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France: Valls et Peillon abattent leurs cartes et insistent sur l’Europe

Le Vif

Les anciens Premier ministre français Manuel Valls et ministre de l’Education Vincent Peillon ont dévoilé mardi matin leurs programmes en vue de la primaire de la gauche, convergeant sur la nécessité de raviver l’Europe.

Proposer pour ne pas être le candidat du bilan, avec un « droit d’inventer » plutôt qu’un délicat droit d’inventaire à la Lionel Jospin: le « projet » de Manuel Valls insiste sur les propositions européennes et se pose en garant d' »une République forte et d’une France juste », son nouveau slogan. Se faisant l’adversaire du « déclinisme » à la française et du sentiment d’impuissance qui traverse selon lui la société, l’ex-Premier ministre veut que les Français « reprennent la main ». Cela passe par plusieurs chantiers au niveau européen: une « conférence de refondation » de l’Union européenne actant une « pause » dans l’élargissement et un non définitif à l’entrée de la Turquie.

Mais aussi un salaire minimum dans chaque pays européen correspondant à au moins 60% du salaire médian, un niveau maximum mais surtout minimum d’impôt sur les sociétés au sein des 27 pour éviter le dumping fiscal, une taxe sur les produits importés qui ne respectent pas les obligations sociales ou environnementales, ou encore le fait de taxer les géants du numérique là où est réalisé leur chiffre d’affaires. Autre message aux institutions européennes: s’il l’emporte, Manuel Valls compte respecter la règle des 3% du PIB maximum pour le déficit public, mais il n’est pas question pour lui de viser l’équilibre budgétaire à la fin du quinquennat.

Le candidat le justifie par ses priorités fixées: la défense (objectif de 2% du PIB en 2025), la sécurité (création d’au moins 1.000 postes de forces de l’ordre par an, 2,5 milliards d’investissement en matériel), la justice (10.000 nouvelles places de prison), l’éducation (hausse du salaire des enseignants), la recherche (1 milliard pour les universités) et le financement d’un « revenu décent » porté à environ 800 euros par mois pour les plus modestes. Manuel Valls a par contre fermé la porte à une possible adhésion de la Turquie à l’Union européenne. « La Turquie n’a pas vocation à entrer dans l’Union européenne », a-t-il commenté lors de la présentation de son programme. Pas de rupture consommée avec le quinquennat écoulé mais un fort accent européen pour se détacher: le programme de Vincent Peillon reflète la position centrale à gauche revendiquée par l’ancien ministre de l’Education.

Symbole contesté des années Hollande, la loi travail ne serait ainsi pas abrogée par M. Peillon, mais tout de même fortement amendée en revenant sur l’inversion de la hiérarchie des normes, essence de la mesure qui a enflammé le printemps 2016. Mais le pivot de sa politique est la place accordée à une « stratégie européenne offensive et affirmée », plaidant pour « un new deal européen » impulsé par la relance du « moteur franco-allemand ». Au volet économique, M. Peillon prévoit la création d’un « budget de la zone euro pour soutenir l’activité et l’emploi » ou encore un plan d’investissement européen de « 1.000 milliards d’euros ». Et sur la crise migratoire, l’Europe ouvrira un « corridor humanitaire » et assumera « l’accueil des réfugiés ». La création d’un « fonds européen de défense et de sécurité » permettrait aussi de mutualiser certains coûts tout en augmentant le poids diplomatique de l’UE.

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