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GB: remous persistants après la décision de la Haute Cour sur le Brexit

La ministre de la Justice britannique a appelé samedi au respect de l’institution judiciaire après les attaques qui ont visé la Haute Cour de Londres et sa décision d’accorder au Parlement un droit de vote sur le Brexit.

Les trois juges de la Cour ont infligé un sérieux revers au gouvernement conservateur de Theresa May en estimant jeudi que les députés devaient se prononcer sur le déclenchement du processus de sortie de l’Union européenne.

Cette décision a suscité la colère de certains « Brexiters » inquiets des complications qu’elle pourrait entraîner dans la mise en oeuvre du divorce avec l’UE, mais aussi d’une partie de la presse eurosceptique, le tabloïd Daily Mail n’hésitant pas à présenter les trois magistrats comme des « ennemis du peuple ».

Devant la violence des attaques, plusieurs responsables politiques ont réclamé une intervention du gouvernement.

« Il est temps qu’on y mette le holà, il est temps qu’on dise +pas en mon nom+ », a estimé l’ancienne secrétaire d’Etat conservatrice Anna Soubry dans le Guardian.

Le barreau d’Angleterre et du pays de Galles a également « condamné » samedi matin les « attaques graves et injustifiées » contre les juges et regretté l’absence de réaction de la ministre de la Justice, Liz Truss.

Ses services ont publié quelques heures plus tard un bref communiqué: Sans dénoncer directement les attaques, la ministre défend l’institution judiciaire en soulignant que son « indépendance est la fondation » sur laquelle repose l’Etat de droit.

Des élections anticipées?

Cet énième rebondissement depuis le référendum sur l’UE du 23 juin est un nouvel écueil pour Theresa May, qui avait clairement fait savoir qu’elle activerait d’ici à la fin mars l’article 50 du Traité de Lisbonne, qui lance la procédure de divorce avec l’UE, sans passer par la case Parlement.

Combatif, l’exécutif a immédiatement annoncé qu’il ferait appel devant la Cour suprême, Mme May affirmant dans la foulée qu’elle gardait son calendrier « inchangé », au cours de conservations téléphoniques avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande.

Reste que la décision de la Haute Cour, si elle est confirmée par la Cour suprême, risque de provoquer des débats parlementaires à rallonge susceptibles de ralentir significativement la mise en oeuvre du Brexit et de peser sur les négociations entre Londres et Bruxelles.

Signe de la tension ambiante, le député conservateur Stephen Phillips, partisan d’un rôle accru du Parlement dans le dossier, a annoncé sa démission en évoquant des « désaccords politiques inconciliables avec le gouvernement ».

Ce départ, notait samedi le quotidien conservateur The Telegraph, « met Theresa face à un défi politique qui s’ajoute à la crise constitutionnelle dont elle a hérité » en prenant les commandes du gouvernement après le référendum du 23 juin.

Et c’est finalement sans surprise que la question d’éventuelles élections législatives anticipées a rejailli ces dernières 48 heures, une hypothèse désormais « ouvertement discutée » au sein du gouvernement, selon le Telegraph.

« Le problème, c’est qu’il y a une majorité de pro-Brexit dans le pays et une majorité de pro-maintien (dans l’UE) au Parlement », a résumé un membre du gouvernement cité par le journal, sous le couvert de l’anonymat.

« Etant donné le jugement de la Cour et la possibilité que nous ne gagnerons pas en appel, a-t-il ajouté, je suis ouvert à l’idée d’élections anticipées », qui pourraient permettre au gouvernement de renforcer son emprise sur le Parlement.

Du côté de l’opposition, le chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn a estimé samedi que le jugement de la Haute Cour soulignait « la nécessité pour la Première ministre de présenter sans attendre » devant le Parlement sa stratégie pour la sortie de l’UE.

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