfants issus de milieux défavorisés, incapables financièrement de s’offrir l’enseignement privé, ont été privés d’une meilleure éducation à cause de cette interdiction « dogmatique et idéologique ». Son but ? « Propulser des enfants brillants issus des milieux modestes ».

Theresa May veut, notamment avec cette réforme de l’éducation, promouvoir « la méritocratie » et offrir « de meilleures chances aux gens ordinaires issus de la classe ouvrière ». Mais ne risque-t-elle pas de creuser encore plus les inégalités ? C’est ce que pensent les membres de l’opposition, ainsi qu’une partie des parlementaires de son propre parti conservateur, mettant en question la viabilité du projet.

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