Jean-Luc Mélenchon lors de son meeting à Marseille, le dimanche 9 avril 2017 © AFP

France : La percée de Mélenchon dans les sondages inquiètent les marchés financiers

Le Vif

La percée du tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon dans les sondages polarise les attaques de ses adversaires et préoccupe les marchés financiers, à 11 jours du premier tour de l’élection présidentielle en France, au résultat très incertain.

En hausse constante depuis le premier grand débat télévisé du 20 mars, le chef de la « France insoumise » s’est hissé au coude à coude avec le candidat de la droite François Fillon (environ 18%), à six points du duo de tête constitué par la dirigeante d’extrême-droite Marine Le Pen et le centriste Emmanuel Macron, selon les derniers sondages.

Pierre Gattaz, patron des patrons français
Pierre Gattaz, patron des patrons français© Reuters

Compte tenu de la marge d’erreur et du nombre d’indécis, chacun de ces quatre candidats pourrait se qualifier pour le second tour de la présidentielle. « On est à un moment historique du pays », a déclaré mardi le président du Medef (patronat français) Pierre Gattaz, mettant en garde contre « les apprentis sorciers de l’économie » que sont, à ses yeux, M. Mélenchon et Mme Le Pen.

Il s’est notamment inquiété du scénario Mélenchon « qui se rapprocherait de Chavez au Venezuela » – une comparaison reprise mercredi à la Une du journal conservateur Le Figaro, avec un dossier sur son projet « délirant » qui pourrait « ruiner la France » et la réduire « à devoir importer du fromage et du vin ».

Nous avons une société ultra-riche remplie de pauvres, un mode de production qui dégoûte tout le monde (…). Mais les élites n’en tirent aucune conséquence. C’est la cour de Versailles qui s’amuse pendant que le peuple meurt de faim. La limite est atteinte et j’en suis le symptôme

Jean-Luc Mélenchon a réagi mercredi en ironisant sur « les pluies de grenouilles, les chars de l’Armée Rouge et le débarquement des Vénézuéliens » prédits par ses adversaires s’il arrivait au pouvoir, les accusant de « perdre leur sang-froid ».

Fort du succès populaire de ses meetings -avec ou sans son désormais célèbre hologramme -, le candidat de 65 ans qui mène une campagne active sur You Tube et Twitter est lui-même persuadé de sa présence au second tour.

« Nous avons une société ultra-riche remplie de pauvres, un mode de production qui dégoûte tout le monde (…). Mais les élites n’en tirent aucune conséquence. C’est la cour de Versailles qui s’amuse pendant que le peuple meurt de faim. La limite est atteinte et j’en suis le symptôme », a affirmé cet ancien ministre socialiste (2000-2002) qui a créé en 2008 son mouvement, le Parti de gauche, allié aux communistes.

Mise en garde de Hollande

Il caracole en tête du tableau de bord mensuel sur la popularité des hommes politiques (68% d’opinions favorables, +22 points en un mois). Un autre sondage le décrit comme « celui qui incarne le mieux les valeurs de la gauche ».

Cet homme sanguin et entier, connu pour son humour et ses coups de gueule, a réussi à se construire au fil de la campagne une image rassurante. Mais il conserve son programme radical: rupture avec les traités européens de l’Europe « libérale », sortie de l’Otan et fin de la « monarchie présidentielle française ».

Un projet qui inquiète, y compris à gauche, alors que le candidat socialiste Benoît Hamon est nettement distancé, à 10% dans les intentions de vote. Le président François Hollande a lancé mercredi une mise en garde sur le « péril » consistant à regarder « le spectacle du tribun plutôt que le contenu de son texte ».

La dynamique du celui qui souhaite une « révolution fiscale » pour taxer à presque 100% les revenus supérieurs à 20 fois le revenu médian, est aussi observée de près par les marchés financiers.

« Un scénario Marine Le Pen/Jean-Luc Mélenchon au second tour, même s’il ne s’agit pas du scénario le plus crédible, alimente une certaine nervosité sur les marchés », a estimé mercredi Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

Après l’effet Marine Le Pen qui avait conduit à une augmentation en février du différentiel de taux avec l’Allemagne, la dynamique de Jean-Luc Mélenchon a fait grimper ces derniers jours les taux des obligations d’Etat françaises, augmentant à nouveau l’écart avec leurs équivalents allemands.

Une récente note de la banque d’investissement Goldman Sachs se penche d’ailleurs sur les effets d’un possible « bon résultat des partis anti-système » au premier tour.

A ce jour, l’hypothèse la plus redoutée des marchés reste cependant Marine Le Pen, en tête des intentions de vote pour le premier tour depuis que le conservateur François Fillon a été détrôné de sa place de favori par ses ennuis judiciaires.

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