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France: les écologistes refusent de participer au gouvernement Valls

Le Vif

Le nouveau Premier ministre français Manuel Valls, apôtre du social-libéralisme nommé dans l’urgence après la débâcle des élections municipales, a pris ses fonctions mardi après-midi, en affirmant sa volonté de « poursuivre et amplifier » le travail de son prédécesseur.

Les écologistes d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ont annoncé mardi qu’ils refusaient de participer au nouveau gouvernement dirigé par le socialiste Manuel Valls, fragilisant la majorité de gauche en France.

« Malgré les propositions faites par Manuel Valls, les conditions en l’état ne sont pas réunies pour qu’Europe Ecologie-Les Verts participe au gouvernement », a déclaré la secrétaire nationale du parti, Emmanuelle Cosse. « Nous serons des partenaires vigilants et présents pour que cette transition s’incarne dans des mesures d’ampleur », a-t-elle ajouté.

Les relations de Manuel Valls avec les écologistes sont notoirement mauvaises: ceux-ci se sont plusieurs fois opposés à lui, notamment en matière de sécurité et d’immigration ou concernant les expulsions de Roms.

L’absence de ministres écologistes fragilise la majorité de gauche née en 2012 après la défaite présidentielle de Nicolas Sarkozy, et ouvrirait un nouveau foyer de contestation pour le chef de l’Etat François Hollande.

Manuel Valls a pris ses fonctions

Manuel Valls, dont l’équipe gouvernementale sera annoncée mercredi, a succédé à Jean-Marc Ayrault, socialiste comme lui, avec la mission fixée par le président François Hollande de concilier réduction des déficits et diminution des impôts, sous l’oeil de Bruxelles.

« Le président de la République a tracé une feuille de route pour aller encore plus loin, plus vite » dans la voix du redressement, a déclaré M. Valls dans la cour de l’Hôtel Matignon au côté de M. Ayrault, lors d’une brève cérémonie de passation de pouvoir. Il s’est engagé à « prolonger et amplifier l’énorme travail déjà accompli », tout en répondant à la « demande de justice sociale » qui s’est exprimée lors des élections municipales.

« Coup de barre à droite »

L’arrivée de l’ancien ministre socialiste de l’Intérieur, connu pour sa fermeté et son franc-parler, menace de faire voler en éclat la majorité présidentielle. Les écologistes, qui goûtent peu le profil de « socialiste de droite » de M. Valls, ont en effet prévenu qu’ils ne participeraient pas au gouvernement si leur demande de changement de cap politique n’était pas entendue.

La gauche du Parti socialiste a également exprimé ses réserves devant une nomination synonyme selon le député Henri Emmanuelli d’un « coup de barre à droite ».

Gouvernement de combat

Manuel Valls, 51 ans, a été nommé lundi par le chef de l’Etat pour diriger un « gouvernement de combat » chargé de mettre en oeuvre le « pacte de responsabilité », pierre angulaire de sa politique économique qui prévoit une baisse des charges des entreprises pour relancer l’emploi.

M. Hollande a souligné que le nouveau Premier ministre aurait la difficile mission de « convaincre » la Commission européenne d’être patiente et souple sur la maîtrise des déficits, alors que la politique de rigueur mise en place par les socialistes contribue largement à leur impopularité.

La feuille de route du nouveau gouvernement a tout de la quadrature du cercle puisqu’il s’agira de concilier réduction du déficit public et diminution des impôts. L’exécutif prévoit en effet une baisse de 30 milliards d’euros des charges pour les entreprises dans le cadre du « pacte de responsabilité » et une baisse des cotisations salariales dans le cadre d’un « pacte de solidarité ». Il a également évoqué une diminution des impôts pour les Français d’ici 2017.

Le président avait annoncé en janvier 50 milliards d’euros d’économies d’ici à 2017, qui doivent être détaillées en avril, Paris devant transmettre à la fin du mois à la Commission européenne son programme de stabilité actualisé.

Les marchés rassurés ?

Mardi, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a prévenu le nouveau Premier ministre qu’il devait continuer les réformes pour réduire le déficit budgétaire et renforcer la compétitivité du pays.

L’arrivée de M. Valls devrait rassurer les marchés qui, selon des analystes de Société Générale CIB, anticipent une politique social-démocrate bénéfique pour la dette française.

Les spéculations allaient bon train mardi sur les personnalités en vue pour les postes-clés du nouveau gouvernement. Parmi les entrants, est cité le nom de Ségolène Royal, candidate à la présidentielle de 2007 et ex-compagne du président, peut-être pour prendre un ministère élargi de l’Éducation. Un fidèle de M. Hollande, François Rebsamen, pourrait s’occuper de l’Intérieur, un poste qu’il souhaitait en 2012.

Laurent Fabius était en général donné comme reconduit aux Affaires étrangères, ainsi que le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian reçu mardi matin par le futur chef de gouvernement.

Les deux ex-ministres verts Cécile Duflot et Pascal Canfin ont annoncé ne pas vouloir participer au nouveau gouvernement. Mais Manuel Valls a reçu mardi matin une délégation d’Europe Ecologie-Les Verts, à laquelle il a affirmé son engagement d’oeuvrer à la transition énergétique et à la justice sociale, selon l’entourage du Premier ministre.

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