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Gaza: « Il n’y a plus de civils, tirez sur tout ce qui bouge »

Le Vif

A Gaza, durant l’été 2014, des soldats israéliens ont reçu l’ordre de tirer sur tout ce qui bouge. Cela a couté la vie à des centaines de civils palestiniens. C’est ce qui ressort du rapport de Breaking the Silence, une organisation d’anciens militaires israéliens. Il est basé sur une centaine de témoignages de soldats actifs lors de l’opération « bordure protectrice ».

Breaking the silence (rompre le silence), une ONG qui regroupe des anciens combattants de Tsahal, a rassemblé plus de cent témoignages et interviewé près de 60 soldats de divers corps et grades. Un quart des témoignages provient d’officiers. Le plus haut grade étant celui de major. La matière reprise dans ce rapport a été recoupée et soumise à la censure militaire comme l’exige toute publication liée à la sécurité nationale précise Le Monde.

Lors de l’opération « bordure protectrice » qui eut lieu entre le 8 juillet et le 26 août 2014, des soldats israéliens ont envahi des quartiers de Gaza avec l’idée que ces derniers avaient été désertés par les civils. L’armée avait auparavant distribué par les airs des flyers, envoyé des SMS et téléphoné à domicile pour prévenir les habitants. Ceux qui restaient n’étaient donc, de facto, plus considérés comme des civils, mais bien comme des cibles. Or de l’aveu même des militaires sur place lors de l’invasion, il n’était pas rare de croiser des civils. Parfois même des groupes de 40 personnes. Ce qui va rapidement diffuser parmi les troupes le sentiment d’être trahi par leur hiérarchie.

Tous les témoignages sont globalement similaires précise Avihai Stollar, de Breaking the Silence. « Le commandement leur avait dit qu’il ne restait plus aucun civil présent et qu’ils pouvaient donc directement ouvrir le feu s’ils apercevaient quelqu’un ». Car, comme le stipulait la hiérarchie militaire, « tout doute est un risque ». Il suffisait qu’une personne regarde par une fenêtre pour que celle-ci soit considérée comme une cible. C’est la première fois qu’un tel ordre était donné. Pour Stollar, cet ordre a provoqué la mort de plusieurs centaines d’innocents.

Par ailleurs plus de 22.000 grenades auraient été tirées par des tanks israéliens sur Gaza. C’est quatre fois plus que lors de la précédente opération. Des parties de la ville qui avaient été abandonnées par les habitants furent rasées pour « stériliser » l’endroit ou encore simplement « dégager la vue ». Parfois, certains chars tiraient simplement pour « faire sentir la présence israélienne » précise encore Le Monde.

L’opération « bordure protectrice » entrainera dans son sillage des dégâts matériels et humains sans précédent. Durant l’été 2014, on a dénombré, dans la bande de Gaza, 2.200 tués et plus de 10.000 blessés. 66 soldats israéliens y ont aussi perdu la vie.

Avec son rapport, Breaking the Silence espère ouvrir le débat en Israël sur l’attitude de l’armée. L’ONG en appelle aussi à une enquête indépendante. Car malgré les 13 enquêtes pénales ouvertes par le parquet général militaire (MAG), la confiance envers une justice interne à l’armée est limitée au vu des investigations peu convaincantes lors des conflits antérieurs.

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