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France : le terroriste Carlos devant ses juges

Ilich Ramirez Sanchez, alias le Chacal, l’un des mythes du terrorisme international des années 70 et 80, comparaît trente ans après les faits devant la cour d’assises spéciale de Paris pour quatre attentats qui ont fait en 11 morts et 150 blessés. .

Carlos « Le Chacal », 62 ans, de son vrai nom Ilich Ramirez Sanchez, comparaît trente ans après les faits devant la cour d’assises spéciale de Paris pour quatre attentats qui ont fait en 11 morts et 150 blessés. Dans un entretien publié dimanche à Caracas, Carlos a revendiqué pour la première fois plus d’une centaine d’attaques qui ont fait entre 1500 et 2000 morts.

Interpellé au Soudan en août 1994, ce ressortissant vénézuélien n’a pas quitté depuis les prisons françaises. Reconnu coupable en 1997 à l’issue d’un premier procès du meurtre en 1975 à Paris de trois hommes, dont deux policiers, il a déjà été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Incarcéré à la prison parisienne de la Santé, le détenu a accordé ces dernières semaines deux interviews qui lui ont valu d’être placé à l’isolement. Après une grève de la faim de dix jours, l’Administration pénitentiaire l’a finalement autorisé à regagner sa cellule.

« Mise en spectacle artificiel »
À partir de lundi et jusqu’au 16 décembre, Ilich Ramirez Sanchez aura face à lui une cour d’assises spécialisée dans le jugement « d’actes de terrorisme » et composée de sept magistrats professionnels. Sa défense en conteste la compétence, qualifiant cette comparution de « mise en spectacle artificiel, destinée à tromper l’opinion publique ».

Il est accusé de complicité dans quatre attentats. Selon l’accusation, le mobile de cette campagne qui aurait été orchestrée par Carlos était d’obtenir la libération de sa compagne allemande Magdalena Kopp et du Suisse Bruno Bréguet, tous deux membres de son groupe.

Kopp et Bréguet avaient été arrêtés à Paris en février 1982 avec des armes et des explosifs. Quelques jours plus tard, un courrier au ministre de l’Intérieur réclamait leur libération « dans un délai de trente jours », ultimatum assorti de « menaces de guerre » contre la France. Les empreintes digitales de Carlos étaient identifiées sur le document.

Un mois plus tard, le 29 mars 1982, une bombe explosait dans un train Paris-Toulouse faisant 5 morts et 28 blessés.

Trois autres « camarades » Le jour où débutait le procès de Kopp et Bréguet, le 22 avril, l’explosion d’une voiture piégée devant le siège du magazine Al Watan Al Arabi, rue Marbeuf à Paris, tuait une personne et en blessait 66.

Les deux autres attentats commis le 31 décembre 1983 à la gare Saint-Charles de Marseille (2 morts et 33 blessés) et contre un TGV Marseille-Paris à Tain-L’Hermitage (3 morts et 12 blessés) sont intervenus alors que les deux « camarades » purgeaient leur condamnation à quatre et cinq ans de prison.

LeVif.be avec L’Express.fr

Carlos,parcours d’un terroriste

1949 Naissance au Venezuela d’Ilitch Ramirez Sanchez, fils d’un riche avocat soviétophile de Caracas.

1968 Part suivre, à Moscou, les cours de l’université Patrice-Lumumba.

1970 Rejoint le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) en Jordanie, où il participe aux combats entre les fedayins et l’armée du roi Hussein.

1973 Débute sa carrière de terroriste à Londres, blessant grièvement le frère du patron de Marks and Spencer, issu d’une grande famille juive britannique.

1974 août. Participe à Paris aux attentats contre « L’Aurore », « Minute », « L’Arche » (quelques blessés légers).

Septembre. Supervise la prise d’otages de l’ambassade de France à La Haye par un commando de l’Armée rouge japonaise. Pour « débloquer la négociation », il lance 1 grenade dans le drugstore Saint-Germain, à Paris (2 morts, 34 blessés).

1975 juin. Tire sur 3 policiers de la DST venus l’interroger dans un appartement de la rue Toullier, à Paris (2 seront tués). Puis assassine l’un de ses complices libanais, qui les avait conduits jusqu’à sa « planque ». C’est pour ces faits – où sa responsabilité directe est prouvée – que la justice française le poursuit en premier et l’a condamné par contumace, en 1992, à la réclusion à perpétuité.

Décembre. Investit les locaux de l’Opep à Vienne (3 morts) et prend en otages 11 ministres du Pétrole. Ils seront relâchés par le commando, à Alger, après le paiement d’une énorme rançon.

1978 S’écarte de la section des opérations extérieures du FPLP après la mort de son grand patron, Waddi Haddad, et fonde son propre groupe, l’Organisation de la lutte armée arabe. Principaux points d’appui en Europe: Berlin-Est, Bucarest – pour le compte de la Securitate, il fait sauter le siège bavarois de Radio Free Europe, en 1981 – et surtout Budapest.

1982 janvier. La France à nouveau dans la cible: tir de 5 roquettes contre le chantier de la centrale nucléaire de Creys-Malville.

Février. Envoie à l’ambassade de France à La Haye une lettre, authentifiée par ses empreintes, exigeant la libération de l’Allemande Magdalena Kopp (sa compagne, rescapée de la Fraction Armée rouge) et du Suisse Bruno Bréguet (son bras droit), qui viennent d’être arrêtés à Paris en possession d’explosifs. Des menaces, il passera vite aux actes.

Mars. Une bombe explose à bord du train Paris-Toulouse, le Capitole, peu avant l’entrée en gare de Limoges (5 morts, 27 blessés).

Avril. Le jour où s’ouvre le procès de Kopp et de Bréguet, attentat de la rue Marbeuf, à Paris, devant le siège d’un journal arabe hostile à la Syrie (1 mort, 63 blessés).

1983 août. Attentat contre la Maison de France, à Berlin-Ouest (1 mort, 23 blessés).

Décembre. Double attentat, en pleine nuit de la Saint-Sylvestre, visant le TGV Marseille-Paris et la gare Saint-Charles, à Marseille (5 morts, 50 blessés). La même nuit, au Liban, l’Organisation de la lutte armée arabe fait sauter le centre culturel français de Tripoli.

1985 Libérée par la justice française, Magdalena Kopp le rejoint à Damas. Le couple – qui a eu une fille, Elbita – semble couler des jours tranquilles dans le quartier chic de la capitale syrienne. La traque de l’ennemi public n° 1 continue…. jusqu’à son interpellation au Soudan en août 1994. depuis Ilich Ramirez Sanchez n’a pas quitté les prisons françaises. Reconnu coupable en 1997 à l’issue d’un premier procès du meurtre en 1975 à Paris de trois hommes, dont deux policiers, il a déjà été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

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