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France : Martine Aubry inculpée pour « homicides involontaires »

L’ancienne patronne des socialistes français, Martine Aubry, a annoncé mardi soir avoir été inculpée pour « homicides et blessures involontaires » dans le cadre d’une des enquêtes sur le drame de l’amiante, pour des faits remontant à plus de 25 ans.

La juge d’instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy « a considéré qu’elle devait me mettre en examen pour mes fonctions de directrice des relations du travail il y a 25 ans entre 1984 et 1987 », a déclaré Mme Aubry après sept heures et demie d’audition au pôle santé publique du Tribunal de grande instance de Paris.

« Rien ne justifiait que je sois mise en examen » (inculpée), a estimé la maire de Lille. Elle a indiqué qu’elle avait exposé « point par point » à la juge avoir « toujours fait ce qu'(elle) avait à faire au regard des connaissances de l’époque, notamment en matière de règlements et de contrôle ».

« La justice fait fausse route en s’attaquant à ceux qui ont protégé les salariés et non à ceux qui les ont exposés. Dès demain (ce mercredi) mon avocat déposera une demande en annulation de cette mise en examen », a ajouté Mme Aubry pour qui « tout cela ne peut que se terminer par une annulation. »

Martine Aubry avait été convoquée par la juge d’instruction en sa qualité d’ancienne directrice des relations du travail (DRT) du ministère du Travail entre 1984 et 1987. Peu avant cette audition, la magistrate avait prévenu qu’elle se montrerait « imperméable » à toutes pressions dans sa décision d’inculper ou pas Mme Aubry.

Le caractère cancérigène de l’amiante, massivement utilisée dans le secteur de la construction, est connu depuis les années 1950 mais le premier décret réglementant son usage en France ne date que de 1977 et son interdiction de 1997.

En 2005, un rapport sénatorial avait accablé l’Etat pour sa « gestion défaillante » de ce dossier de l’amiante, jugée responsable par les autorités sanitaires de 10 à 20% des cancers du poumon et qui pourrait provoquer 100.000 décès d’ici à 2025.

Interrogée par les policiers en janvier 2010, Mme Aubry avait plaidé la bonne foi, expliquant que jusqu’en 1994 -année où serait selon elle intervenue la nécessité d’interdire l’amiante-, elle était convaincue que les décrets de 1977 et 1987 permettaient de protéger efficacement la santé des salariés.

Lundi soir, une des parties civiles a abondé dans son sens, estimant que le dossier ne permettait pas actuellement de prouver une responsabilité pénale individuelle de Mme Aubry.

Levif.be, avec Belga

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