Condamnés à de lourdes peines, pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", ils sont plusieurs centaines à être libérables d'ici à 2020. © REUTERS

Fleury-Mérogis : régime d’isolement et de sécurité maximale

Stagiaire

Salah Abdeslam est incarcéré dans la prison française de Fleury-Mérogis. Réputée pour son niveau de sécurité élevé, Fleury-Mérogis a depuis toujours accueilli les détenus considérés comme les plus dangereux de France.

Depuis le mois d’avril 2016, Salah Abdeslam est incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis sous très haute surveillance. Seul dans une cellule de 9m2, il dispose d’un lit, d’un coin cuisine, de sanitaires et d’une télévision sous une plaque de plexiglas. Tout est pensé pour empêcher toute tentative de suicide.

Abdeslam est soumis à un régime d’isolement très strict : aucune communication avec d’autres détenus, nombre d’interlocuteurs très limité et tout contact extérieur contrôlé par l’administration. Les mesures de sécurité sont très élevées pour encadrer chacun de ses mouvements dans le quartier spécifique d’isolement. Il a accès à une petite salle de sport, seul. A la bibliothèque, seul. Et à deux heures de promenade quotidienne, seul.

Chacun de ses faits et gestes est observé par des agents 24H/24, grâce à un dispositif permanent de vidéo-surveillance. On sait ainsi qu’il passe son temps à ranger sa cellule, à prier et à regarder la téléréalité.

Tout voir, tout contrôler. C’est la logique de Fleury-Mérogis.

Prison de haute sécurité

Situés au sud de paris, les cinq blocs de béton de Fleury-Mérogis ont ouvert leurs portes en 1968. Depuis lors, des milliers de détenus ont transité entre ses murs. Des braqueurs célèbres de l’époque du grand banditisme comme Jacques Mesrine, Pascal Payet et Antonio Ferrara, ou encore des tueurs en série comme Thierry Paulin et Michel Fourniret.

La prison de Fleury-Mérogis représente aujourd’hui le plus grand établissement pénitentiaire européen : il accueille plus de 4.300 détenus. Parmi ceux-ci, le nombre de personnes incarcérées pour des faits de terrorisme connaît une hausse importante ces dernières années. Aujourd’hui, plus de 120 détenus sont considérés comme liés à la mouvance terroriste. Placés en régime d’isolement pour la plupart, ils sont désormais suivis par un organe d’évaluation et par un bureau de renseignement.

Un sentiment d’insécurité parmi les agents

La logique sécuritaire maximale qui prévaut à Fleury-Mérogis pèse sur le quotidien des détenus, décuplant le climat de tension de la prison. De plus, la prison connaît une situation de surpopulation alarmante : au mois de janvier, elle accueillait 4310 détenus pour moins de 3000 places. Un facteur qui multiplie tous les maux de l’univers carcéral : violence, agressivité, addictions, manque d’hygiène, … Avec, en conséquence, des conditions de travail extrêmement difficiles pour les agents.

A Fleury-Mérogis, comme ailleurs, les agents ont d’ailleurs récemment bloqué la prison, réclamant plus de sécurité, de personnel et de moyens pour faire face aux difficultés quotidiennes du milieu carcéral.

Fleury-Mérogis, en chiffre :

  • 4310 détenus en janvier 2018 pour une capacité opérationnelle de 2956 places. Cela équivaut à un taux de surpopulation de 145.8%.
  • Une implantation qui s’étend sur 180 hectares et compte un quartier hommes, un quartier femmes (264 détenues) et un centre pour les jeunes (90 mineurs).
  • Un dispositif de sécurité avec des miradors armés, des filets anti-hélicoptères et des caméras de surveillance dans les lieux de passage et de promenade.
  • 1300 surveillants, dont un tiers de femmes, pour veiller en continu sur les détenus. Soit, en moyenne, cela représente donc un agent de surveillance pour une petite centaine de détenus.
  • En cas de difficultés, comme des agressions ou des mutineries, la prison a recours aux interventions des ÉRIS, les équipes régionales d’intervention et de sécurité.

Oriane Renette

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