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France : le premier mariage gay sous haute tension

Le Vif

Près de 4000 personnes sont attendues ce mercredi sur l’esplanade de la mairie pour célébrer le premier mariage homosexuel en France. Un casse-tête pour les autorités qui doivent sécuriser un évènement hautement symbolique.

Montpellier a beau avoir été élue la ville la plus « gay friendly » par le magazine Têtu, le premier mariage homosexuel ne devrait pas être une balade de santé pour les forces de l’ordre. Près de 4000 personnes – militants ou curieux – sont attendues ce mercredi après-midi sur l’esplanade de la mairie pour assister à l’union de Vincent et Bruno, célébrée à 17 heures par Hélène Mandroux. Sans compter les antis qui ne comptent pas en rester là.

Aucune déclaration de manifestation n’a été déposée, mais les autorités s’attendent à de nombreuses actions. « Nous savons d’ores et déjà que le collectif ‘Huons les ministres’ et les ‘mères veilleuses’ ont prévu de venir, mais d’autres groupuscules que nous n’avons pas encore identifiés pourraient se greffer », confirme Frédéric Loiseau, directeur de cabinet du préfet de l’Hérault. Selon lui, au moins une centaine d’opposants pourrait prendre part aux événements.

Manifestants: « Ce n’est pas le nombre qui nous inquiète, mais leur virulence »

Nombre d’entre eux ont déjà fait entendre leurs voix mardi soir, lors d’un rassemblement place de la préfecture. « On est dans un rapport de force avec le gouvernement, explique Marc, 64 ans. On continuera tant qu’il le faut pour dénoncer cette mascarade du mariage gay. » Se mettent-ils à la place des mariés? « Je ne considère pas cela comme un mariage, mais plutôt comme un acte politique d’un couple qui veut faire de l’homosexualité une norme. Je ne le vis pas comme une forme de violence », tempête Pascal, à la tête d’une famille de six enfants.

La plupart des personnes présentes sur place affirment qu’elles le seront également le Jour J. « J’ai fait toutes les manifestations à Paris et à Montpellier, je ne vais pas m’arrêter là », assure Claire, 27 ans, emmitouflée dans son pull rose bonbon à l’effigie de la Manif pour tous. Quelles formes prendront ces actions? Des chants et des prières comme mardi soir? Bien briefés, les manifestants restent énigmatiques sur la teneur des événements. « On verra le moment venu », lâche Louis, 38 ans, père de cinq enfants.

Les manifestants montpelliérains ont beau être d’ordinaire plutôt calmes – aucune interpellation n’a eu lieu dans la ville depuis le début des débats – les forces de l’ordre ont en tête les débordements en marge des manifestations parisiennes. « Ce n’est pas tant le nombre qui nous inquiète, mais plutôt leur virulence », explique Frédéric Loiseau, directeur de cabinet du préfet. Il craint notamment que certains extrémistes fassent le déplacement de Paris ou de Lyon pour gâcher la fête.

Le vin d’honneur annulé pour des raisons de sécurité

Dans le doute, la préfecture a annulé le vin d’honneur que devait offrir la mairie aux personnes présentes. Idem pour les écrans géants initialement prévus pour permettre à la foule de suivre la cérémonie. « Ces mesures de prévention ont été prises de concert avec la mairie et les futurs époux. Elles nous évitent de mettre en place un dispositif de sécurité trop ostentatoire », explique Frédéric Loiseau. Tout de même: plusieurs dizaines de policiers – en uniforme et en civils – sont mobilisés pour cette après-midi. Et un contingent en réserve au cas où les événements tournent au vinaigre. « Il n’y aura pas de tireurs d’élite comme on a pu l’entendre, mais certains policiers seront sur des ‘points hauts’ pour surveiller les mouvements de foule », précise-t-il.

« Évidemment ce n’est pas exactement ce que nous imaginions, concède le futur marié Vincent Autin. Mais nous comprenons très bien ces impératifs de sécurité. On ne va pas mettre la vie des gens en danger juste pour notre plaisir ». Malgré tout, les mariés qui tenaient absolument à partager cet événement avec les militants et à rendre hommage à tous ceux qui se sont battus pour la cause devraient s’offrir un bain de foule avant de se retrouver devant Madame le maire.

Caroline Politi

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