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Facebook écoute-t-il nos conversations?

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

À en croire Sam Nichols, journaliste pour le site d’informations Vice, certaines applications installées sur notre smartphone, Facebook notamment, écoutent nos conversations dans le but de proposer des annonces publicitaires personnalisées.

Comme le souligne le quotidien De Morgen, il ne s’agit même pas de conversations téléphoniques qui passent par Facebook Messenger, mais de véritables conversations, tenues au café par exemple. Désireux de vérifier cette rumeur qui circule depuis quelque temps sur la Toile, le reporter de Vice a tenté l’expérience.

« Deux fois par jour pendant cinq jours, j’ai essayé de dire une série de phrases qui pourraient théoriquement servir de déclencheurs. Des phrases comme ‘je pense retourner à l’université’ ou ‘j’ai besoin de chemises bon marché pour le travail’. Ensuite, j’ai suivi attentivement tout changement dans les publications sponsorisées de Facebook », raconte-t-il à Vice.

« Les changements sont arrivés littéralement du jour au lendemain. Soudain, on me parlait de cours de mi-semestre dans diverses universités, et certaines marques me proposaient des vêtements bon marché », explique-t-il, se disant véritablement terrifié par sa découverte.

Interrogé par Vice, Peter Henway, conseiller principal en sécurité pour la firme de cyber sécurité Asterix, confirme les constatations de Sam Nichols, même si pour lui le mode de fonctionnement de Facebook n’est pas aussi diabolique qu’il n’y paraît. Il explique qu’il arrive que des extraits audio soient envoyés sous forme cryptée vers les serveurs de Facebook et que ces derniers seraient utilisés pour récolter des données à propos de l’utilisateur du smartphone. Pour lui, à moins que l’on manie des informations sensibles, c’est exactement pareil que d’utiliser l’historique de recherche de l’internaute pour diffuser des annonces.

Rob Heyman, chercheur à la VUB spécialisé en réseaux sociaux, ne croit pas à la rumeur. « Si c’était vrai, le trafic de données de votre smartphone vers les serveurs de Facebook, qui conservent les données, doit être vraiment énorme », explique-t-il au Morgen. Il doute également que beaucoup d’annonceurs aient envie d’être associés à de telles pratiques, perçues comme très inquiétantes par les utilisateurs de smartphone.

Bart de Boer, professeur au VUB Artificial Intelligence Lab estime également que ce serait là un suicide commercial de la part de Facebook, et un scandale plus important encore que Cambridge Analytica. Facebook dément d’ailleurs catégoriquement l’affaire, et affirme qu’il ne conserve que les données récoltées via le compte des utilisateurs.

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