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« Faire la fête à Macron », la manifestation qui inquiète

Le Vif

Après les violences qui ont marqué le défilé du 1er mai à Paris, la tenue samedi dans la capitale française d’une manifestation promettant de « faire la fête » au président Emmanuel Macron suscite l’inquiétude de l’exécutif.

L’initiative de cette manifestation avait été lancée le 4 avril par François Ruffin, député du parti La France insoumise (LFI, gauche radicale), et par d’autres participants au mouvement de contestation « Nuit debout », né en 2016.

Elle se veut un rassemblement « pot-au-feu », où chacun est invité à participer avec « ses propres revendications, ses colères mais aussi ses espoirs », pour « faire sa fête à Macron et au monde » que « représente » selon les organisateurs le président français, celui « de la finance » et « du patronat ».

« Ça va être festif et joyeux », assurent les organisateurs. Il y aura notamment « quatre chars », des camions avec plateau, le char « Jupiter », le char « Dracula », le char « Napoléon », avec sur chacun d’entre eux une personne grimée en Macron, enfin un char « Résistance » où les manifestants pourront exposer leurs revendications.

Le gouvernement suit cela d’un oeil inquiet, quelques jours après le défilé du 1er Mai à Paris, perturbée de bout en bout par des violences et destructions commises par environ 1.200 militants radicaux des « black blocs ».

Le préfet de police, Michel Delpuech, a annoncé que 2.000 policiers et gendarmes seraient déployés à Paris samedi.

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, s’est alarmé du titre donné au rassemblement.

« Dans le langage populaire, +faire la fête à quelqu’un+, ça peut avoir une double signification: il y a un côté sympathique et festif, et puis il y a un côté plus violent, +on va lui faire sa fête+ », a expliqué le porte-parole. « Donc, on craint aussi que des violences puissent avoir lieu », a-t-il dit.

A droite, le député du parti Les Républicains, Eric Ciotti a demandé au gouvernement « d’assumer ses responsabilités » et aux organisateurs d’apporter « des éléments » pour éviter une répétition du 1er mai.

– Duel politique –

La crainte est alimentée par le climat social tendu qui règne actuellement en France, secouée par des manifestations et des grèves quasi quotidiennes dans les transports et le blocage de certaines universités. Mais aussi par les relations plus que fraîches entre l’exécutif et le parti de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, qui veut être l’opposant numéro 1 aux réformes du président Macron.

Jeudi, le ton est une nouvelle fois monté entre les deux parties, installant un duel qui occulte tout le reste du spectre politique.

Emmanuel Macron, en déplacement dans le Pacifique, a accusé certains élus de « tenir un discours d’agitation ». « Ils n’ont jamais accepté la défaite », « ils aiment la démocratie quand ils gagnent », a déclaré M. Macron, visant « ceux qui proposent des manifestations, ou des fêtes », sans citer nommément LFI.

M. Mélenchon a répliqué qu’il était « assez indigne » de la part du président « d’assimiler La France insoumise à des violences dont elle a eu à souffrir elle-même » lors de manifestations à l’automne dernier.

Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, a pour sa part accusé M. Mélenchon de reprendre « des méthodes d’extrême droite » avec une manifestation qui, selon lui, « incite à la violence ».

« Nous sommes absolument pour la non-violence, c’est une ligne stratégique », a rétorqué M. Mélenchon, dénonçant un « déchaînement » du parti de M. Macron contre LFI.

« Je ne remets pas en cause l’élection de M. Macron. C’est lui qui n’accepte pas la démocratie », a également déclaré le député LFI François Ruffin.

Les Insoumis ont fait part de leur détermination à ce que la manifestation de samedi se déroule dans le calme.

« La marche du 5 mai doit être (…) le moment de fraternité tranquille dont on a besoin pour cheminer d »un pas ferme sur de longues distances », a écrit M. Mélenchon sur son blog.

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