Des centaines de visiteurs se pressent au Doll Show de Valence, en Espagne. Le plus grand d'Europe. © DIDIER BIZET

Faux bébés, vrai bonheur ?

Le Vif

Les reborns, ces poupées ressemblant à s’y méprendre à des nouveau-nés, sont voués à différents usages, souvent décriés. Un ultraréalisme qui en dérange certains mais en réconforte d’autres.

Avec des détails saisissants tels que taches de naissance, réseau sanguin, cheveux, pores, larmes, etc., les artistes reborneurs internationaux s’attachent à créer de faux bébés, chacun d’eux étant une pièce unique, façonnée à la main. Le réalisme poussé à l’extrême étant ici le principal leitmotiv, certains reborns sont même équipés de systèmes permettant la respiration ou les battements de coeur. En vinyle ou en silicone, leur prix peut atteindre vingt-deux mille euros. Ils sont destinés aux collectionneurs, à des hommes et des femmes en mal d’enfants, mais aussi aux hôpitaux à des fins didactiques – soulager les personnes atteintes d’Alzheimer, former les élèves en pédiatrie… -, et suscitent tant curiosité bienveillante que mépris. Pourtant, l’abondance de salons, d’ateliers et de boutiques en ligne consacrés à la thématique témoigne d’un engouement exponentiel. Depuis les Etats-Unis, où il est apparu dans les années 1990, le phénomène n’a eu de cesse de s’amplifier et de conquérir la planète. C’est que le reborn, malgré son image médiatique négative, apparaît pour beaucoup comme un remède à la solitude, à la difficulté de communiquer autrement que via les réseaux sociaux et remplace, dans certains cas, les traitements traditionnels. Si, pour certains, ils ont l’apparence de bébés morts, pour d’autres, ils sont synonymes d’amour, d’espoir et de bien-être. Pour ceux-là, les faux bébés procurent du vrai bonheur.

Charlotte Vannier

Faux bébés, vrai bonheur ?
© DIDIER BIZET
Le magasin de Maria Valle Escudero est la première boutique d'Espagne dédiée aux faux bébés. Elle y vend également des accessoires tels que des vêtements ou des couffins.
Le magasin de Maria Valle Escudero est la première boutique d’Espagne dédiée aux faux bébés. Elle y vend également des accessoires tels que des vêtements ou des couffins.© DIDIER BIZET
Sur le stand de Cristina Calabuig, la mise en scène est particulièrement soignée.
Sur le stand de Cristina Calabuig, la mise en scène est particulièrement soignée.© DIDIER BIZET
Amanda a 50 ans, est en dépression depuis l'adolescence mais son reborn l'aide à surmonter la maladie. Elle l'emmène dans son studio photo presque tous les jours.
Amanda a 50 ans, est en dépression depuis l’adolescence mais son reborn l’aide à surmonter la maladie. Elle l’emmène dans son studio photo presque tous les jours.© DIDIER BIZET
Les artistes ne comptent pas les heures pour transformer un simple kit en vinyle en un faux bébé ultraréaliste. Rien que pour le visage et les membres, il faut compter minimum trente-cinq heures.
Les artistes ne comptent pas les heures pour transformer un simple kit en vinyle en un faux bébé ultraréaliste. Rien que pour le visage et les membres, il faut compter minimum trente-cinq heures.© DIDIER BIZET
Professeure de pédiatrie à Moscou, Irina a acheté un faux bébé de ses propres deniers et s'en sert pour donner ses cours.
Professeure de pédiatrie à Moscou, Irina a acheté un faux bébé de ses propres deniers et s’en sert pour donner ses cours.© DIDIER BIZET
Certains reborns sont équipés d'appareils permettant d'imiter les battements de coeur, la respiration...
Certains reborns sont équipés d’appareils permettant d’imiter les battements de coeur, la respiration…© DIDIER BIZET
Faux bébés, vrai bonheur ?
© DIDIER BIZET
A Mondeville, en France, ils sont utilisés pour apaiser les patients, notamment ceux atteints de la maladie d'Alzheimer.
A Mondeville, en France, ils sont utilisés pour apaiser les patients, notamment ceux atteints de la maladie d’Alzheimer.© DIDIER BIZET
Au dernier salon de Valence, une maman place sa grande fille à côté d'une poupée
Au dernier salon de Valence, une maman place sa grande fille à côté d’une poupée  » plus jeune « .© DIDIER BIZET

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